Effectivement dans de nombreux pays, ces conditions ne sont pas requises, pour pouvoir effectuer un don ( encore que dans des pays comme la suisse ou la belgique c'est plutot de la vente de sperme) mais à l'inverse, dans d'autres pays le don n'existe même pas alors certes la loi francaise peut sembler strict mais le don est permis et ça, c'est déjà formidable, pour les quelques milliers,chaque année, de receveurs qui, comme nous,peuvent bénéficier d'un don.
Ca peut sembler bizarre mais on demande aux donneurs d'etre déjà père pour éviter, si par la suite le donneur n'a pas d'enfant ou que par maladie ou accident, qu'il ne puisse pas en avoir, qu'il n'ait le désir de réclamer un droit sur les enfants issus de son don ( même si légalement il ne le peut pas). Demander à un donneur d'etre déjà père, c'est comme demander à un homme qui va donner un rein, d'avoir un 2nd en parfait état de fonctionner seul.
Donner ses gamètes, ce n'est pas comme donner du sang ( même si ces messieurs en produisent des millions et des millions tout au long de leur vie). Moralement, c'est bien plus délicat. De mon point de vue personnel de receveur, je pense qu'un homme déjà père est plus à même de comprendre la portée de son acte, tant dans le don que ,surtout, dans l'abandon des droits à paternité qu'il doit effectuer au profit du père receveur. Je ne dis pas qu'un homme sans enfant ne ferait pas un bon donneur ou qu'il n'aurait suffisament de sensibilité pour le faire mais renoncer à des droits parentaux alors cet enfant issu de notre don est peut-etre le seul enfant biologique qu'on aura, ça me semble plus délicat à faire pour les hommes pas encore non pères.
A titre personnel, je pense que la loi est plutot bien faite. Elle protège au mieux les interêts des enfants issus de ces dons, tout en privilégiant les liens avec les parents receveurs: les parents sont reconnus comme tel avant même l'attribution du don, et le donneur renonce à tout droit sur ce qui pourrait naitre de ses gamètes. Il conserve le droit tout de même de pouvoir retirer ses gamètes des dons attribuables s'il en a envie ( sauf pour les paillettes de sperme déjà attribuées qui restent la propriété du couple receveur). Certains trouveront peut-etre que le donneur est vite oublié, c'est vrai, mais c'est aussi grâce à cette condition d'éviction du donneur( même si on le remerciera jamais assez) que le couple receveur peut se sentir pleinement parents de l'enfant. Un 2eme homme dans un couple, c'est un de trop, ça risque de déséquilibrer la cellule familiale. Je ne sais pas si je suis bien claire, j'ai beau etre directement concernée, c'est difficile de mettre des mots sur ce que je pense et ressens :D.
J'ajouterai pour finir, mais là aussi c'est un ressenti très perso, que savoir le donneur, déjà père, me permet de ne pas avoir l'impression qu'on s'est attribué une parentalité qui n'est pas la nôtre ( même si biologiquement cet enfant à venir est le mien).
Quand aux hommes non désireux de se marier ou gays, s'ils veulent donner la vie,rien ne les empêche de devenir père ( la gestion pour autrui est autorisé dans plusieurs pays étrangers). Mais s'ils veulent juste effectuer un don pour donner la vie, je ne pense pas qu'ils soient dans la bonne démarche psychologique. Effectuer un don de sperme, ce n'est pas donner la vie ( un don d'ailleurs ne donne pas forcement naissance a un enfant), c'est simplement donner un espoir à un couple de fonder une famille, et non pas se donner un espoir d'avoir une descendance biologique, même inconnue.