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Qu'est-ce qu'être grosse/ronde vous a apporté ?

M
42 ans 176
Être obèse m'a permis d'apprendre le détachement. Face au regards et aux remarques des autres. C'est le seul moyen d'être heureux quad on a un physique hors norme ou que  
l'on fait des choix de vie différent de la majorité.
42 ans très au sud 7915
Je ne te connais pas beaucoup Mike, mais est ce que tu peux préciser en quoi ton physique est hors normes? Et quels sont tes choix de vie? Si cela ne te gêne pas de le préciser bien sur hein ;)

L'obésité m'a apporté une jolie cape d'invisibilité partielle.
J'étais invisible dans le monde de la séduction, invisible aux yeux des mecs. Donc bien à l'abris d'eux. Comme ça je ne risquais pas de provoquer des réactions et gestes que je ne voulais pas (et face auxquels je n'avais pas encore la force de dire non).
Mais paradoxalement dans d'autres domaines être grosse rend visible. J'étais la ronde de service si je puis dire, souvent la plus ronde des personnes ou du moins des femmes. Du coup on se souvenait facilement de moi aussi pour mon apparence physique. Des grandes rondes qui sont dans les arts y'en a pas 36 en fait ^^ les gens se rappelaient très facilement de moi.

Mais pour le dernier point avec du recul je crois que je me dévalorisais surtout pour le reste de ma personne. Je me disais "on me remarque parce que je suis obèse" et en fait c'était vrai mais qu'en partie et pas la plus grande partie.
On me remarquait aussi parce que j'avais des idées intéressantes et que les personnes aimaient ce que je faisais et ma façon d'être. Mais j'ai mis longtemps avant de me dire ça et surtout de l'entendre ;)
M
42 ans 176
reinette81 a écrit:
Je ne te connais pas beaucoup Mike, mais est ce que tu peux préciser en quoi ton physique est hors normes? Et quels sont tes choix de vie? Si cela ne te gêne pas de le préciser bien sur hein ;)


Hors normes car obèse dans un monde où la norme est la minceur. Où que j'aille on me remarque car je suis généralement le plus gros, le plus lourd, celui qui prend le plus de place. Je ne peux que constater que je suis différent de la majorité.

J'emploie le terme hors normes de manière neutre, non péjorative. Mais quand je ne peux plus aller au cinéma car je suis trop large pour les siège, je constate juste que rien n'est pensé pour les gens comme moi.

Mes choix de vie ? C'est simple dans le principe (mais compliqué à mettre en œuvre ;) ) J'essaie de ne pas correspondre aux stéréotype sur les gros. Les gens ont souvent des idées préconçues sur les obèses. Le gros est soit un joyeux drille, soit un dépressif boulimique. Le gros manque de volonté. Au fond de lui, le gros rêve forcément de maigrir. Etc.

Le simple fait de dire aux gens que je ne souhaite pas maigrir les rend perplexe et m'attire parfois des sermons. Mais je tâche d'être détaché.
42 ans Montréal, Qc 433
Bizarrement, être ronde me permet de sortir plus facilement du lot si je peux dire. Je suis grande en plus donc on me remarque facilement dans une foule, dur dur de me manquer. ;) Ce corps de glorieuse guerrière ne passe pas du tout inapercu et j'ai vite compris que ce serait dans mon intérêt de l'assumer, d'assumer l'attention qu'il reçoit ainsi que de célébrer sa différence plutôt que je de pleurer sur le fait qu'il soit "hors-norme". Je suis unique, mon corps est unique, ma beauté est unique, ma personnalité est unique, et c'est parfait comme ça. Ce lâcher-prise et cette compassion par rapport à mon corps me permet de poser un regard bienveillant et exempt de jugement sur celui des autres, car je comprends à quel point c'est futile de juger les gens par rapport à leur physique (qu'il soit ingrat ou pas).
42 ans très au sud 7915
Ah OK Mike O, je croyais que tu étais hors normes d'au moins une autre manière en plus de l'obésité, faut que je m'achète des yeux pour lire là ^^

Pour ne pas correspondre au stéréotype du gros je comprends tout à fait, mais au final je me rend compte que peu d'obèses alimentent ce cliché.
Moi j'avais à lutter aussi contre celui qui veut qu'en arts tu sois forcément bizarre avec un look pas possible, et ce cliché là mes collègues d'arts y rentrent à fond :?

J'aime beaucoup ta réponse BeautifilInsanity :D
37 ans 1547
J'ai souvent pensé que de vivre la stigmatisation et le rejet tôt, du fait de mon poids mais peut être pas seulement, m'avait permis de développer des dimensions de ma personnalité afin d'éviter ces processus. J'avais toujours peur du rejet, et je pense que sans le vouloir, je me suis adaptée à mes expérience et construite en développant des traits qui étaient susceptibles de plaire et d'intéresser les autres, par besoin de me relier, pour éviter le rejet et pour "compenser" ce stigmate. Aujourd'hui c'est juste moi, ça n'a plus la fonction spécifique que ça a pu avoir au moment où je me construisais, mais j'y trouve un réel bénéfice, notamment sur le plan social.
Je pense aussi que cette stigmatisation m'a permis de questionner ce qui sur un plan culturel est devenu des évidences. Là dessus je me sens très proche de ce que dit Mamykro.
Mais ces deux choses, pour moi, ce n'est pas parce que je suis grosse, c'est parce qu'être grosse est dans ma culture source d'une discrimination dévalorisante sur différents plans. Si cet état de corps était traité indifféremment de d'autres, je pense que ça n'aurait pas forcément eu lieu (ou alors sous d'autres impulsions).

A côté de ça, ce que je lie plus sensiblement au fait d'être grosse, c'est une sorte de conscience de la dépendance à mon corps, l'expérience de ma limite et de l'acceptation, la désillusion d'une forme de toute puissance, et quelque part, une certaine libération, dans un sens que je trouve positif (mais les expériences ont pu être difficiles avant de m'approcher de cela).

Ce symptôme m'a aussi menée chez un psy, et bon dieu, quelle chance j'ai eu.

Voilà pour les bons apports qui me viennent ;) en tout cas pour moi c'est sûrement moins le fait d'être gros que ce qu'on fait des expériences vécues en étant gros dans un contexte donné.
42 ans très au sud 7915
papille a écrit:
A côté de ça, ce que je lie plus sensiblement au fait d'être grosse, c'est une sorte de conscience de la dépendance à mon corps, l'expérience de ma limite et de l'acceptation, la désillusion d'une forme de toute puissance, et quelque part, une certaine libération, dans un sens que je trouve positif (mais les expériences ont pu être difficiles avant de m'approcher de cela) .


C'est con mais ça me parle beaucoup ça mais pas pour l'obésité, enfin pas que.
J'ai su peut être trop tôt et trop brutalement que mon corps était faillible quand j'ai eu ma 1ère phlébite à 25 ans.
Et là pendant un temps mon corps a été juste un réceptacle à traitement, traitement lourd qui me rendait malade pour me soigner...
bref, c'est arrivé juste après ma première perte de poids (anorexie) du coup ça a été double prise de conscience que mon corps a des limites, est faillible et mortel.
Bon le plus dur a été d'entendre "faut perdre du poids" quand on sort d'une phase anorexique et que le corps vous lâche hein.... ah la diplomatie de la médecine tien ^^
Du coup mon corps trop gros a été un moyen de dire fuck à la médecine, tout le temps du traitement j'ai refusé les régimes proposés (sauf celui sans vitamine K imposé par le traitement of course, je voulais pas faire une hémorragie non plus hein!), l'apparence de mon corps était avec du recul une manière de protester et de le garder un peu comme je voulais.

sorry du HS
44 ans Petite fleur bleue 690
BeautifulInsanity a écrit:
Bizarrement, être ronde me permet de sortir plus facilement du lot si je peux dire. Je suis grande en plus donc on me remarque facilement dans une foule, dur dur de me manquer. ;) Ce corps de glorieuse guerrière ne passe pas du tout inapercu et j'ai vite compris que ce serait dans mon intérêt de l'assumer, d'assumer l'attention qu'il reçoit ainsi que de célébrer sa différence plutôt que je de pleurer sur le fait qu'il soit "hors-norme". Je suis unique, mon corps est unique, ma beauté est unique, ma personnalité est unique, et c'est parfait comme ça. Ce lâcher-prise et cette compassion par rapport à mon corps me permet de poser un regard bienveillant et exempt de jugement sur celui des autres, car je comprends à quel point c'est futile de juger les gens par rapport à leur physique (qu'il soit ingrat ou pas).


J'adore ta façon de penser !
115 ans 2413
Etre grosse (jusqu'à l'obésité morbide) m'a peut-être apporté une certaine tolérance envers les personnes différentes. Puisque être gros, très grand, de très petite taille c'est être différent si l'on se réfère à une hypothétique norme.

Mais je dis « peut-être » parce que j'ai toujours grossi de façon exponentielle et donc été grosse mais en parallèle, mes parents nous ont toujours éduqué dans un esprit de tolérance, d'ouverture d'esprit, de respect des autres (dans certaines limites se rapportant à nos propres libertés évidemment).

Donc je ne peux pas non plus affirmer que si je n'avais pas été ronde, dès mon plus jeune âge, mon cheminement envers les autres aurait été différent.

Après, je pensais aussi au terme de bienveillance, et j'espère que quand c'est nécessaire (je pense au boulot quand j'en ai un et selon mes fonctions), je sais rester juste et impartiale et ne pas faire preuve d'une certaine forme de discrimination (à l'envers) et ce peu importe que la personne soit ronde ou pas, grande ou petite etc...

Cependant ça m'a aussi appris très jeune que tout le monde n'a pas la même éducation et la même façon de voir. Et que véritablement dès qu'on est en dehors de cette pseudo norme, on devient la cible de toutes les moqueries de la part de gosses comme d'adultes (et donc les enfants de ces adultes là risquent fort de perpétuer la tradition). Ce qui est terrible et source de véritables drames parfois.

Et que d'un point de vue purement matériel, la société n'est pas toujours faite pour les personnes hors normes. Depuis l'espace entre les sièges dans le train (plus de 1,75 m et on bouge plus peu importe notre poids), jusqu'aux fringues en passant par le mobilier pas conçu pour les grands. Sans demander du sur mesure, je me dis qu'il y a quand même de quoi satisfaire plus de monde si on s'en donne la peine.
49 ans région parisienne 5831
papille a écrit:
en tout cas pour moi c'est sûrement moins le fait d'être gros que ce qu'on fait des expériences vécues en étant gros dans un contexte donné.


C'est clair! ;)

papille a écrit:
A côté de ça, ce que je lie plus sensiblement au fait d'être grosse, c'est une sorte de conscience de la dépendance à mon corps, l'expérience de ma limite et de l'acceptation, la désillusion d'une forme de toute puissance, et quelque part, une certaine libération, dans un sens que je trouve positif.


j'aurais pu écrire cela, mais aussi son contraire! :lol:

Quand j'étais ado, je n'étais pas grosse (même si je l'étais pour ma famille), mais j'avais aussi la sensation que mon corps ne m'appartenait pas. Cette impression était exacerbée par le regard des hommes: m'apercevoir qu'un homme désirait mon corps était pour moi assez horrible, dans le sens où je n'arrivais pas à décider si je me "devais" de lui donner ce qu'il voulait, si j'avais le droit de refuser, si j'avais le droit d'en profiter pour lui extorquer quelque chose, si j'avais le droit de lui refuser le droit de me regarder avec un air lubrique... Bref, un mélange de sensation qui me faisaient me demander dans quelle mesure mon corps m'appartenait vraiment, dans quelle mesure je le méritais, dans quelle mesure j'avais le droit d'en profiter...etc...

En grossissant, j'ai eu la sensation que mon corps m'appartenait vraiment, que j'en faisais ce que je voulais, n'en déplaise aux autres (et n'en déplaise à ma famille qui m'enjoignait souvent de maigrir). J'ai cessé de me vivre comme une sorte de proie que les hommes auraient envie de croquer, et pour moi, c'est lié au fait de grossir, car en grossissant j'étais obligée d'assumer ce corps, et de ne plus faire comme si je le subissais.
49 ans région parisienne 5831
mamykro a écrit:
Bref, un mélange de sensation qui me faisaient me demander dans quelle mesure mon corps m'appartenait vraiment, dans quelle mesure je le méritais, dans quelle mesure j'avais le droit d'en profiter...etc...


Et je précise (parce que j'ai déjà subi ce quiproquo) que cela ne signifie pas que je pense qu'on a le corps qu'on mérite! Ni que le fait d'être mince serait plus "méritant" qu'être grosse. Simplement, c'est plus simple d'être mince que d'être grosse dans notre société, on a moins à subir de remarques et de préjugés, du coup, quand on est grosse, on peut (faussement) attribuer cela à une punition.

Pour autant, si on y réfléchi, est-ce vraiment une punition? La difficulté est-elle vraiment une punition? J'ai tendance à penser que non, car c'est aussi une chance qui nous est donnée de surmonter la difficulté et donc de nous enrichir de l'expérience apportée.
37 ans 1547
mamykro a écrit:
En grossissant, j'ai eu la sensation que mon corps m'appartenait vraiment, que j'en faisais ce que je voulais, n'en déplaise aux autres (et n'en déplaise à ma famille qui m'enjoignait souvent de maigrir). J'ai cessé de me vivre comme une sorte de proie que les hommes auraient envie de croquer, et pour moi, c'est lié au fait de grossir, car en grossissant j'étais obligée d'assumer ce corps, et de ne plus faire comme si je le subissais.


C'est très intéressant ce que tu dis et ça me fait penser à plein de choses. J'aimerais bien avoir l'occasion un jour de lire un bouquin où l'auteur semble dire que le surpoids peut avoir comme fonction de se défendre d'une forme de sexisme (ou autre je ne sais pas, ne l'ayant pas lu..).
Mais là n'est pas la question.
C'est comme si grossir te permettait de te positionner face à ceux qui désiraient quelque chose de ton corps (de sexuel pour les hommes/ d'apparence pour ta famille qui voulait te voir maigrir) ? Est-ce que j'ai bien compris ? (car au début je ne comprenais pas pourquoi tu mettais en parallèle ces deux dimensions qui pour moi étaient différentes dans la mesure où dans l'une le corps semblait un "bon objet" et dans l'autre "un mauvais objet", mais en fait ça se regroupe dans la notion de désir sur toi(/ton corps) et presque en dehors de toi). Bref je veux bien que tu me dises si j'ai bien compris ou toujours pas. ;)
53 ans Dans le Sud 484
Ca n'apporte rien, à mon avis. Quand comme moi on a tjs été rond ben on fait avec..chez les ronds, les minces, les gds, les nains etc etc ben on trouve des sympas, des cons, des intelligents, des idiots, des egoistes, des pleins d'empathie etc etc...mais là n'est que mon avis.
49 ans région parisienne 5831
papille a écrit:
C'est comme si grossir te permettait de te positionner face à ceux qui désiraient quelque chose de ton corps (de sexuel pour les hommes/ d'apparence pour ta famille qui voulait te voir maigrir) ? Est-ce que j'ai bien compris ?


Oui, c'est cela: mince, mon corps intéressait plein de gars et ça me faisait peur (Sont-ils intéressés uniquement par mon corps ou par moi? M'aimeraient-ils si j'étais moins jolie? Vont-ils me brutaliser pour obtenir ce qu'ils veulent? Ai-je le droit de "jouer les allumeuses" pour obtenir d'eux quelque chose sans avoir l'intention de coucher avec?). Au fond, à cette époque, j'avais la sensation qu'ils désiraient quelque chose (mon corps) que je dissociais de mon "moi".

Une fois que j'ai grossi, il a fallu que j'assume mon corps, et non plus que je fasse comme si c'était un objet dissocié de mon "moi". Je ne pouvais plus dire simplement: "mon corps attire, mais pas moi", je me devais de l'assumer, et donc de dire "mon corps, c'est moi". Par exemple face à ma famille qui voulait me faire honte de mon corps, je devenais obligée de prendre la défense de mon corps, de dire à ma famille: "mais moi, je l'aime comme ça".

Avant, il était sous-entendu que je devais l'aimer comme ça (puisqu'il était conforme au corps que la société trouve "normal"), et pourtant, je trouvais que pour moi, il était source de danger, du coup, je n'arrivais pas à lui "faire confiance" en quelque sorte...

j'espère que c'est plus clair. :?
49 ans région parisienne 5831
lafeenoire a écrit:
Ca n'apporte rien, à mon avis.


Oui, je suis d'accord que cela n'apporte rien intrinsèquement, mais comme dit Papille:

Papille a écrit:
en tout cas pour moi c'est sûrement moins le fait d'être gros que ce qu'on fait des expériences vécues en étant gros dans un contexte donné.
B I U


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