andrea74 a écrit:ca me fait penser aux "propos sur le bonheur " du philosophe Alain (Je n'y avais jamais pensé jusqu'à présent, pourtant l'un des chapitre m'avait beaucoup marquée).
Ce texte invite à la gymnastique du corps, en décrivant que c'est l'attitude corporelle et sa répétition qui peut être le support au changement, ou sa fondation.
[...] Par analogie, c'est ce que je comprend quand tu parles de répétition de gestes dans un certain contexte. Par cette gymnastique, l'on automatiserait son état d'esprit, pour arriver à le généraliser à toute autre situation. Je comprend aussi cela lorsque tu parles de corps solide ou de se sentir en premier lieu, bien dans ces vêtement.
Je ne connaissais pas mais du coup ça m'intéresserait de savoir ce qu'il évoque par "gymmastique du corps" et son lien avec le sentiment de soi/le changement... Un jour j'essaierai peut être de le lire. ;)
Effectivement ça semble faire écho à ce que j'ai ressenti dans mon expérience. Je ne sais pas du tout si c'est généralisable pour autant dans la mesure où mon corps a toujours été dans mon histoire un élément important.
En tout cas pour moi il y a un immense bénéfice à expérimenter ; pendant tout un temps, je "cheminais" dans ma tête mais sans le faire avec mon corps, ou plutôt en luttant contre plus qu'en allant avec. Quelque chose a changé quand ça s'est relié.
Quand je parle de répétition c'est surtout pour souligner que ressentir du bien-être ne suffit pas, ça me semble indispensable mais non suffisant. Par exemple, le jour où j'ai osé me pointer dans une piscine publique en maillot, j'étais triste et honteuse mais super heureuse de retrouver l'eau. Le bonheur inexprimable que j'ai ressenti en étant dans l'eau et en découvrant une liberté de mouvement que je ne connais en aucun autre moment a été si fort qu'il était devenu impossible de ne plus revivre ça. Ca a été moteur. Seulement, le lendemain, j'étais super heureuse de revenir, mais ça n'avait pas changé pour autant le reste, je me sentais encore honteuse et j'avais peur du regard des gens. C'est en répétant cette expérience d'être là et d'être bien, d'être de plus en plus en moi et de moins en moins dans la tête des autres, en la répétant, répétant, répétant que j'ai ressenti de plus en plus de plaisir, de curiosité, une sorte d'ancrage tranquille et une disponibilité aux autres (ce qui n'était pas pareil que de se placer en éventuel réceptacle du regard des autres). Il y a des choses qui ont pu se faire plus vite que d'autres: j'ai mis quelques jours à oser aller dans le bassin sportif et beaucoup de mois avant de m'y sentir à l'aise, j'ai mis plus d'un mois à oser interpeller un professionnel, j'ai mis des mois et des mois à laisser ma serviette dans mon sac, à aller chercher du matériel en dehors du bassin sans elle, des détails insignifiants pouvaient me mettre dans un sacré émoi rien que parce qu'il s'agissait pour moi d'oser, et que d'être active suppose un tant soit peu qu'on s'expose.
Donc plaisir, répétition (= c'est un processus plus qu'un déclic avec un avant et un après, ça prend du temps), mais aussi quelque chose qui intègre plusieurs dimensions. Il ne s'agit pas juste d'être bien dans son corps, ça devient un élan pour autre chose: le lien aux autres, l'intellect, ça se relie.
Par exemple, la venue du printemps, de l'été pour l'instant ne sont qu'angoisse de se dévêtir et de supporter en se sentant peut être plus fragile le regard des autres qu'on vit mal.
Peut-être que le printemps, ça peut être autre chose aussi, dans la vie, dans ton corps, avec des gens ou seule. Comme on se vêtit moins aussi pour dormir, qu'on a moins froid dans les pièces de notre logement, ça peut aussi prendre le temps d'automassages avec des crèmes aux odeurs délicieuses (vive aromazone).
Se dévêtir peut aussi avoir des bons côtés en dehors du champ relationnel. Soit, ça ne règle pas notre affaire, mais ça met un petit poids dans l'autre plateau de la balance imaginaire où chaleur pèse jusque là du côté inquiétant/difficile à vivre.
Comment rendre un ensemble plus doux à vivre pour que ça contamine petit à petit toutes ses parties ?
Je prends cet exemple tout en mesurant combien il n'est pas forcément valable texto mais par exemple, avant c'était vraiment le moment "vestimentaire" qui me faisait angoisser et pleurer. Je m'habillais comme en hiver et j'étais super mal en ayant toujours trop chaud.
Cette année je me suis surprise à me dire vivement qu'on mette moins de vêtements et à être ravie des journées chaudes. :shock: Pourtant, c'est encore un peu la galère pour m'habiller quand il fait chaud encore aujourd'hui. Pourquoi alors, cette impatience et ce soulagement ? Uniquement parce que concrètement, ça me fait moins de fringues à enlever et remettre quand je vais à la piscine, que le gros manteau dans le casier c'est gonflant. L'objet de ma peur devient petit à petit juste un élément relatif à autre chose de plus important (et de chouette).
J'ai beau raconter ma vie je n'en oublie pas du tout le sujet initial. Je me demandais si les chaleurs ne pouvaient pas aussi devenir synonyme d'autre chose pour toi. Sortir dehors, certes, mais pour quoi faire ? Est-ce que tu as du plaisir à marcher ? Qu'est-ce qui pourrait devenir suffisamment plaisant et stimulant pour que ce que ça peut éventuellement coûter (recevoir des regards désagréables parmi d'autres, trouver une tenue confortable avec une morphologie atypique) ne soit plus au premier plan ?
En fait je me dis qu'on essaie de penser à comment mieux vivre le regard des autres mais qu'on se focalise un peu trop sur cette question et que c'est précisément de rester collé à ça qui empêche de le vivre plus tranquillement.
D'abord toi, après les autres. Pas dans le sens où tout pour soi et on s'en fiche du reste, comme disait Maud il y a des autres qui ne se laissent pas ignorer. Mais dans le sens de mon premier message: si on essaie de modifier un peu le vécu du dedans on a des chances de vivre autrement ensuite l'environnement.
Quelqu'un je pense t'a conseillé ça, de prendre soin du reste pour qu'une dynamique puisse émerger, de chercher à côté tout le bon possible pour soutenir ce qui est moins bon. C'est vraiment un bon conseil je trouve car on supprime jamais les sources de souffrance, mais on peut se donner à vivre autre chose de bon qui aide d'autant mieux à tolérer le reste.
Je m'arrête là parce que bon on retombe toujours sur les mêmes pattes au final ;)