Je me souviens bien de la période où je cherchais des habits en 60 voire 62, et de mon désespoir quand je voyais ici ou ailleurs des liens vers des sites de vpc super appréciés qui effectivement ne faisaient pas ma taille.
Peut-être que c'est moins facile de faire un blog mode quand la mode grande taille devient elle aussi peu accessible ?
Cela dit, pour moi, les blogs mode ne sont pas "en soi" synonymes d'acceptation. Ils peuvent l'être, ça dépend comment le blog est "habité". Ça m'arrive d'être interpellée par le sur-investissement de l'image et de l'objet (accessoire, vêtement,pose, maquillage,etc), voire j'ai parfois un drôle de sentiment de poupée grandeur nature.
D'autres fois ça me paraît naturel et ça ne m'interpelle pas.
M'accepter passe-t-il nécessairement pas avoir envie d'être mieux que ce que je suis ?
Je me pose la question, sincèrement. Ça n'a rien d'une évidence pour moi.
Parfois cela me paraît contradictoire, d'autres fois non.
Des fois j'ai l'impression d'être polluée d'images de ce à quoi je voudrais ressembler et ça m'attriste. Pourtant elles sont là, ça m'anime, et ça aussi je devrais pouvoir l'accepter après tout.
Ce qui a été dit concernant les vécus corporels quotidiens m'a énormément fait écho.
Personnellement, si j'ai pu changer de perception sur mes rondeurs, c'est beaucoup grâce au fait de, progressivement, ne plus avoir ressenti de douleurs intenses et récurrentes et tout aussi progressivement, avoir fait de plus en plus d'expériences agréables dans mon corps. A un moment donné, chaque sortie ou mouvement devenait une expérience douloureuse physiquement et psychologiquement, et je me rendais compte qu'il s'agissait d'un cercle vicieux terrifiant car à chaque tentative de m'en dégager je vivais quelque chose de douloureux qui ne me donnait qu'une envie: ne plus jamais essayer. C'était toutes ces stratégies citées par Fila et bien d'autres encore, pour m'épargner, avec un vécu moral désastreux de cela.
Aujourd'hui les douleurs que je peux avoir n'ont rien de comparable et surtout, ne sont pas systématiques. J'essaie de faire avec mes limites même si ça me peine et m'inquiète toujours un peu. J'essaie de me rappeler que mon corps a des limites et des exigences sur laquelle mon esprit n'a rien à en dire, qu'il soit gros ou non.
Et à un moment il ne s'agit peut-être moins d'accepter ou non son corps dans son aspect ou son poids, que d'accepter ou non les limites de son corps. Du coup pour moi là ça concerne un grand nombre de personnes: celles qui vieillissent, qui ont eu un accident, qui ont des douleurs pour x raisons, certaines femmes enceintes, des personnes allergiques, etc. Pas toutes évidemment et sans volonté de hiérarchiser en aucune façon la douleur physique ou la souffrance morale.
Mais en fait en vous écrivant je pense à d'autres questions qui me viennent et je crois que ça a encore besoin de mûrir.
En tout cas, pour répondre à la question en titre, et juste en parlant de ce qu'il en a été pour moi: m'accepter avec des douleurs importantes n'a pas été possible. Mais une fois que les douleurs se sont apaisées, l'acceptation n'est pas venue pour autant directement. Et quand j'ai commencé à essayer de faire avec moi, ça n'a rien eu de la révolution joyeuse qu'on peut lire parfois (ou voir sur les blogs) où on se met à prendre soin de soi, à se sentir jolie, à se montrer avec plaisir. Ça a été triste et douloureux. Mais heureusement, il y a eu des petites joies parmi tout ça parce que je retrouvais des plaisirs simples. J'avais écrit un sujet là-dessus, et je crois d'ailleurs que c'est la seule chose qui avait été vraiment partagée (les joies, les libérations), je me demande encore si d'autres ont ressenti aussi toute cette tristesse en apprenant à s'accepter.
Donc je ne sais pas si en fait je perçois l'acceptation comme d'autres car ce que je ressens ne s'en rapproche pas toujours.
Sinon ta question me rappelle un sujet intéressant là dessus dans une ancienne discussion, où Poupoule évoquait la distinction entre s'aimer et se plaire.
Nutellane, je me permets de te répondre aussi. Sur l'activité que je pouvais faire à cette époque (j'étais plus douloureuse, plus lourde, et moins musclée), c'était très limité. A un moment donné je ne pouvais plus marcher sans douleurs et encore moins rester debout, mais j'étais mal installée aussi assise. Je m'étais inscrite dans une activité sportive adaptée aux personnes en surpoids. On faisait essentiellement du renforcement musculaire, au sol, sur une chaise ou debout pour ceux qui pouvaient, en musique souvent. Il y avait aussi des jeux ludiques à plusieurs que j'appréciais beaucoup. Et des assouplissements.
Ce n'était pas là pour me servir de "loisir" ou de "plaisir". Ça m'a permis de retrouver une mobilité dans un lieu où chacun faisait ce qu'il pouvait et où le professionnel avait soin d'adapter chaque exercice selon les possibilités de chacun. Ce n'était pas assez important comme activité pour me muscler assez mais ça m'a vraiment "dérouillée" et permis l'air de rien, même après avoir arrêté, d'augmenter petit à petit ma mobilité.
Sinon, l'eau me paraît l'environnement le plus doux pour un corps lourd. Tout y est différent, même si les douleurs ne disparaissent pas forcément. Et s'il ne s'agit pas forcément d'y faire du sport, c'est aussi se donner à vivre un moment très agréable dans son corps.
Aujourd'hui, je me dis aussi que si quelqu'un avait pu m'aider, ça m'aurait permis de faire des exercices au sol plus facilement (supporter une partie de mon poids pendant tel mouvement pour que je le répète assez pour me muscler sans trop de "charge" et que je retrouve une amplitude dans les articulations).
Ce qui était dur pour moi c'était surtout de comprendre et d'accepter l'état où j'en étais arrivée: le poids certes, mais surtout les limites que ça m'imposait au quotidien, et les douleurs. Si j'avais pu "magiquement" partir de l'idée que mon état était tout à fait normal, que ce n'était pas ma faute et que la seule chose qui comptait c'était ce que je voulais et pouvais en faire, j'aurais peut-être pu me saisir de moyens à ma portée et tolérer que ça soit si laborieux (de minuscules objectifs,une durée très longue,une aide extérieure,etc) sans me sentir mal moralement.
(Bonjour je m'appelle Papille et j'écris trop. :oops: C'est que ça me tient à coeur tout ça...)