Certaines oeuvres peuvent être dérangeantes. "L'Hôpital Henry Ford" par exemple (pourtant une de celles qui m'interpelle le plus...). Ou bien "Quelques petites piqûres"... Ou encore "la Colonne brisée", "le suicide de Dorothy Hale", "les deux Frida"... Ses natures mortes n'ont de mortes que le nom. Elles sont remplies de vie et de symboles de sexualité et de fertilité.
C'est vrai que la majorité de son oeuvre a été consacrée aux autoportraits et il serait faux de dire qu'elle n'y a pas de narcissisme dans ses tableaux. Mais elle a passé pas mal d'années couchée sans pouvoir bouger, bloquée dans des plâtres, avec des douleurs terribles qui l'ont d'ailleurs conduite à la toxicomanie à la fin de ses jours. Elle n'avait souvent pour compagnie que le miroir au dessus d'elle et ses pinceaux... Alors à part elle, qui pouvait-elle peindre ? Et ce n'est pas Diego Rivera qui l'a vraiment aidée dans ces moments là...
Je crois que ce qui choque, c'est la différence entre ses autoportraits qui paraissent si normaux et anodins, voire quasiment identiques à peu de choses près, et les oeuvres plus "dures". Mais si on regarde bien les autoportraits, il y a pratiquement toujours ces signes de souffrance matérialisés par qq détails : un collier en barbelés, qq gouttes de sang, des "fractures" dans la couleur, des fruits qui n'en sont pas vraiment, des cheveux devenant des racines qui plongent dans la terre...
Je crois que c'est ça qui m'a fascinée dans l'oeuvre de Frida Kahlo. Tout ce qui est caché derrière le portrait le plus anodin. Après, les oeuvres plus crues en paraissent différentes.
A l'époque, le Mexique vivait des moments bien difficiles et sortait d'une période trouble. Les mexicains avaient perdu dignité et humanité. Le seul moyen de les retrouver était de montrer la souffrance. Frida ne montre pas que la sienne mais aussi celle de son pays.
"Ils pensaient que j'étais une surréaliste, mais je ne l'étais pas.
Je n'ai jamais peint de rêves, j'ai peint ma réalité." Frida Kahlo