Je ne pense pas que ça serve à grand chose de nourrir de la haine pour toutes les petites moqueries subies....parce qu'en ce qui me concerne, si je devais retenir toutes les reflexions que j'ai eues pendant toutes mes années collège, je serais sacrément aigrie!
Après, dire "non mais c'est pas méchant, quand on est jeune on ne pense pas a mal", j'ai du mal. Quand on est petit, je dis pas. A 13 ans, j'estime qu'on est parfaitement conscient du mal qu'on fait. Me faire traiter de grosse vache, quand la personne le fait une fois puis finit par m'ignorer, finalement je passe à autre chose. Mais en troisième, le mec de ma classe qui a décidé de faire de moi sa victime, a base d'insultes quotidiennes, d'humiliations (il s'est amusé a faire par ordi une histoire illustrée, dont l'héroïne était une vache nommée Angéline, et il l'a fait circuler, sachant qu'on devait être a peine 300 élèves et que j'étais la seule a porter ce prénom....), de croche-pieds, de crachats, il fait pas ça "pour rire". Juste parce qu'il voulait a tout prix être populaire et qu'il voulait imiter ses copains qui étaient pourtant bien plus "soft" à mon égard. De mon côté, j'étais le genre à vouloir éviter les conflits, à vouloir me faire aussi petite que possible, j'avais beau essayer de me défendre, je manquais de caractère. Mais intérieurement je nourrissais une haine incroyable. Envers ce mec qui n'avait d'autre motivation que de faire du mal. Envers moi qui n'était pas capable de me défendre, qui n'a pas su être forte, qui n'a pas su avoir la repartie nécessaire (après coup, c'est pas dur.....j'aurais du lui demander d'ou venait cette obsession a mon égard, lui dire que j'étais flattée qu'il consacre une soirée de sa précieuse vie a inventer une histoire en pensant à moi....), qui rentrait du collège avec un vide incroyable et l'irrépressible envie de dévorer tout ce que je trouvais dans mon placard,espérant que ça me ferait oublier ce que je vivais au quotidien. Envers le collège et sa mentalité de merde. Envers mes "copines" qui ne cherchaient même pas à me défendre, a qui il arrivait même de rire aux vannes de ces connards.
Je suis sortie de ces années collège avec une piètre opinion de moi, toute confiance en moi disparue (faut dire qu'a l'époque, ma mère vivait avec un homme qui prenait plaisir a me dire quotidiennement que je n'étais bonne à rien et que j'étais "grasse comme un mulot"). J'étais devenue agressive, susceptible à mort.....je voulais faire croire que je m'assumais, que je ne laisserais plus personne m'attaquer, au fond, j'étais capable de me dire "j'suis qu'une merde"....
Au fond, je m'en voulais a mort, je me disais que si j'avais plus de répondant, on m'aurait laissée tranquille.....au collège, je n'étais pas la seule grosse, il y'avait même une fille plus grosse que moi, mais JAMAIS on ne l'embêtait (faut dire, je m'y serais pas frottée non plus, elle avait un tempérament de bouledogue, je ne sais pas si c'est mieux....). Moi, je faisais plus jeune que mon âge, j'étais un peu "naïve", je croyais qu'a force d'être gentille, on allait finir par l'être avec moi.....
On aurait du me prévenir que quand on rentre au collège, que tu sois trop gros,trop petit, trop grand, trop roux, avec des oreilles décollées et un appareil dentaire, on trouvera toujours le moyen de t'embêter.....
Au final, je crois que si je recroisais ceux qui se sont moqués de moi, franchement, j'oublierais, je passerais a autre chose, je parlerais du "bon vieux temps" qui n'était pas si bon que ça....Après tout, je n'étais pas une oie blanche, il m'est déja arrivé de me moquer d'une personne que je n'aimais pas, avec qui j'avais des "embrouilles" (donc, je sais parfaitement que ça fait mal), et de passer à autre chose.Mais mon camarade de troisième (pour dire, je n'ai RIEN oublié) qui m'a persécutée, mon beau-père, je ne peux pas leur pardonner....c'est en grande partie que je dois ce travail de sape sur mon estime de soi.