Le 18.08.04 Par lil-Kitty

Ma vie, mon frigo… Mémoires boulimiques

En excès de poids depuis une quinzaine d’années et ayant suivi des dizaines de régimes se soldant toujours par des échecs accompagnés de l’effet yoyo, j’ai eu comme une prise de conscience : Et si mes problèmes de poids étaient le symptôme d’une fragilité psychologique ?

J’ai donc commencé il y a quelques mois une thérapie.

J’ai alors contacté les consultations du centre médical psychologique de ma ville.

Lorsque j’ai commencé à parler de mon rapport avec la nourriture, du fait que celle-ci était tout à la fois une amie et une ennemie, de la façon dont je mangeais, du fait que je n’arrivais pas à maîtriser les quantité avalées et que, seule une sensation de plein à la limite de la nausée pouvait me faire arrêter de manger, la psychologue qui me suit a lancé le mot : BOULIMIE.

J’ai d’abord

refusé d’accepter ce diagnostique. Pour moi, une personne boulimique n’est pas obèse !

La boulimie c’est une maladie grave, et les personnes qui en souffrent sont obnubilées par leur apparence et leur poids. Comme l’anorexie, c’est un trouble mental grave.

J’ai certes, étant plus jeune, tenté de me faire vomir, et j’ai pris des laxatifs pendant une période aussi. Mais je n’ai jamais persévéré dans ces voies (je suis limite « émétophobe« , c’est-à-dire que le fait de vomir m’est insupportable).

Le fait de donner un nom tel que « boulimie » à mon état est toujours quelque chose d’assez difficile. Je me sens comme une intruse dans ce monde là.

« La boulimie touche 70% des personnes qui sont en surpoids et qui consultent des nutritionnistes« , m’a dit ma psy.

J’ai fait des recherches sur la forme de boulimie dont je souffre, la seule chose que j’ai trouvé qui s’en rapproche dans la description des symptômes est l’hyperphagie boulimique. Mais toujours selon ma psy, l’hyperphagie est une maladie due à la distension anormale de l’estomac, ce qui est relativement rare.

Il faut donc que je l’accepte, je suis boulimique. Il y a quelque chose qui me pousse malgré moi à me remplir.

Ce n’est pas facile du tout. Accepter!

D’abord, parce que cela me donne le sentiment d’avoir trouvé une « excuse » à mon obésité.

Ce que ma psy a révélé en me disant : « Vous n’avez pas de problème de poids. Vous êtes boulimique« . Alors qu’après avoir passer des années à croire et à entendre dire que la volonté suffirait à me sortir de mes problèmes de poids, voilà que l’on m’apprend que je n’ai pas de problème de poids, mais que mon problème est bien plus profond.

C’était à la limite, plus facile de penser que je manquais de volonté. Au moins cela m’évitait, à moi (et à mon entourage) de poser la vraie question : « Mais qu’est ce qui ne va pas chez moi ?« .

Personne n’a jamais cherché à savoir pourquoi je devenais toujours plus grosse et pourquoi, alors que motivée pendant mes périodes de « régimes« , je n’arrivais pas à maigrir.

Il n’y avait pas de raisons médicales, alors ça ne pouvait être que moi et bien sûr c’était parce que je manquais de volonté.

Depuis que je suis « consciente » de mon problème, j’essaie de m’observer et de comprendre mon mécanisme de fonctionnement, ou plutôt, celui de mes pulsions.

La plus part du temps, mes « crises » surviennent alors que je suis seule.

Parfois j’arrive à en localiser la cause et parfois je ne sais pas pourquoi cela arrive. Je mange, vite, beaucoup, jusqu’à avoir mal, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de nourriture à ingurgiter.

Parfois j’en pleure parce que je suis incapable de m’arrêter. Je ne connais pas la faim, ni la satiété. Je sais juste les pulsions, les envies qui font perdre la tête et les nausées qui marquent la fin d’une crise.

Ca arrive comme ça, parfois je sais que ça vient, parfois ça me surprend, il faut que je mange.

Avec le temps j’arrive même à « prévoir » de quoi satisfaire mes pulsions.

Je comprends maintenant pourquoi les régimes que j’ai suivis n’ont jamais eu le résultat escompté sur moi : Bien sûr, le temps que j’arrivais à tenir, je perdais du poids. Mais les crises, aggravées par la frustration, finissaient toujours par avoir raison de ma perte de poids.

Quand j’y pense ! C’est horrible de m’être infligé ça.

Le chemin vers la délivrance va être long.

Il va falloir que je change ce comportement qui est tellement habituel et vital pour moi.

Ce rapport d’amour/haine que j’entretiens avec la nourriture devra prendre fin, pour ne laisser à la nourriture que la place qui lui est due : Apporter à mon corps les éléments nécessaire à son bon fonctionnement, chose que je sais, mais que je suis pour l’instant incapable d’appliquer.

Le goût et le plaisir de manger c’est encore vague pour moi. Quand je ne suis pas en crise, je sais dire que ce que je mange est « bon« , mais lorsque je suis en crise, le goût est relativement, voire totalement occulté.

La possibilité de prendre du plaisir en se nourrissant au cours de repas cadrés et structurés ou la qualité prime sur la quantité me parait encore lointain.

J’ai aussi fait le deuil de beaucoup d’espoirs que j’avais, de fantasmes de minceur un jour.

Je sais maintenant que les régimes, non seulement sont mauvais pour le commun des mortels, mais qu’ils sont destructeurs pour les gens comme moi.

Les chirurgies gastriques me sont aussi interdites : elles ne soignent pas la boulimie. Une boulimique avec un anneau ou un by-pass est en danger de mort, car si l’estomac et plus petit, les crises, elles, sont toujours là.

Tout ce que je peux faire aujourd’hui, c’est essayer d’avoir une alimentation aussi équilibrée que possible en dehors de mes crises que je n’arrive pas à maîtriser pour le moment.

Je sais aussi que je dois comprendre pourquoi je suis devenue boulimique, et c’est peut être ce qui est le plus effrayant.

Mais j’ai décidé de me donner une chance, de devenir enfin heureuse.

Un jour après l’autre… Un jour après l’autre.

Profil de Lil’Kitty sur vivelesrondes.

A voir :

Livres sur la boulimie

Liens boulimie

Boulimie : la peur du vide (sur doctissimo).

boulimie.fr. Un site d’aide au personne atteinte de boulimie.


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