Coucou!
Moi, je suis institutrice dans le primaire à Bruxelles, dans un quartier défavorisé.
Principal inconvénient chez nous : le métier est complètement dévalorisé, ridiculisé, rabaissé, et ce même par nos propres "chefs" (ministres de l'enseignement, échevins, ...)
On nous en demande toujours de faire plus avec toujours moins de moyens.
On a un salaire d'instit (ça vole pas haut du tout) mais en plus on doit assumer la fonction de :
- psychologue (pour enfants, parents, collègues)
- éducateur (malheureusement trop de parents démissionnent et nous délèguent le devoir d'élever et d'éduquer leurs mômes --> et en plus il arrive que lorsque nous en convoquons un pour le mauvais comportement de leur enfant, il nous le reprochent à nous en disant que ce n'est pas leur problème ce qui se passe à l'école...)
- assistant social (recherches, démarches, alertes aux organismes concernés pour aider les enfants / les parents dans leur vie familiale, sociale)
- comptable (ramasser l'argent pour ci, pour là, excursions, bricolage, animation, piscine... en culpabilisant de devoir leur réclamer pendant des semaines car vous savez pertinemment que la famille est dans le besoin)
- professeur de langues (si si, je dois donner cours de néerlandais alors que je n'en pète pas un mot! --> pas de fonds aménagés pour des professeurs spécialisés dans notre coin)
- maître nageur (quand il n'y a pas de prof de gym, nous devons prendre en charge les heures de piscine)
- juge (conflits entre parents, entre enfants, entre parents et autorités...)
- réparateur en tout genre (lunettes, fermetures éclair, trousses, cartables, classeurs, chaises, rideaux, ...)
- femme de ménage (car les dames d'entretient sont déjà tellement débordées qu'on culpabilise qu'on met la main à la pâte)
- infirmière (bobos, maux en tout genres... perso j'ai eu une élève qui s'est étouffée avec un capuchon de stylo, j'ai eu la peur de ma vie, mais j'ai réussi à lui faire expulser avec la manoeuvre de Heimlich avant qu'elle ne tombe dans les pommes...)
...
Sans compter les heures sup' non considérées : 2h de préparations, corrections chaque jour en dehors des heures d'école, fancy-fairs, marchés de Noël, courses, voyages scolaires où l'on est sur le pied de guerre 24h/24, ... Et à part ça on dit qu'on est des fainéants...
Ensuite, il faut des nerfs d'acier pour gérer la discipline, la misère de certaines familles, les malheurs des enfants (j'ai beaucoup de mal à garder une certaine distance face aux problèmes (familiaux, sociaux) des enfants, je me laisse vite bouffer et ronger par tout ça, j'en cauchemarde, ...
MAIS --> malgré tout ce que je viens d'écrire, sachez que mon métier m'épanouit à 110%, je ne l'échangerais contre rien au monde, car il y a tellement de joies et de satisfactions à côté de ça qu'on arrive à faire avec!! Rien ne vaut un sourire d'enfant, la joie d'un élève qui découvre, qui progresse, qui apprend, qui s'amuse, qui rit, qui communique, qui échange, ... et que c'est un peu grâce à vous, c'est plus que gratifiant!
Voilou!