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Besoin d'aide pour reprendre la RA

41 ans le plat pays, une fois! 17
Bonjour à toutes,

Je suis venue par ici pour trouver une écoute bienveillante et d'autres avis pour démêler un peu mon sac de nœuds afin d'avancer à nouveau sur le bon  
chemin, et d'apaiser ma relation à mon corps et à la bouffe.

Pour commencer, je vais planter un peu le décor, vous pouvez zapper pour arriver au vif du sujet ;) J'ai commencé à m'arrondir vers 10-11 ans, à l'époque je me souviens que je mangeais pour compenser mon mal-être (mauvaise intégration scolaire, qui ne s'est pas arrangée avec le surpoids naissant, et tensions entre mes parents qui les amèneront à divorcer), et que ma mère que ces rondeurs horrifiaient a commencé à me restreindre, à me faire des remarques et à accentuer la pression sur la nourriture "saine" (pas de bonbons, de gâteaux, de chips, de sodas, de fast-food etc), mais évidemment plus elle me restreignait, plus j'avais envie de manger, je mangeais même en cachette...Bref après une visite chez un nutri qui lui a dit que tout allait bien et qu'elle a taxé d'incompétent, j'ai commencé mon premier vrai régime à 11 ans. Et depuis la suite est classique, régimes à répétition, dépréciation, reprise avec bonus, régimes de plus en plus draconiens: soupe au collège, Dukon à 18 ans...et me voilà d'un peu ronde à obèse morbide à 32 ans. Les dégâts ne sont pas que sur mon corps, au fil des années je m'accepte mieux comme je suis. En ça la découverte de VLR en tant que lectrice fantôme m'a bien aidée, j'aime m'habiller et prendre soin de moi, je ne me trouve pas vilaine etc. Mais à force de régimes, de privations, d'épisodes dépressifs etc j'ai développé un TCA, je suis hyperphage. Ici j'ai aussi découvert Zermati, j'ai acheté le livre je l'ai lu puis je l'ai rangé jusqu'à me sentir prête...

En juillet 2012, après un suivi psy qui m'aide à avancer j'entame une RA seule, pas de thérapeute GROS près de chez moi, je me lance avec le livre même si je ne fais pas tous les exercices de façon académique (certains me sont inutiles), à ce moment-là maigrir n'est pas l'objectif. J'en suis arrivée à un point où les épisodes d'hyperphagie me font physiquement mal, et c'est de ça dont je veux me débarrasser. Les semaines passent et ça fonctionne, les crises s'éloignent (merci le suivi psy) mais la perte m'affole, ma carapace s'en va et je planque ma balance. Tout va bien jusqu'à ce que je tombe enceinte. Grossesse non planifiée et finalement menée à terme, mais le gyné pour le suivi me pèse...premier choc j'ai perdu un poids "significatif", ça me stresse. Prudent face à mon obésité, il décide de m'envoyer voir l'endocrinologue, après tous les tests possibles et imaginables, je n'ai pas de diabète mais en attendant je suis quand même mise au régime en prévision. Je le suis de loin, car je sais que les régimes sont néfastes mais je retombe dans les travers de la restriction cognitive. Pendant la grossesse ça ne gêne pas trop mais après l'accouchement la machine s'emballe. A la pesée je suis déçue d'avoir perdu trop peu, je suis à nouveau dans une logique de régime :? bien évidemment le résultat ne se fait pas attendre et je reprends le poids perdu même si je n'atteins pas le poids avant le premier épisode de RA. Je lâche tout et la nourriture redevient ma béquille, je me concentre sur mon bébé, sur ma tribu de cinq enfants sur plein d'autres choses.
Début mars, j'ai décidé de reprendre, je sais que la RA est la seule solution. J'arrive plus ou moins à détourner les crises, même si je n'ai pas trouvé de vrai palliatif à l'angoisse en les vivant en "pleine conscience", ce qui me permet de les arrêter avant d'être trop mal. Je marche beaucoup, d'abord par obligation mais je commence à y prendre goût. Mais je sens que je fais fausse route, je suis dans une logique encore trop restrictive. Je fais des repas "équilibrés" sans m'écouter, je bois des litres d'eau et surtout je me pèse et je peste de voir que ça ne descend pas assez. Bref je déconne à plein tubes, et je voudrais vraiment vraiment y arriver. Car je sais parfaitement que si je transforme cette RA en vrai régime je vais encore me faire du mal. J'ai un peu l'impression de vouloir prendre le contrôle trop drastiquement sur mon alimentation car je l'ai perdu dans d'autres domaines.

Merci d'avoir tout lu :D Auriez-vous des conseils à me donner pour bien recommencer? Pour m'ôter l'objectif "chiffré" de la tête?

Merci beaucoup d'avance ;)
S
53 ans suisse 993
J'ai bien aimé lire ton parcours et je trouve chouette cette idée de te remettre à la ra.

J'ai mon propre parcours sur des années, plus d'hyperphagie pour moi mais encore parfois de la nourriture émotionnelle. Je suis devenue une petite mangeuse et j'ai espoir parfois que mon set point ne soit pas atteint.

Que te dire?

Pour moi la ra ne se quitte jamais, on la découvre, on y croit, on s'y met on s'en éloigne mais quelquepart au fond de nous on sait que c'est pour toujours et qu'il n'y a pas d'autre moyen (bon sauf chirurgie pour celles qui choississent cette voie).

Si l'idée des consultations te plait et qu'il n'y a pas près de chez toi une copine-de-net avait consulté via skype un pro de la ra formé au gros sur lyon . Ca pourrait être une idée.

J'ai fréquenté linecoaching un certain temps, il y avait plein de bonnes choses dans les exercices, le parcours etc....mais un aspect sans doute trop informel pour moi.

Que penses tu qu'il te manque vraiment pour retrouver le chemin de l'écoute de toi?

Pour ma part je suis une formation à la pleine conscience, c'est ce qui me parle pour vivre au mieux chaque jours et j'ai trouvé des cours près de chez moi.

Certaines d'y remette via l'activité phyisique aussi en retrouvant le plaisir corporel de bouger , de se sentir vivre.

Peut être que des échanges plus personnels te conviendraient sinon? par mp? en rencontrant près de chez toi des personnes intéressées à se soutenir?
M
79 ans 327
Bonjour,

J'ai lu tout ton parcours, et comme beaucoup de personnes ici je pense, il a beaucoup de points communs avec le mien.

Dans ce que tu évoques, il y a deux choses qui m'interrogent.

La première est que tu parles deux fois de peur suscitée par le changement corporel dû à la perte de poids ("la perte m'affole, ma carapace s'en va" et "j'ai perdu un poids significatif, ça me stresse"). Pourquoi penses-tu avoir ressenti cette peur ? Serait-ce différent aujourd'hui ?

La seconde est que, à la lecture, j'ai l'impression que ta démarche de rééducation alimentaire est maintenant intimement liée à ton désir de perdre du poids. Je veux dire que pour parler de la RA entreprise en juillet 2012, tu dis bien qu'à ce moment-là, maigrir n'était pas l'objectif. Il s'agissait de ne plus avoir de crises hyperphagiques, en tout cas moins. Alors que depuis mars, après avoir expliqué comment tu réagis face aux crises, tu décris toutes les actions que tu fais pour perdre du poids (tu marches beaucoup, repas "équilibrés", boire de l'eau, rituel de la pesée) et surtout, tu es insatisfaite de ne pas atteindre tes objectifs de perte. Quand tu dis que tu voudrais vraiment y arriver, à quoi voudrais-tu arriver ? Ne plus avoir de crises ou perdre du poids ?

D'ailleurs, pardonne-moi ma brutalité, mais tu le sais très bien, tu es déjà au régime ("je fais des repas "équilibrés" sans m'écouter" et "objectif "chiffré"").

Dans mon cas personnel, toute tentative de prise de contrôle sur mon alimentation est voué à l'échec. Je peux contrôler les conditions dans lesquelles je mange, je peux même contrôler les moments auxquels je mange dans une certaine mesure, mais il m'est radicalement impossible de contrôler ce que je mange (lié au désir de tel ou tel aliment) et la quantité (mangé en-deça du rassasiement). Manger de la salade (dont je n'ai pas particulièrement envie), ou manger très peu de riz (parce que sinon, c'est trop pour maigrir), aboutit invariablement à une perte de contrôle derrière, avec tout son corpus de pensées négatives.

C'est pourquoi je te conseillerais d'arrêter ce que tu fais dans un premier temps, pour te consacrer à toi, et pas à la personne qui veut perdre du poids.

Quel rôle les crises jouent-elles dans ta vie ? Tu parles à un moment de la nourriture comme béquille. Sais-tu ce que la nourriture t'aide à supporter ? Et avant d'entreprendre la RA, as-tu mis en place un(des) dispositif(s) de soutien (la pleine conscience ou autre) afin de faire face sans nourriture ?

Et au-delà des crises, qu'attends-tu d'une perte de poids correspondant à ton objectif "chiffré" ? Ne plus avoir de problème de santé que tu aurais actuellement ? Une meilleure mobilité ? De plus jolis vêtements ? Une meilleure image de toi ? C'est certainement à rebours de l'air du temps présent, mais les chiffres ne comptent pas tant que les moyens mis en oeuvre pour y parvenir.

Enfin, admettons que tu atteignes ton objectif chiffré, comment visualises-tu alors ta vie ? Est-elle très différente de celle que tu as maintenant ? Je te pose la question parce que quand j'étais plus jeune, je m'empêchais de faire un certain nombre de choses (il y a tout un fil dessus dans ce forum d'ailleurs) à cause de mon poids, alors qu'il n'y avait aucun lien de cause à effet, sauf dans ma tête. La vérité est que la personne que nous sommes n'est pas si différente que ça après une perte de poids ...
41 ans le plat pays, une fois! 17
Merci à toutes les deux pour vos réponses :)

Sirelle, je n'avais pas du tout pensé à l'idée de consultations à distance via Skype ou un chat mais effectivement c'est une piste à creuser. Des échanges plus personnels pourraient aussi être une piste, ici peut-être, j'ai vu qu'il y avait un long post de ce type, ou peut-être via un blog. Par contre pour des copines IRL, c'est un peu plus compliqué, les seules rondes que je fréquente seraient plutôt des adeptes de régimes à points ;) mais pour d'autres moments de décompression c'est effectivement un soutien essentiel. Mais j'avoue que j'ai tendance à être une ourse des bois...
Ce qu'il me manque pour être vraiment à mon écoute, je crois que c'est le sentiment d'en valoir la peine. Si je suis honnête dans mon analyse, je suis dans une nouvelle période de sabotage...Reste à identifier de quoi je veux me punir...

Mellyne, je n'ai vu aucune brutalité dans ton message. Effectivement j'agis comme une personne au régime, du moins une grande partie du temps, je suis en tout cas en restriction cognitive et dépréciation de moi. Je vais essayer de répondre à tes questions. Alors pour ce qui est de la peur de perdre, deux choses: mon gras je l'ai longtemps vu et je le vois encore comme une protection contre le monde extérieur. Mes kilos me protègent des regards des autres, ils m'ont permis de gommer mon corps de femme, et ils sont en quelque sorte mon identité. J'ai peur de changer si je maigris, peur de remettre en question certains choix, peur de plaire (j'ai subi une tentative de viol étant ado), peur d'avoir également à faire des choix, à imposer ma personnalité que j'étouffe sous la graisse. Je ressens un grand décalage entre ce que je suis à l'intérieur, mes opinions décalées, mes goûts et l'image de "mamma" calme et posée que je renvoie. Je ne pense pas que ce serait différent aujourd'hui, non. Je n'ai pas encore les clés pour ça.

Pour la démarche de mars, au départ il ne s'agissait pas de "maigrir", mais d'arrêter de criser et il y avait une préoccupation du "sain" suite à l'hospitalisation de ma mère. Encore maintenant, l'objectif est "chiffré" dans le sens où je veux perdre, mais je n'ai pas fixé d'objectif de poids ou d'IMC. Je crois que je veux contrôler quelque chose, alors que tout se délite un peu autour de moi. Je "voudrais vraiment arriver" à une relation sereine à la nourriture: plus de crises et plus de restriction, à vivre de manière régulée. Et je sais que la clé est dans la méthode de Z et A et non dans les régimes. Je le sais, et c'est pour ça que ça m'énerve de régresser ainsi. Chez moi aussi le contrôle aboutit à la perte de contrôle derrière et je sais que dès que je me sentirai mal je vais criser +++ :x
Les crises m'aident à apaiser les émotions, auparavant elles étaient un anesthésiant, tels des shoots de bouffe. Aujourd'hui elles sont moindres, mais elles servent encore à faire baisser la pression. Particulièrement les émotions négatives comme l'anxiété (je souffre de trouble anxieux généralisé) et particulièrement l'angoisse de vide et d'abandon. J'ai vécu deux traumas en mars, le cancer de ma mère et l'entrée en centre de jour de mon fils, pour laquelle j'ai vraiment eu l'impression d'être dépossédée de mes choix et de perdre le contrôle. Depuis je perds pied, et beaucoup de choses m'échappent. A part vivre les crises en pleine conscience, ce qui me permet de les diminuer en intensité, et l'écriture je n'ai pas d'autre dérivatif. Je devrais probablement reprendre une thérapie, mais en ce moment ce serait très compliqué.

Je n'attends rien de la perte de poids en fait, juste l'impression que je peux faire quelque chose, agir sur quelque chose et avoir un résultat. Mais il est possible que j'éprouve une peur pour ma santé que je n'identifie pas. J'ai conscience que le poids n'est pas un frein pour réussir ma vie, et je ne me mets pas de barrières en particulier même si je n'irai pas courir un marathon. Bref, comme dirait Mulder, la vérité est ailleurs...que sur ma balance et ça c'est évident.

Merci à vous deux pour les pistes de réflexions :kiss:
52 ans Lorraine 4326
Bonjour !

j'ai trouvé ton temoignage tres interessant Norwenna .

J'avais envie de te poser les memes questions que Mellyne .

Peut-etre devrais- tu reprendre un travail psy pour t'aider à comprendre pourquoi tu ne peux pas quitter ta carapace ? Pourquoi mincir peut donc te faire peur ?

Moi aussi je me demandais pourquoi tu veux perdre du poids ?
en quoi ta vie serait meilleure/differente , avec du poids en moins ? Tu le sais ?

Parfois je veux perdre juste 1 ou 2 kg mais je me suis rendue compte que c'etait comme un reflexe , je l'ai voulu tellement longtemps que ca se rappelle à moi parfois, un eclair de mon cerveau ..
et aussi je veux pouvoir controler mon corps completement, de decider que si je veux un kg en moins , je dois le perdre, que mon corps m'ecoute ! mais en augmentant le sport, pas en me refaisant violence avec un controle alimentaire . Ma facon de manger "RA" est une vraie liberté que je n'abandonnerai plus ;-)

Veux-tu reprendre la "RA" pour maigrir ou pour te debarasser de ton hyperphagie ?

Je suis aussi d'accord pour dire que la RA c'est comme un automatisme , une fois les principes adoptés , y'a plus à se "forcer" pour les appliquer . Ca devient naturel (mais je ne souffre pas de TCA donc c'est peut-etre facile pour moi de penser ca ...)
38 ans 3196
Coucou Norwenna,

Je vis une chose assez similaire en ce moment. Je ne vais pas répéter tout ce que tu as très bien écrit : "je sais pertinemment que la RA est la seule voie possible vers l'apaisement, que la restriction cognitive est le problème, que maigrir ne changera rien etc. etc."... Mais ça ne suffit pas. J'ai cette putain de restriction cognitive chevillée au corps, d'autant plus en ce moment, où j'ai effectivement l'impression de "perdre le contrôle" (ou tout du moins de ne pas l'avoir), dans certains domaines de ma vie.

Et pour être honnête, j'ai même pas la force d'y réfléchir, ni même l'envie d'analyser le pourquoi du comment. Débâcle totale, je suis juste dépassée.

Bref, je suis pas sûre que mon message soit très utile. C'était juste pour dire : "hey ! tu n'es pas seule, et je compatis !" ;)

Bisous :kiss:
49 ans Paris 9874
Bonjour, bienvenue et merci de ton témoignage, dans lequel je me reconnais aussi!

Si je peux me permettre une question, qu'entends-tu par te "détourner" de tes crises? tu parles aussi de "palliatif" aux crises?
B I U