Telle que tu te décris, avec ton non-désir d'enfant et tes interrogations, ça pourrait être moi il y a encore 2 ou 3 ans... Je n'ai jamais aimé les enfants, encore moins les bébés qui étaient pour moi sans intérêt... j'ai eu peu de naissances dans mon entourage, et j'appréhendais toujours la visite obligée (que j'évitais si possible) à la maternité, et j'ai toujours refusé de prendre les bébés dans mes bras...
Bref... et bien sur (bonjour le cliché ! :lol: ), à l'approche de la trentaine, j'ai commencé à me dire "un jour peut-être", là où je disais "jamais de la vie" quelques temps plus tôt... en fait, petit à petit, je me suis dit que j'avais envie de faire cette expérience
d'élever un enfant... mais pas de le faire... C'est à dire qu'en plus, l'idée de grossesse me mettait profondément mal à l'aise... et l'idée d'accouchement me dégoutait au plus haut point... donc je me voyais bien adopter un enfant, un jour, mais pas spécialement le faire...
Et puis en novembre dernier... crac ! accident de capote, pilule du lendemain qui ne marche pas... et je suis enceinte... gros dilemme... tout ce que je rejette est là, je suis avec le "papa" depuis 6 mois à peine, on vit à 1000 km l'un de l'autre, je veux pas être enceinte, je veux pas quitter mon travail, je ne veux pas élever un gamin dans ce monde, je ne suis pas prête à être maman, je ne veux pas accoucher... bref... je décide de ne pas le garder... et puis je change d'avis pour diverses raisons...
Aujourd'hui, ma fille a 2 mois, et c'est un bonheur de chaque instant... je ne regrette rien du tout, même si je ne suis pas sure de vouloir un deuxième un jour (parce que forcement, on me pose déjà la question "c'est pour quand, le deuxième ?") :lol: ça a transformé ma vie complétement, ça m'a obligé à faire des choix qui ne me sont pas évident (tout quitter - boulot et amis, et paris - pour aller vivre à l'autre bout de la france avec le père de ma fille, dans un endroit qui ne me convient pas du tout, où je ne connais personne et où je n'ai pas de boulot... mais ce que je suis en train de vivre, je ne le regrette pas, je sais que je vais faire de mon mieux, et je me dis que cet accident est finalement bien tombé, parce que je ne me serais jamais décidée, sans doute, et ça aurait été dommage pour moi, je pense...
Je ne dis pas que j'aurais moins bien vécu si je n'avais pas eu d'enfant (j'aurai bien le temps de regretter, quand elle sera dans l'adolescence :mrgreen:) mais en tout cas je que je vis maintenant est très enrichissant.
Donc c'est marrant de lire ce que tu écris, parce que je me reconnais tout à fait dans ton discours il y a quelques années... moi aussi je passais pour un monstre, et j'ai fait le désespoir de ma mère (je suis fille unique, donc j'étais son unique chance d'être grand-mère :mrgreen:) et j'ai quitté plusieurs de mes conjoints justement parce qu'ils avaient ce désir d'enfant que je n'avais pas, et persuadée que je ne changerais jamais d'avis, je ne voulais pas leur imposer mon choix...
Bref, tout ça pour te dire que tu penses ça pour le moment, et peut-être que tu changeras d'avis, ou peut-être pas, mais que la vie s'en chargera par surprise (comme ça a été le cas pour moi), et peut-être aussi que tu resteras sur tes positions, qui sont tout aussi respectables que celles des personnes qui veulent des enfants... le désir d'enfant n'est pas quelque chose d'obligatoire, même si l'Homme est naturellement programmé pour vouloir se reproduire (et parfois on se demande si là n'est pas le vice de forme :roll: )...
Il y a une pression sociale énorme sur les femmes, et après toutes ces années de combats féministes, je me demande comment il est possible qu'on ne soit toujours considérées que comme des ventres à remplir, comme si une femme n'ayant pas enfanté ne méritait pas le titre de femme, parce qu'elle n'est pas mère... il y a encore beaucoup de choses à faire pour que les mentalités changent...
Excuse-moi pour le roman que je viens de t'écrire, mais en résumé, tout ce que je voulais te dire, c'est de ne pas te prendre la tête avec ça, de vivre ce que tu dois, et de ne surtout pas te forcer... tu aimes ton ami, mais effectivement, peut-être que tu le laisseras partir parce que son désir d'enfant sera trop fort, et le tien inexistant... ou peut-être que ça ne sera juste pas encore le moment pour toi, etc... je pense qu'il vaut mieux ne pas se lancer, si ce n'est pas "pour soi", mais seulement "pour l'autre"... de même qu'il ne faut pas que ton conjoint cède à ton non-désir, si lui a vraiment ce désir... sinon il y a forcement de la frustration d'un côté ou de l'autre, et les reproches ne tardent pas à suivre "à cause de toi, j'ai renoncé à... " et ce n'est pas bon... mais ce n'est que mon avis... tu dois rester à l'écoute de tes envies, ou de tes "non-envies", c'est important...
:kiss: