Pyflo a écrit:Le truc que j essai de faire passer, c est que si on apprend le tennis en faisant des match face au numéro 1 mondial, y a de forte chance que on finisse par se décourager..... Et si le but du profs c est de permettre au plus grand nombre de faire quelques échange, faut qu il commence par nous faire aimer ce sport.
Faut faire des match avec des gens aussi nul que nous, pour apprendre la défaite, et la victoire, et monter le niveau petit a petit.....et savoir s arrêter quand l objectif est atteint.
Si l élève a aimé, il y a de forte chance pour que il continu.
C'est intéressant, parce que pour une fois, je suis en désaccord avec l'avis de personnes auxquels j'adhère habituellement, et en accord avec Pyflo. Pas sur tout, mais...
Je suis une bonne lectrice. Je l'ai toujours été. J'aime lire, et les livres qui m'ont été donnés à lire au lycée m'ont plu. Beaucoup.
Mais je sais aussi que je partais avec des facilités. Que lire, qu'aimer lire, c'est un apprentissage, que j'avais fait tout au long de ma vie, parce que mon environnement m'y poussait
(mes amis, mes parents, ma classe sociale, et même ma situation géographique -proche d'une bibliothèque-) (D'ailleurs, la bibliothèque, il ne faut pas non plus oublier le paramètre "je m'y sens à ma place". Certaines personnes se sentent completement décalées, dans une bibliothèque, et l'environnement qui me(nous) est familier et confortable peut mettre d'autres personnes mal à l'aise.)
Lorsque j'ai eu sous les yeux du Baudelaire, j'étais prête à l'apprécier. J'avais fait, en dehors de l'école, tout un apprentissage en amont qui m'y avait préparée.
Mais je n'étais pas la norme, beaucoup n'avaient pas fait cet apprentissage, et les lectures leur étaient laborieuses, désagréables, absconses, et je n'ai pas la sensation qu'ils en retiraient beaucoup, même avec un prof valable. Je me souviens, par exemple, des contrôles de lecture, qui interrogeaient sur des infos du bouquin. Ces moments là, soudainement, je devenais le centre du monde de pas mal de gens, qui venaient s'installer autour de moi pour avoir les réponses. Je me souviens du nombre d'eleves que j'ai vu se partager les films, leur permettant de ne pas lire les bouquins. Je me souviens de mes voisines de table, pas idiotes pour deux sous, mais qui lisaient un paragraphe et le terminait en ayant déjà oublié ce que disait le début. Je suis, aujourd'hui, certaine que la majorité
(pas tous, evidemment, loin de là, mais tout de même beaucoup) des élèves de ma classe ne se souviennent plus que couac de l'Assommoir ou des Fleurs du Mal, que nous avions étudié pourtant longtemps. Par contre, la lecture par notre professeur en primaire de L'Oeil du loup nous avait tous durablement marqués.
Alors, je comprends très bien les raisons étayées par Reinette
(Qui, d'ailleurs, m'a fait évoluer mon opinion, je n'avais pas vu les choses ainsi, j'aurais probablement eu un propos plus définitif avant), mais dans la réalité des faits, je pense que les professeurs choisissent très majoritairement les mêmes types de livres, les
"grands classiques" (Qu'il y ait plus de choix à leur disposition, j'en suis sûre, mais les oeuvres que j'ai vu et entendu choisie étaient toujours un peu les mêmes, et des mêmes auteurs), et que ces choix contribuent à creuser l'écart scolaire
(dans cette discipline donnée) entre les lecteurs habitués, et les non
(ou peu)-lecteurs.
Mais... je ne sais pas. Si donner aux élèves uniquement les oeuvres qui les interessaient intuitivement soit non plus une solution. Je ne pense pas. L'école est censé permettre d'accéder à plus, nous ouvrir des horizons. Donc, j'ignore ce qu'il faudrait faire. Sans doute un équilibre. J'ai simplement souvenir d'être sortie de mes cours de français de lycée avec l'impression que quelque chose déconnait, qu'on laissait un peu trop facilement, sans s'interroger, une partie des élèves sur le carreau.