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La Solidarité : pour vous, c'est quoi ?

48 ans 17521
Cette nuit, au boulot, j'ai lu une enquête dans le Numéro de janvier de Psychologie Magazine (p. 48 à 57) intitulé " Mendicité : pourquoi nous  
donnons ou pas "...

D'après le psychanalyste Jean-Pierre Winter, nous donnons parce que " ça pourrait être moi ", nous donnons pour nous différencier de celui qui est dans le besoin, pour nous rassurer. C'est cette " identification possible à la détresse de l'autre qui motive le don ", mais c'est aussi " se reconnaître comme celui qui peut donner, et marquer une différence avec celui qui demande "...

Et vous ? Que pensez-vous de cette analyse ? Donnez-vous ? Pourquoi ? Pourquoi pas ? Que donnez-vous ? à qui ? Parlez-vous à ces personnes ? Oeuvrez-vous pour la Solidarité ? Sous quelle forme ?

Je réponds à mes questions...

Que pensez-vous de cette analyse ?
Cette analyse me semble honnête, bien que je n'aie jamais eu le sentiment de me vouloir me distinguer de celui qui tend la main en lui donnant une pièce... pour ce qui est de l'identification, oui, je pense qu'il y a cette crainte, mêlée à de la pitié, dans l'idée " ça pourrait être moi ", et une certaine honte aussi d'être privilégiée " mais ça n'est pas moi, c'est lui /elle "... et parfois aussi de la colère contre le système " Pourquoi l'Etat ne fait-il rien pour ces gens-là ? " et aussi contre les exclus eux-même " pourquoi se complaire ainsi dans de telles situations " parce qu'il est souvent plus simple de croire que l'exclusion et la marginalité sont un choix... ce qui est à mon avis une grossière erreur, dans la plupart des cas.

Donnez-vous ?
Parfois oui, parfois non...

Pourquoi ?
Je donne parce que la détresse de la personne me touche, parce que j'ai la tête à ça, à ce moment là... parce que j'ai de la monnaie dans mes poches...

Pourquoi pas ?
Je ne donne pas quand la personne est agressive, quand je n'ai pas de monnaie, quand j'ai l'impression que la personne n'est pas réellement en difficulté... je ne donne pas quand ce sont des gamins exploités par leurs parents... je ne donne pas aux personnes sous alcool ou sous substances...

Que donnez-vous ?
Un peu d'argent, parfois à manger si la personne veut bien (je propose), une clope, un mot, un sourire, cinq minutes de mon temps, des adresses de centres d'hébergement, des tickets de métro...

à qui ?
je ne donne pas aux personnes qui passent dans les rames de métro ou RER, je donne parfois aux (bons) musiciens, aux personnes âgées, mais jamais aux travellers, car pour les avoir fréquentés de près, j'estime que leur situation est pour la grande majorité choisie et que je n'ai pas à en assumer les conséquences pour eux... je ne suis pas touchée par eux, sauf quand ce sont des très jeunes (genre gamine de 15 ans, pleine de percings, sale comme un peigne et vraisemblablement en fugue...) là, j'essaie de discuter et j'y laisse généralement mon paquet de clopes... je ne donne pas aux " roumains ", je ne sais pas pourquoi, ni à ceux qui posent des petits porte-clefs ou des papiers genre " j'ai 12 enfants et je suis muet, une pièce s'il vous plait, dieu vous garde " et les reprennent 5 minutes après...

Parlez-vous à ces personnes ?
Parfois, oui, quand ce sont des gens que je croise souvent, dans mon quartier... je ne peux pas les ignorer, ils font partie de mon paysage urbain... même quand je ne donne rien, j'essaie de leur sourire, au moins de les regarder dans les yeux, de ne pas les nier en leur refusant même un regard...

En dehors de ce contexte de mendicité, œuvrez-vous pour la Solidarité ? Sous quelle forme ?
Alors... tous les ans je donne à la banque alimentaire, chaque fois que je vais faire mes courses, je prends un ou deux trucs pour mettre dans leurs caddies à la sortie du magasin et tous les ans j'achète mes cartes de vœux à l'Unicef... et pendant mes premières années de fac, j'allais donner un coup de main pour servir les repas au fourgon économique... et pendant ma première année de fac, je laissais les clés de ma chambre de crous à un SDF avec qui j'avais sympathisé pour qu'il aille dormir tranquille pendant que j'étais en cours ou quand j'étais pas là... et l'année suivante il dormait parfois dans mon appart, l'hiver... d'ailleurs, il cuisinait très bien :D ...


J'en profite également pour vous conseiller l'achat d'un très joli petit livre sorti récemment, alliant textes (de divers écrivains français, concernant l'exclusion) et photos de personnes vivant dans la rue " Vivre par terre " de Philippe Castetbon, aux Editions Tirésias, pour la modique somme de 10 euros dont l'intégralité est reversée à Médecins du Monde...

Egalement, à lire absolument, " Clocheman " de Jean-Paul Fantou, aux Presses de la Renaissance, 280 pages, 18 euros. Le témoignage d'un homme qui a vécu près de trente ans dans la rue... " On ne perd pas sa dignité quand on ne se lave pas : c'est le regard des gens qui nous l'enlève. "
459
Tiens, je pensais à ça justement hier... :)

Quand j'ai de l'argent, je donne... Si la personne demande poliment, et aussi un peu si elle a une tête qui me revient... Si la personne est agressive, si elle me harcelle ou si elle a une tête de c*n, elle n'obtiendra rien de moi...

Je ne pense pas que ce soit parce que je pourrais être à la place de la personne que je donne...
C'est plutôt parce que je ne suis pas à sa place justement et qu'on a pas eu les mêmes chances à la naissance ou dans la vie...

Quand je vois que je gagne un salaire correct qui me permet de vivre largement à mon aise (sauf en ce moment, faute de boulot), que je pourrais me permettre de consommer et d'acheter des choses dont je n'ai pas vraiment besoin pour vivre. Alors qu'à côté il y a une personne qui galère dans le métro et qui met sa fierté de côté pour gagner uniquement de quoi manger... Je me dis que donner un ou deux euros de temps en temps ou une ou deux clopes, ça ne va pas m'arracher la gueule...

Puis même en général, j'ai un profond dégout pour le mépris qu'affichent certaine personnes quand on leur demande "une ptite piecette siouplait". Surtout quand ces personnes portent un sac YSL et une veste de grand couturier... :roll:
53 ans Belgique 3287
Je ne donne pas d'argent. Déjà j'en ai rarement sur moi... Puis donner comme ça dans la rue sans savoir si ça va servir à la drogue, à l'alcool, etc. bof quoi...

Quand j'ai à manger je donne, mais pas aux mendiants professionnels qui essayent de m'apitoyer... Ceux-là c'est ignorance totale.

Je préfère des actions sur des situations de détresse dans mon quartier : j'ai toujours des vêtements et des meubles de récup en stock, voire du petit électroménager qu'on met chez moi faute de place ailleurs... ce qui ne part pas à la brocante va aider des familles en détresse dont j'entends parler par mes connaissances.

Pourquoi je donne ? Bah euh... j'ai horreur de l'injustice et du gaspillage, donc je récupère et je redistribue (oué Robine des Campagnes c'est moi lol sauf que je vole pas aux riches quand même, même si je fais leurs grosses poubelles lol)
45 ans ici et ailleurs 4571
Donnez-vous ?

oui mais pu dans la rue...


Pourquoi ?

je prefere acheter à bouffer ou une couverture à un sdf que lui filer du fric. c'est tout.

Pourquoi pas ?

je donne pas au quémandeur, aux ivrognes, aux casses c..... je ne donne pas non plus aux gosses et autres bonnes femmes enrubanée sur les parking de magasins car le mec est toujours dans sa grosse merco en attendant que les autres ramene le fric
désolée d'etre méchante, mais je ne donnerai pas à ceux qu'on appelle "manouche" aprés avoir ete agressée 2 fois par certains d'entre eux ben moi je leur dis merde! je ne donne pas aux gens qui demandent des thunes pour envoyer dans le TDC du monde car à moins que ce ne soit qq chose de connu, c'est souvent pour leur propre pomme... je ne donne pas non plus aux super sourds muet qui "vendent" leurs porte cléfs...et qui se retourne méchament quand on leur dit simulateur quand ils ont le dos tourné (sourd muet mon ...)

Que donnez-vous ?

ce que je peux... le plus souvent des services... je suis helas pas non plus cresus...

à qui ?

le plus souvent à ceux qui font les quetes alimentaires, ou les restos du coeur. je donne aussi parfois 1 ou 2 euros au gars qui vend son magasine de sans abris. je lui laisse le journal il peut le revendre ^^(au moins lui il fait pas la quête)

Parlez-vous à ces personnes ?

Ca dépend...

En dehors de ce contexte de mendicité, œuvrez-vous pour la Solidarité ? Sous quelle forme ?

banque alimentaire, telethon restos du coeur... quand je peux...j'achete souvent pour les enfants bonbons etc... bon c'est pas du meilleur gout mais c un petit plaisir qu'ils meritent aussi d'avoir
X
84 ans 2365
Je ne donne rien. Parce que si je commence à donner à l'un et pas à l'autre, je vais culpabiliser. Alors ça règle le problème ;) . Au début quand j'ai débarqué en ville, la mendicité c'était quelque chose que je ne connaissais pas. Combien de fois j'ai eu les larmes aux yeux en croisant cette petite vieille au grand sourire qui faisait la manche ou à ces sdf qui squattaient des couloirs de gare, sans compter ce mec dont la chienne venait de mettre bas en plein milieu de la rue en plein hiver.

Puis je donne assez de clopes comme ça :evil: (quoique maintenant c'est vraiment à la tête du client... et s'il y a un vendeur pas loin, je lui signale qu'il peut aller s'acheter un paquet complet, que je suis pas un distributeur)

Il m'était arrivé une sale aventure il y a de ça environ 3 ans. Je commençais à bosser. J'étais à la gare et une petite gamine m'accoste "argent argent faim faim"... Je l'envoie bouler, parce que c'est un gosse, et un gosse c'est pas son boulot de mendier, surtout à 5-6 ans. Bref, la gamine s'éloigne, et moi je passe au distributeur de mignardises... j'avais rien mangé de la journée en plus :? Ben dès que c'est tombé, la gamine a rappliqué, m'a griffée, et m'a piqué le truc... Mendier, oui, mais voler les gens, non :x . Je m'étais retenue de foutre une baffe, quand la gamine a vu que je devenais colère, elle a filé... près d'un adulte qu'avait pas l'air trop clair.

Je suis sensible à cette misère, mais j'ai viré à la paranoïa: les faux boiteux, les victimes de la traite d'humains, ces gens à qui on promet une opération et qui se font larguer dès que le passeur a eu son compte, les agressifs... on n'arrive plus à savoir qui est vraiment qui, et j'ai l'impression que si tu donnes à l'un, tous les autres vont rappliquer et réclamer leur dû :?

J'estime qu'il y a assez de structures dans les villes pour accueillir les sdf (même s'ils manquent de lits... c'est surtout un manque de coopération), que certains ont choisi ce mode de vie (ce sont ceux qui mendient le moins) par dépit ou par échec dans la vie, mais qui s'en sont accommodé, certains refusent l'aide des structures...

Puis il y a ce vendeur du journal des sdf, devant mon boulot... mais sa technique me fait douter... il vient squatter là uniquement aux heures de sortie :roll: , puis c'est ultra organisé dans ce quartier-là, y'en a un tous les 50 mètres.

Je connaissais un type altruiste, qui passait toute sa pension pour aider une famille en détresse totale... sauf que la détresse ce n'était que du cinéma... Un type qui a dit merde à son job à l'office des étrangers, tellement les pratiques étaient immondes. Un type qui s'est consacré à la misère humaine, et n'a été qu'abusé.
M
39 ans 3802
je donne de temps à autre à un clodo qui traîne dans le quartier (enfin un des nombreux) et vu son état, il est dans la misère, occasionnellement à l'un ou l'autre musicien mais si je suis fauchée, que dalle!

par contre, y'en a un autre qui se balade avec un chien au pelage plus luisant de santé que mes cheveux et que j'ai croisé souvent au dvd club pour louer un dvd :shock: ben tiens dans la rue il branche son dvd et sa télé, c'est évident... le pire c'est que ce connard se permet de t'insulter quand tu donnes pas ou de te harranger de façon impolie :evil:

un jour, je me suis énervée sur un 'vendeur' de rubans contre le sida sans carte, sans rien... de plus pas vraiment autorisé sur le campus et qui joue sur l'idéalisme des étudiants... grrrrrrrr

il faut être méfiant ;)
54 ans les lilas (93) 863
Je ne donne jamais rien directement à quelqu'un qui mendie. Avant, des fois des clopes, mais j'ai arrété de fumer. Je me suis faite aggresser pour avoir proposer mon sandwich à un gus qui voulait de l'argent.
Je donne 2 heures par semaine à une association.
Il m'arrive de donner de l'argent, des vétements ou des denrées alimentaires lors de collectes pour des associations qui sont reconnues nationalement.

Sinon, je travaille dans le social. Je sais à quelle vitesse tout peut s'écrouler.
Personne n'est à l'abri.
Et puis la notion de solidarité est importante, même si je trouve que l'Etat se repose trop sur les bonnes volontés associatives.
B I U


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