55 ans
Ile de France
27
Femme
Mais que contient ce mot "femme".
Je vous livre ici le texte de la chronique d'Alain Rey de ce matin sur France Inter.
"On ne peut pas trouver plus simple que le mot « femme ».
En finir avec la femme apparemment ce n’est pas pour demain. En matière d’égalité entre les femmes et les hommes, voire de parité, il y a non pas beaucoup à faire, mais quasiment tout à faire.
Les mentalités ont à peine changé, elles sont modelées ces mentalités, y compris celles des femmes d’ailleurs, par les cultures et bien sûr par les langues.
Or, comment les langues traitent-elles les femmes ?
N’insistons pas sur l’anglais « woman » pauvre composé de « man », l’homme ; on nous refait encore le coup de la côte d’Adam et « femme » du latin « femina » honnêtement, c’est édifiant :
En latin « femina » se fut d’abord le nom de la femelle des mammifères et que signifie t-il ce nom ? Physiologiquement et sans nuance « celle qui est sucée ». On sursaute, mais non, c’est bien le radical indo européen signifiant « sucé le lait », téter, qui a donné non seulement le mot « fémina » mais aussi filius et filiatio, fils, filiation ainsi que fecondus, fécond, sans parler du felare qui a produit entre autres et je n’invente rien fellation. Heureusement dans la descendance de cette étrange série, il y a « felix » qui est passé de productif à heureux avec félicitas, le bonheur. Mais, voyez déjà la perversion. Dire « la femme c’est le bonheur » c’est parler macho.
Les dérivés du mot « femme » ne valent pas mieux, femelle, femmelette et même féminité qui définit la nature de la femme, non plus mère et nourrice obligées, mais maintenant objet sexuel toujours défini par l’autre.
La femme sujet, la femme être humain à part entière, n’est pas grégaire dans les mots, qu’avec « féminisme » employé avec l’idée qui va avec, non par une femme en 1937 c’était difficile en France, mais par l’utopiste socialiste Charles Fourrier. Malgré un certain nombre de génies femmes et de personnages historiques féminins (bon sang ! on se souvient encore un peu de J. d’Arc), la femme en France aussi, est vraiment le deuxième sexe et comme il n’y a que deux sexes, ça veut dire le dernier.
On rêve d’une définition de l’humain qui abandonne le latin « vir » « le mec » au profit de l’idée d’être humain qu’il faudrait illustrer par le mot « femme » en transcendant son origine.
La femme est l’avenir de l’homme, c’est beau ; mais c’est parole d’homme et cet avenir paraît bien lointain. Une journée de la femme, c’est dérisoire, c’est au moins un siècle des femmes qu’il nous faudrait."
Mais que contient ce mot "femme".
Je vous livre ici le texte de la chronique d'Alain Rey de ce matin sur France Inter.
"On ne peut pas trouver plus simple que le mot « femme ».
En finir avec la femme apparemment ce n’est pas pour demain. En matière d’égalité entre les femmes et les hommes, voire de parité, il y a non pas beaucoup à faire, mais quasiment tout à faire.
Les mentalités ont à peine changé, elles sont modelées ces mentalités, y compris celles des femmes d’ailleurs, par les cultures et bien sûr par les langues.
Or, comment les langues traitent-elles les femmes ?
N’insistons pas sur l’anglais « woman » pauvre composé de « man », l’homme ; on nous refait encore le coup de la côte d’Adam et « femme » du latin « femina » honnêtement, c’est édifiant :
En latin « femina » se fut d’abord le nom de la femelle des mammifères et que signifie t-il ce nom ? Physiologiquement et sans nuance « celle qui est sucée ». On sursaute, mais non, c’est bien le radical indo européen signifiant « sucé le lait », téter, qui a donné non seulement le mot « fémina » mais aussi filius et filiatio, fils, filiation ainsi que fecondus, fécond, sans parler du felare qui a produit entre autres et je n’invente rien fellation. Heureusement dans la descendance de cette étrange série, il y a « felix » qui est passé de productif à heureux avec félicitas, le bonheur. Mais, voyez déjà la perversion. Dire « la femme c’est le bonheur » c’est parler macho.
Les dérivés du mot « femme » ne valent pas mieux, femelle, femmelette et même féminité qui définit la nature de la femme, non plus mère et nourrice obligées, mais maintenant objet sexuel toujours défini par l’autre.
La femme sujet, la femme être humain à part entière, n’est pas grégaire dans les mots, qu’avec « féminisme » employé avec l’idée qui va avec, non par une femme en 1937 c’était difficile en France, mais par l’utopiste socialiste Charles Fourrier. Malgré un certain nombre de génies femmes et de personnages historiques féminins (bon sang ! on se souvient encore un peu de J. d’Arc), la femme en France aussi, est vraiment le deuxième sexe et comme il n’y a que deux sexes, ça veut dire le dernier.
On rêve d’une définition de l’humain qui abandonne le latin « vir » « le mec » au profit de l’idée d’être humain qu’il faudrait illustrer par le mot « femme » en transcendant son origine.
La femme est l’avenir de l’homme, c’est beau ; mais c’est parole d’homme et cet avenir paraît bien lointain. Une journée de la femme, c’est dérisoire, c’est au moins un siècle des femmes qu’il nous faudrait."