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Confidences .. Je n'ai jamais été la même depuis

41 ans On my black cloud in a white heaven 7469
Bonjour,
Ce texte est né suite à un post sur le forum que je ne retrouve pas. Celui où il est demandé quel est notre plus mauvais jour de notre vie.
Il  
a été impossible pour moi d'identifier un jour ou une période et j'ai ressenti le besoin de poser le texte qui suit. Attention pavé où je me livre à coeur ouvert.
Merci à tous ceux qui le liront.

Ce jour où, à 12 ans, je n’ai pas voulu aller au collège. La veille, j’avais été prise de fort stress avant de monter sur scène lors du concert de la chorale de la classe et où certains se sont moqués de moi. J’avais déjà connu un ou deux épisodes de stress plus petite mais je ne saurais jamais pourquoi c’est celui-ci précisément qui fera que je ne serais plus une ado comme les autres. Ma vie s’était résumée à une profonde solitude entre école et maison, à développer phobie sociale et à faire des crises de panique dès que je devais faire quelque chose d’inhabituel (même le dentiste) et surtout à ne pas avoir de vie puisque je ne sortais que pour l'école ou les courses. À perdre ma meilleure amie qui n’a jamais compris. J’ai dû gérer cela jusqu’à mes 17 ans toute seule puisque mes parents n’ont jamais compris ce qu’il se passait, 17 ans où ma survie n’a été que grâce à la délivrance d’un antidépresseur, je refusais le psy. Tout cela a donné naissance à un tatouage quasiment 10 ans après, des ailes d’ange noir dans le dos, des ailes d’un ange pas tout à fait dans la lumière mais pas déchu pour autant. Depuis ces années, je n’ai plus jamais été la même.

Ce jour où à 13 ans, lors d’une réunion de famille qui tourne à la dispute, mon papa se lève et s’en va à pied alors que notre maison se situe à plus de 20 kms ! Ne supportant pas les cris et la dispute, il a préféré partir. Je ne me rappelle que très peu de choses, juste être à l’arrière dans la voiture de mon oncle et littéralement fondre en larmes en apercevant mon papa au loin marchant et qui avait parcouru au moins 5 kms ! Depuis ce jour, je supporte plus de façon épidermique les disputes. Je n’ai jamais plus été la même depuis.

Ce jour où, à 15 ans, debout devant mon lit en train de me préparer pour le lycée, ma mère ouvre la porte de ma chambre pour me dire « mémé est morte hier soir à l’hôpital, ta tante a laissé un message sur le répondeur hier soir à 22h30 ». Alors que précisément ce fameux « hier soir » à peu près à la même heure, sans savoir pourquoi, je me suis mise à sangloter dans mon lit en me disant que je ne reverrai jamais plus ma grand-mère comme elle était avant (Alzheimer la détruisait). J’avais pressenti sa mort … Cette grand-mère qui me gardait petite quand mes parents travaillaient et qui était ma mamie tout simplement … Celle envers qui je me sens reliée à jamais. Je n’ai plus jamais été la même depuis.

Ce jour où, à 23 ans, je vis ma première séparation après 5 ans de vie commune. Mais 5 ans à être transparente, à ne jamais admettre en fait qu’il ne m’a permis de que de me sauver de chez mes parents, antre de ma phobie sociale. 5 ans à passer à côté de ma vie et ne pas prendre soin de moi. 5 ans à vivre avec quelqu’un au fond que je n’aimais pas mais de qui j’étais dépendante. La rupture a été très dure car j’ai été forcée de faire connaissance avec moi et je me suis retrouvée livrée à moi-même. Au final, je l’en remercie. Je n’ai jamais été la même depuis.

Ce jour où, à 28 ans, je vis une relation de façon chaotique. Elle n’a pas duré longtemps, 6 mois, mais a été la plus dure que je n’ai jamais vécue. Cette relation aurait pu être parfaite, il était adorable, beau comme un cœur, attentionné, ne voulait que mon bonheur. Mais mes démons intérieurs ont pris très vite le pas les 4 derniers mois de la relation où j’ai glissé petit à petit vers un état dépressif. A avoir simplement peur du bonheur, à ne pas savoir le gérer, à ne voir que ça. J’ai été mal, je ne mangeais plus, je dormais mal, je faisais des mini crises d’angoisses, je voyais tout en noir. Lui a d’abord voulu m’aider, m’a soutenu mais s’y est épuisé et je le comprends. Et m’a quitté. J’ai donc commencé une thérapie. Cette histoire est à jamais gravée en moi et je n’ai plus été la même depuis.

Ce jour où, à 29 ans, j’ai dû mettre fin à une relation d’amitié ultra fusionnelle avec cette fille. Elle durait depuis 4 ans. Mais les échanges de sms du matin au soir, 7 jours sur 7, 365 jours par an, je n’en ai plus pu. J’ai saturé, j’ai fait un burn out. Ma thérapie me donnait envie d’avancer mais cette fille me retenait de le faire. Elle n’a jamais compris ce que j’ai essayé de lui faire comprendre, que cette relation était malsaine. 4 mois de mots durs échangés, de communication contreproductive, de larmes, d’estomacs noués pour un point de non-retour peu avant Noël. Depuis, je me tiens très loin du portable, je ne supporte plus aucune fusion, je suis maladroite et ai quelque part peur de l'amitié. Je n’ai jamais été la même depuis.

Ce jour où, à 31 ans, ma meilleure amie m’appelle en pleurs. Son chéri s’était fait hospitaliser en urgence 2 jours avant. Cela devait aller. Elle me conjure de venir vite et craque dans mes bras quand j’arrive sur place. Il a fait un arrêt cardiaque dans la nuit, ils ont dû l’opérer. Ils ne savent pas s’il va s’en sortir. Ses organes lâchent un par un. L’alcool a été plus fort et l’a tué. Il a été débranché en fin de journée. J’ai dû faire face, pour elle, pour lui. Pour elle quand il n’a plus été là, ma meilleure amie qui se voyait vivre avec lui une si belle histoire. Elle qui était devenue ma meilleure amie en comprenant que j'étais un peu cassée et qui a fini par être indispensable dans ma vie. Lui qui ne voulait que s’en sortir. Si jeune … J’ai failli flancher moi aussi mais je me le suis interdit. Cela a été extrêmement dur pour elle et je culpabilisais que cela le soit pour moi aussi. Le plus ironique est qu’il devait entrer en cure le jour de sa mort … Injuste et amer … Je ne supporte plus l’alcool depuis et je n’ai jamais été la même.

Ces épisodes ont conditionné celle que je suis aujourd’hui. Encore en proie avec moi-même, j’aime à penser que j’ai passé le pire. Quelque part, cela fait du bien de poser tout cela, je ne l’avais jamais fait auparavant.
I
37 ans Lille 8
Ton texte est très touchant, plein d'émotions et montre comment chaque épreuve quel qu’elle soit laisse, en nous, une trace indélébile..
551
écrire permet souvent d'exorciser une partie de ses démons.

Courage ... Il y a toujours une lueur au bout du chemin . :)
41 ans On my black cloud in a white heaven 7469
Merci Irrys. Oui, les épreuves nous forgent mais souvent, elles nous rendent aussi plus forts, heureusement !

Tout à fait Nini. Le tout est d'apprendre à pas trop regarder dans le rétroviseur, et c'est pas facile ! Le noir est derrière (dans le bas de mon dos pour moi ^^) donc la lumière ne peut être que devant :)
551
Sous l'encre de nos tatouages parfois on tente de cacher les cicatrices invisibles que la vie nous laisse.

Un jour on s'en sort . Je parle en connaissance de cause.

Ca n'est pas facile, parfois on a l'impression de regresser, que les ombres reviennent tout envahir mais il nous faut garder espoir en des jours moins noirs.

C'est dans les moments sombres qu'on voit le mieux la lumière alors suis là et continue droit devant toi.

Plein de courage et de bisous pour toi Stefania
41 ans On my black cloud in a white heaven 7469
Merci Nini, mais ça va hein :) Ca va mieux qu'hier et bien moins que demain. Il faut y croire.

Bisous à toi !
B I U