De Gus Van Sant, sortie en 2003, prix de la réalisation à Cannes en 2003 et prix de l'Education Nationale la meme année.
Un film construit pas Van Sant après les
événements de Colombine ou des lycéens américains avaient tiré sur leur camarades.
De ce que j'en ai compris.
Pendant 1h20, on voit des lycéens cheminant sur leur chemins. Ils cheminent à l'école, ils cheminent chez eux, ils cheminent entre chez eux et l'école. Ils cheminent avec une caméra les suivant de très près et donc les suivant de dos. Ils passent beaucoup de temps à cheminer, disons 30 mn sur la durée du film. Et pendant 30 mn, on les suit cheminer tout en ne voyant que leur nuque.
Ils sont comme peut être un ado pris en photo. Une image fixe qui permet de déduire de la personnalité du sujet, mais jusqu'à une certaine limite. Ce que j'attend d'un film, c'est d'aller au delà de l'image fixe pour tirer d'un assemblage d'image animée quelque chose de plus, qu'on peut appeler " des choses qui se passent " ou bien " l'évolution du caractère, même sur une journée". On peut même parfois deviner de l'histoire des personnages, grâce à cette succession d'image fixes mais liées chronologiquement entre elles, du moins en théorie.
Là non. Prenez une série de 15 ou 20 photos, assemblez les ensemble et vous obtiendrez la trame d'Elephant. Une succession de clichés mais délayés jusqu'à l'overdose. Jusqu'au prochain cliché. Et ainsi de suite jusqu'au dernier.
Et pour délayer des clichés, la recette est simple.
Ces ados cheminent donc mais ne parlent que très rarement. Lorsque ils parlent, ils parlent de choses qui intéressent les ados américains du début du 21e siècle.
:arrow: Exemple: " Toi ça va ? les cours ? Ouais, moi ça va, les cours aussi"
Il s'agit là de l'une des phrases les plus chocs du film. J'aurais pu choisir: " Tu va à la fête ce soir ? Nan, mes parents sont trop relous, je peux pas." mais j'ai pensé que c'était un peu trop osé pour VLR dans tout ce que cette phrase signifie en termes de symbolisme.
Il faut aussi savoir qu’il doit y avoir 10 minutes de dialogue dans ce film, tous du même niveau.
Donc ils cheminent mais cheminent d'une manière identique: leur activité faciale est réduite à justement l'activité la plus restreinte. Ils ne sourient que rarement, pleurent rarement, plaisantent sans vraiment rire, rient sans vraiment y croire, du reste ils ne croient pas. Ils cheminent, sans joie mais sans tristesse non plus. Ils cheminent tous au meme pas, ni plus ni moins vite les uns que les autres. Parfois, lorsque il y a un rayon de soleil, ils cheminent en clignant des yeux. Mais pas toujours.
Donc, lls sont là, c’est tout.
Puis, pendant 30 autres minutes, lorsque le réalisateur a jugé qu’ils ont trop cheminé, et que la caméra toujours portée à l’épaule aussi, ils ne cheminent plus, ils s’arrêtent, ou presque. Et là, la caméra film un carré de gazon ou parfois les ados passent devant le champ ( de la caméra, pas du gazon : suivez un peu) et parfois aussi ils en sortent. Mais ils reviennent aussi. Puis, une fille passe devant la caméra, elle s’arrête, puis regarde le ciel tandis qu’on entend du Ludwig Van. Puis elle repart. A ce moment, un ado décide de cheminer à nouveau puis la caméra choisit de le suivre cheminer.
Et là, le réalisateur a du se dire que cette construction pourrait devenir ennuyeuse. IL a donc choisit de monter son film à la Pulp Fiction.
Exemple.
L’ado A chemine dans un sens du couloir de son école et croise un ado B. La caméra suit alors l’ado A.
Puis, 5 minutes plus tard, la caméra suit l’ado B qui chemine dans le sens inverse et qui croise l’ado A.
Cela permet d’apprécier la scène par les 2 bouts du couloir.
A oui, parfois même, il y a un ado C qui passait là et qui est prétexte à montrer la même scène une 3e fois.
Notons qu’aucun de ces ados n’a d’acné. Ni de personnalité du reste.
Puis nous avons 2 ados qui entrent en scène : l’un a des tendances artistiques, l’autre est teint en blond. Le premier reçois des boulettes en papier en classe et joue la lettre à Elise au piano. Le second a l’air con et est teint en blond.
Puis, à un moment, ils commandes des armes automatiques sur internet. Puis après, comme l’un reçoit des boulettes en papier et que l’autre…on sait pas ce qu’il reçoit, ils vont à leur école et tirent sur tout le monde.
Ah oui, au moment ou ils recoivent des armes chez eux, ils regardaient par hasard un docu à la télé sur le 3e Reich, sans rien y comprendre.
Ah oui bis ! pardon, avant de tuer tout le monde, ils s’embrassent tout nus sous la douche.
Je l’ai pas précisé avant tellement c’est évident.
La bonne nouvelle, c’est que la photographie est très belle : filmer en 35 et 16 mm ça déchire vraiment sa race question que les images sont jolies.
Puis on entend beaucoup de musique classique dans ce film, du Ludwig Van surtout. Le réalisateur a du penser que ça serait joli à entendre. Ou alors dans sa voiture, au moment de choisir les musiques du film, il n’avait dans l’auto radio que du Ludwig Van.
En conclusion.
MOUAAAAAAAAAAAAA AH AH AH AH AH AH AH AH AH AHHHaaaaa……
La situation est grave, ET désespérée.
Ce truc n’est ni un docu, ni un film.
Pas un docu car c’est pas un film et pas un film parce que c’est véritablement à chier.
Et là, 2 possibilités : le réalisateur a voulu faire une œuvre esthétique ( du reste il l’a avoué « je ne veux rien expliquer par ce film » ) et il a lamentablement échoué. Si le but était de monter la vie normal, quotidienne, monotone d’ados US et que dans cette vie affligeante de normalité il était incompréhensible que des ados tirent sur d’autres ados ; il aurait pu choisir des techniques filmatoires et montagesques moins énormes, et surtout moins en abuser. Et puis il aurait pu prendre aussi plus de 21 jours pour le réaliser, puis il aurait pu aussi prendre des acteurs ( la plupart étaient de vrai ados pas comédiens, seuls quelques adultes l’étaient).
Ce film, réalisé à partir de témoignages de vrai ados qui ont été recueillis suite à Colombine, est une exagération à outrance d’un sentiment d’incompréhension et d’échec de la société US. IL est d’une telle absence de ressentit quelconque qu’à un moment, lorsque..je ne sais même plus trop quand, lorsque donc un lycéen se fait descendre, il y a de quoi rire pour faire oublier le grotesque de la situation.
Ah oui, l’autre possibilité. Le réalisateur n’a pas voulu faire un film esthétique mais un film suite aux événements de Colombine et profiter de la situation pour recevoir des prix. En se disant que les prix, notamment ceux donnés à Cannes, ne tiennent moins compte de critères artistiques que de critères politiques et qu’il trouverait des critiques assez cons pour gober la pillule.
Ce qui est affligeant, c’est que si ce film représente ce qu’il se fait de mieux quand à une réflexion filmesque sur ces événements, bien..j’me comprend.