Je reconnais ma maman dans les différents témoignages. Mais pas seulement ma maman en fait. J'ai beaucoup de personnes de mon entourage qui, sous le couvert du "c'est pour ton bien que je te dis ça", arrivent à prédire mon avenir, à me démolir le moral, à me maintenir la tête sous l'eau de la dépression.
Toutes ses petites remarques lancées sur le ton de la compassion mêlée d'attention qui font grincer des dents à laquelle on ne sait pas comment y répondre tellement ça semble effectivement une bonne intention et c'est aussi tellement douloureux et assourdissant.
Je ne vis plus chez mes parents depuis des années et pourtant, ce sentiment de honte et de culpabilité remonte toujours à la gorge. J'étais épiée pour savoir ce que je mangeais, si je faisais du sport, si j'avais ENFIN décidé de maigrir. A chaque bouchée, je culpabilisais de l'avoir mangé. Et maintenant, même parfois chez moi, je culpabilise d'être grosse, de ne pas être comme maman veut.
Et pourtant... j'ai prouvé que je pouvais vivre et bien avec ce corps rejeté par mon entourage : un appart, un boulot, un chéri, un permis, une voiture, des amis... Tout ce que je ne pouvais soi disant pas avoir je l'ai eu finalement. Et personne n'aborde plus le sujet.
Mais la démolition complète de mon estime et de mon image a été faite et je ne sais pas si un jour elles se reconstruiront.
Mais "ma chérie, on va t'emmener voir une diététicienne parce que vraiment, tu vois que ça va pas. Tu as trop de poids"
"Tu vois bien que tu ne peux pas porter certains vêtements toi, tu dois cacher. Mets le t shirt de ton père je crois qu'il devrait t'aller"
"Ta copine est belle, elle. Et regarde elle est mince. Elle aura surement tous les hommes à ses pieds"
"tu es socialement inadaptée car vraiment, qu'elle entreprise t'embaucherait? tu donnes une mauvaise image de l'entreprise"
"mais dis moi... tu fais un régime au moins?"
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