c'est le moment où la famille, les parents n'assument pas leur rôle de parents. Je connais, trop bien. Les dégâts sont profonds, et non réparables, de mon point de vue (mais ce n'est que mon point de vue et... je le partage;) avec une simple conversation, quand trop souvent les non-dits polluent ladite conversation.
Comment j'ai réglé le problème? Je suis partie. Oh, je n'ai pas fui, non, j'ai gardé contact. Je suis partie dans ma tête, dans mon cœur, dans mon corps, avec les études qui faisaient aussi que je ne revenais pas, ou peu. Les dégâts? ça a gâché dix ans de ma vie, à fuir les miroirs, fuir les yeux qui me trouvaient belle et désirable, à me méfier de tout, tout le monde, à hurler de rage dans un monde que je ne comprenais pas, à me mettre et accepter des situations sordides avec des connards, qui ont amplifié le problème d'une puissance exponentielle, à penser qu'on ne pouvait pas m'aimer, à faire du mal à ceux qui m'ont aimée, à être incapable d'entendre les bonnes paroles.
J'avais 17 ans et demi, et ces remarques là, et parfois pire que les mots, je les avais prises dans la tête depuis mes dix ans.
Aujourd'hui j'ai 29 ans, bientôt trente. Est-ce tout est réglé, zen? non. J'ai parcouru un chemin insensé, au bord de la dépression et de la folie (oui oui, lol, quand tu en arrives à te demander si tes souvenirs pourris ont vraiment eu lieu, j'appelle ça de la folie) pour m'aimer, m'accepter, rire de moi, pardonner à mes parents qui n'étaient pas entièrement coupables, parce qu'on ne peut pas avancer, faire sans son passé, mais qu'il faut aussi accepter de lui fermer la porte, parce que souvent, chez les gens bien, la cruauté repose sur beaucoup, beaucoup de maladresse pour dire les choses, parce que je n'avais pas entendu, écouté non plus leur amour si mal exprimé, si mal dit que je ne pouvais retenir que leur désamour. J'ai écrit, écrit beaucoup, à vouloir être écrivain on couche ses larmes, son sang sur le papier. J'ai toujours ce besoin d'être rassurée. Bien moins qu'avant, parce qu'aujourd'hui je m'aime. Pas assez pour être totalement apaisée, et ne pas blesser, parfois irrémédiablement, ceux que j'aime, mais assez pour me remettre en question, et choisir d'avancer. Assez pour me livrer à l'autre, assez pour vouloir croire, pour croire et construire, même si c'est parfois fragile, comme l'est la vie, le bonheur. J'ai mis 27 ans à dire à ma mère que je l'aimais. Je ne l'ai jamais dit à mon père. Jamais à mon frère et à ma soeur. Ce qui compte, c'est le chemin parcouru. Je n'ai que trente ans, et pas tout à fait d'ailleurs..Je n'ai aimé qu'une fois. Et j'ai choisi celui à qui je faisais ce cadeau. Le reste n'importe pas.
Que te dire d'autre? Chacun a sa propre idée de ses limites, elles ne sont pas les mêmes pour tous. A toi de voir ce que tu peux supporter.
Mais sinon, hein, haut les cœurs!