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Mon poême préféré

41 ans 22/29 2570
Ma morte vivante

Dans mon chagrin, rien n’est en mouvement
J’attends, personne ne viendra
Ni de jour, ni de nuit
Ni jamais plus de ce qui fut moi-même

Mes yeux se sont séparés  
de tes yeux
Ils perdent leur confiance, ils perdent leur lumière
Ma bouche s’est séparée de ta bouche
Ma bouche s’est séparée du plaisir
Et du sens de l’amour, et du sens de la vie
Mes mains se sont séparées de tes mains
Mes mains laissent tout échapper
Mes pieds se sont séparés de tes pieds
Ils n’avanceront plus, il n’y a plus de route
Ils ne connaîtront plus mon poids, ni le repos

Il m’est donné de voir ma vie finir
Avec la tienne
Ma vie en ton pouvoir
Que j’ai crue infinie

Et l’avenir mon seul espoir c’est mon tombeau
Pareil au tien, cerné d’un monde indifférent
J’étais si près de toi que j’ai froid près des autres.

Paul Eluard


:puppydogeyes:
Que c'est beau, j'ai trop pleuré la première fois que je l'ai lu, je voulais le partager avec vous. J'espère qu'il vous plaira.

Bise à tous :P
Très beau poème, il se laisse mourrir de chagrin et de désespoire... (pour ceux qui n'ont pas compris )

:puppydogeyes:
41 ans 22/29 2570
Oui, et surtout le dernier vers. Il résume très bien le sentiment que l'on peut avoir quand on perd celui ou celle que l'on aime.
:puppydogeyes: J'ai besoin de rigoler moi là!
58 ans À la fois loin et près... 2390
moune a écrit:
J'ai besoin de rigoler moi là!


Quelle idée aussi de poster un poème comme celui-là...
43 ans Belgique 4012
Paul Eluard, c'est le spécialiste des poèmes d'amour, triste ou heureux. Moi celui que j'ai affiché chez moi, c'est celui-là:

J'ai regardé devant moi
Dans la foule je t'ai vue
Parmi les blés je t'ai vue
Sous un arbre je t'ai vue

Au bout de tous mes voyages
Au fond de tous mes tourments
Au tournant de tous les rires
Sortant de l'eau et du feu

L'été l'hiver je t'ai vue
Dans ma maison je t'ai vue
Entre mes bras je t'ai vue
Dans mes rêves je t'ai vue

Je ne te quitterai plus.

C'est bô. :multi:
43 ans Belgique 4012
J'ai oublié de dire qu'il y a un recueil de Paul Eluard s'intitulant "derniers poèmes d'amour", aux éditions Seghers, collection "poésie d'abord". On y trouve les poèmes d'amour adressés à sa dernière épouse, mais aussi ceux adressés à sa précédente épouse qu'il adorait (et dont le nom m'échappe pour l'instant) et qui est morte alors qu'il était en déplacement.
Le coût du livre: 11 euros.
Voili voilou.
;)

(non je suis pas une des ayants droit, j'adore l'auteur, c'est tout :lol: )
40 ans Banlieu de Montréal 1648
Vive la poésie !!!! :D
T
44 ans nice 223
Tu seras un homme, mon fils.

Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et, sans dire un seul mot te remettre à bâtir
Ou perdre d'un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir.

Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre,
et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre.

Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter les sôts,
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d'un mot.

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frères
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi.

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, sans laisser ton rêve être ton maître
Penser, sans n'être qu'un penseur.

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu peux être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant.

Si tu peux rencontrer triomphe après défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front.
Si tu peux conserver ton courage et ta tête,
Quand tous les autres la perdront.

Alors, les rois, les dieux, la chance et la victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les rois et la gloire,
Tu seras un homme, mon fils.

Rudyard Kipling
36 ans Beauvais 60 65
:cry: Il est magnifique ce poème !!! J'en ai les larmes aux yeux...
43 ans Rhône-Alpes 726
Il n'y a pas d'amour heureux

Paroles: Louis Aragaon. Musique: Georges Brassens


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Rien n'est jamais acquis à l'homme. Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son cœur. Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce

Il n'y a pas d'amour heureux

Sa vie elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu'on avait habillés pour un autre destin
A quoi peut leur servir de ce lever matin
Eux qu'on retrouve au soir désarmés incertains
Dites ces mots ma vie et retenez vos larmes

Il n'y a pas d'amour heureux

Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j'ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent

Il n'y a pas d'amour heureux

Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos cœurs à l'unisson
Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare

Il n'y a pas d'amour heureux

Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l'amour de la patrie
Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs

Il n'y a pas d'amour heureux
Mais c'est notre amour à tous deux


Je sais, c'est une vieille chanson mais elle me fait trooujours autant d'effet
35 ans 1240
moi mon poème préféré c'est Demain dès l'aube de Victor Hugo qu'il a écrit pour sa fille Léopoldine morte avec son compagnon dans un accident:

Demain, dès l'aube...


Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
41 ans 22/29 2570
Holala, je reviens d'un week end et je vois de beaux poêmes, merci!
Allé, postez vos poêmes préférés :P
G
65 ans Val d'Oise 95 2
"Demain dès l'aube" : content de voir que ce poème que j'adore est également apprécié par une représentante de la jeunesse actuelle... :P
35 ans 1240
gg95 a écrit:
"Demain dès l'aube" : content de voir que ce poème que j'adore est également apprécié par une représentante de la jeunesse actuelle... :P



Merci, il y a un autre poème que je voulais vous faire partager et que j'adore c'est le Roi des aulnes un poème allemand (Erlkönig) de Goethe...

Le Roi des Aulnes
Johann Wolfgang Goethe

Qui chevauche si tard dans la nuit dans le vent ?
C'est le père avec son enfant,
Il serre le garçon dans ses bras,
Il le tient fermement, il le garde au chaud

Mon fils, pourquoi caches-tu ton visage d'effroi ?
Père, ne vois-tu pas le Roi des Aulnes ?
Le roi des Aulnes avec couronne et traîne ?
Mon fils, c'est une traînée de brouillard.

Toi cher enfant, viens, pars avec moi !
Je jouerai à de bien jolis jeux avec toi,
Il y a tant de fleurs multicolores sur le rivage
Et ma mère possède tant d'habits d'or

Mon père, mon père, n'entends-tu pas
Ce que le Roi des Aulnes me promet doucement ?
Calme-toi, reste calme, mon enfant,
Le vent murmure dans les feuilles mortes

Veux-tu, petit garçon, venir avec moi ?
Mes filles doivent déjà d'attendre
Mes filles conduisent le Rhin nocturne,
Elles te berceront de leurs chants et de leurs dances

Mon père, mon père, ne vois-tu pas là-bas
Les filles du Roi des Aulnes cachées dans l'ombre ?
Mon fils, mon fils, je le vois bien,
Les saules de la forêt semblent si gris.

Je t'aime, ton joli visage me touche,
Et si tu n'es pas obéissant, alors j'utiliserai la force !
Mon père, mon père, maintenant il me saisit
Le Roi des Aulnes me fait mal.

Le père frissonne d'horreur, il chevauche promptement,
Il tient dans ses bras l'enfant gémissant
Il parvient au village à grand effort
Dans ses bras l'enfant était mort.


J'adore vraiment ce poème (bien plus joli en allemand mais tout le monde ne parle pas forcément assez bien l'allemand pour que je le mette dans sa version germanique...dommage)... Je le trouve vraiment magnifique et d'une tristesse absolue... C'est en voulant protéger son enfant que le père tut son fils... bref, j'aime trop.
B
40 ans 3449
"Stella" extrait des Châtiments de Victor Hugo.

Je m'étais endormi la nuit près de la grève.
Un vent frais m'éveilla, je sortis de mon rêve,
J'ouvris les yeux, je vis l'étoile du matin.
Elle resplendissait au fond du ciel lointain
Dans une blancheur molle, infinie et charmante.
Aquilon s'enfuyait emportant la tourmente.
L'astre éclatant changeait la nuée en duvet.
C'était une clarté qui pensait, qui vivait ;
Elle apaisait l'écueil où la vague déferle ;
On croyait voir une âme à travers une perle.
Il faisait nuit encor, l'ombre régnait en vain,
Le ciel s'illuminait d'un sourire divin.
La lueur argentait le haut du mât qui penche ;
Le navire était noir, mais la voile était blanche ;
Des goëlands debout sur un escarpement,
Attentifs, contemplaient l'étoile gravement
Comme un oiseau céleste et fait d'une étincelle ;
L'océan, qui ressemble au peuple, allait vers elle,
Et, rugissant tout bas, la regardait briller,
Et semblait avoir peur de la faire envoler.
Un ineffable amour emplissait l'étendue.
L'herbe verte à mes pieds frissonnait éperdue,
Les oiseaux se parlaient dans les nids ; une fleur
Qui s'éveillait me dit : c'est l'étoile ma soeur.
Et pendant qu'à longs plis l'ombre levait son voile,
J'entendis une voix qui venait de l'étoile
Et qui disait : - Je suis l'astre qui vient d'abord.
Je suis celle qu'on croit dans la tombe et qui sort.
J'ai lui sur le Sina, j'ai lui sur le Taygète ;
Je suis le caillou d'or et de feu que Dieu jette,
Comme avec une fronde, au front noir de la nuit.
Je suis ce qui renaît quand un monde est détruit.
Ô nations ! je suis la poésie ardente.
J'ai brillé sur Moïse et j'ai brillé sur Dante.
Le lion océan est amoureux de moi.
J'arrive. Levez-vous, vertu, courage, foi !
Penseurs, esprits, montez sur la tour, sentinelles !
Paupières, ouvrez-vous, allumez-vous, prunelles,
Terre, émeus le sillon, vie, éveille le bruit,
Debout, vous qui dormez ! - car celui qui me suit,
Car celui qui m'envoie en avant la première,
C'est l'ange Liberté, c'est le géant Lumière !
B I U