Citation::arrow: Qui vous voit comme vous êtes ?
Les plus observateurs... les femmes. Mon psy. Ma mère. Dieu, aussi.
Et plus généralement ceux devant lesquels j'ai relativement peu besoin (depuis le temps...) de mentir, de cacher mes faiblesses. Mes amis.
Mais la question posée est, je trouve, fort problématique.
Elle sous-entend que nous savons déjà "qui", ou "ce que" nous sommes, et invite à se demander quels sont ceux qui seraient le moins dans "l'erreur" lorsqu'ils émettent un avis sur nous (erreur, donc, relative à une vérité que nous possèderions déjà).
Or, possédons-nous toute la vérité sur nous-mêmes ? Si par exemple quelqu'un s'aperçoit de l'égoïsme de notre conduite et nous le fait remarquer, il sera souvent difficile d'admettre qu'il avait raison, nous dirons alors : je ne suis pas égoïste, ce n'est pas vrai, tu te trompes... Nous le mettrons dans l'erreur, par amour-propre, et pour préserver une bonne image de nous-mêmes nous chercherons à notre conduite des motifs qui la justifient ("ce n'était pas ma faute, j'étais fatigué, et puis il y avait ceci et cela...") Il est des vérités qu'il est bien plus facile d'apercevoir chez les autres que chez soi ! (La paille dans l'oeil du voisin...) Voici donc un cas où quelqu'un me voit tel que je suis mais comme je refuserai de l'admettre, je dirai qu'il se trompe. Inversement j'aurais facilement tendance à croire que les gens qui me flattent ont une idée plus exacte de moi-même ! D'où ma contre-question : suis-je le mieux placé pour répondre à ta question ?
Récemment j'ai été filmé par mon amie : une petite séquence où je disais n'importe quoi, où je jouais à la personnalité importante qui dit des choses importantes. J'ai été très surpris du résultat : c'était la première fois que je me voyais filmé... et je ne me suis pas reconnu !
(Après le stade du mirroir, le stade de la vidéo...)
C'était la première fois que je me voyais parler, que je voyais mon visage, mes gestes, exprimer du sens.
C'est surprenant de passer de l'autre côté du miroir : quel grand écart entre le sentiment de soi et le spectacle de soi ! Entre le Même et le Même, quelle altérité ! Et pourtant c'était une séquence où je jouais un personnage, où donc j'aurais pu penser avoir une relative maîtrise consciente de ce que je disais, des gestes que je faisais... quelle illusion ! Non, en me regardant comme du dehors, je me vis vraiment comme un autre, je vis que la part du maîtrisé était mince relativement à la part de ce qui m'échappait tout à fait, de ce que l'on pourrait nommer l'inconscient. Tous ces mouvements, toutes ces expressions, des yeux, des mains... les voulais-je vraiment ? A chaque instant ? Non ! Tout cet écoulement permanent, cette mobilité continue et vivante, cette respiration, ce... je ne sais quoi... eh bien voilà, cela aussi c'était moi, il fallut bien l'admettre !
Admettre aussi... que les autres sont sans doute mieux placés que nous pour nous connaître, qu'ils peuvent nous éclairer sur nous-mêmes comme jamais nous n'en serions capables. Le tout est de faire ses remarques avec tact, car il est vite fait de vexer quelqu'un, surtout un orgueilleux. (Mais là je parle pour moi, je parle... d'expérience !).
Alors, à la question : qui me voit comme je suis ?
Je serais tenté de répondre : mais tout le monde, hormis moi !
Voilà pour la première question.
Quant aux autres... une autre fois, peut-être ? J'en ai assez pour ce soir.