Lalwende a écrit:
En vous lisant, je me demande : jusqu'à quel point peut-on être soi sans être rejeté ? Et par "être soi" j'entends chougner si on en a besoin, être cash si on le pense nécessaire, avoir une sensibilité plus ou moins exacerbée, etc.
Et bien, comme j'ai passé une jolie année en entraînement intensif de chouinage et de calimerotage, je pense pouvoir te répondre, ma toute belle lLal ;)
jusqu'à quel point peut-on être soi sans être rejeté ?
Pas loin. Mais alors vraiment pas. Dans le monde reel, je veux dire. Sur un forum, les gens viennent passer un moment de leur vie, ils savent qu'ils n'ont qu'à cliquer sur la croix pour retourner à leurs petites affaires, ce qui veut dire qu'ils sont - en général - beaucoup plus patients, parce qu'ils savent que ça ne les bouffera pas plus que ce qu'ils veulent bien accorder. On peut donc, sur le net, aller assez loin dans le chouinage.
Dans la vie reelle, ce n'est pas le cas. Les gens ont, en règle générale, une trouille féroce de se voir envahir par le calimero. Ca leur prend du temps, de l'energie, il n'y a que peu de limite et peu de chance de se sauvegarder, sinon dans la fuite. Il y a deux ou trois ans, un copain m'a dit que le seul reproche qu'il voyait à me faire (au moment de la question, depuis il a du allonger sa liste :lol:) éétait ma tendance à, je cite, "vouloir sauver tout le monde". Sur le coup, je n'ai pas compris ce qu'il voulait dire. Pour moi, ne pas être egoiste était une qualité. Sauf que non. J'ai compris quand je suis tombée en depression ce qu'ils voulait dire. On ne peut pas sauver quelqu'un sans sacrifier quelque chose de soi, son temps, sa tranquilité d'esprit etc. On peut aussi avoir peur, si on donne le petit coup de main que notre vie nous permet d'accorder, que la personne s'aggrippe et demande à être portée.. qu'elle dévore votre vie.
Ce copain, je ne l'ai quasiement pas vu pendant ma "depression". Je l'aperçois de temps à autre maintenant que j'essaie de m'en sortir. Je lui trouve l'oeil del a biche aux abois, quand il me regarde, ainsi qu'une espece de curiosité et l'air de dire "tiens, on disait qu'elle avance toute seule.. ptête qu'on va pouvoir se refaire des soirées sympas". Bref, il attend, il jauge, il teste...
Et je ne lui en veux même pas. Moi, je suis arrivée à un stade où :
- je ne peux plus aider ma voisine alcoolique et l'écouter baragouiner des choses incompréhensibles pendant des heures juste pour qu'elle ait quelqu'un à qui parler,
- je ne peux plus passer du temps avec ma voisine très agée qui se sent seule mais refuse d'aller vivre chez ses petits enfants qui la supplient d'y aller. (Ils ont aménagé un appart à part sur leur terrain pour qu'elle puisse y aller en gardant son independance. C'est pas uen chance d'avoir des petits enfants comme cela ? il y a une personne sur mille qui ferait cela.. mais non elle ne veut pas y aller parce que "c'est loin du centre ville").
- je ne peux plus aider mon collègue hyper colérique et méprisant avec tout le monde quand il est en colère. Certes, j'arrive à le calmer, mais j'en suis moralement épuisée après. Vide, à sec.
Voilà, quoi. Je suis des deux côtés de la barrière et je pense sincèrement que tout le monde est dans ce cas là. Alors avant de dire que les autres sont méchants de ne pas aider, voyons d'abord ce que nous nous sommes prêts à sacrifier pour les autres.
;)