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En RA, la culpabilité est bonne... à jeter ?

M
37 ans 27
Bonjour,

Je me lance. Je ne suis pas du tout une experte de la rééducation alimentaire, je vous lis et j'ai l'impression que certains ici en ont pas mal d'expérience et  
de "savoirs", donc j'aimerais votre avis.
Je le poste ici car c'est surtout dans cette rubrique et dans des textes parlant de la RA que j'ai pu retrouver cette idée.

Je lis par ci par là (forums, livre) que la culpabilité c'est mal, qu'il faut absolument s'en détacher... ça en devient presque culpabilisant de culpabiliser car ça pourrait favoriser la dégringolade émotionnelle et/ou alimentaire.

Jusque là, j'"avalais" cette idée sans la moindre difficulté, ça me paraissait évident, c'est une émotion qui m'est familière, douloureuse, etc, je me disais qu'il fallait que j'arrive à me dégager de ça.

Mais je me demande si ce n'est pas un peu vite dit.
Est-ce que la culpabilité est une émotion à bannir et à disqualifier forcément ? Est-ce qu'elle ne signale pas simplement, à un niveau émotionnel, le franchissement d'une limite, quelle qu'en soit sa nature, comme notre corps se signale à nous à un niveau physique, pour nous dire qu'il a mal parce qu'on n'aurait pas répondu de façon ajustée à ses besoins (en trop, en pas assez, peu importe) ?

Est-ce l'émotion-culpabilité qui nous pousse à la dégringolade ou plutôt la difficulté plus générale de tolérer des émotions, plaisantes et déplaisantes (la culpabilité comme d'autres).

J'ai lu quelqu'un qui disait ici que la RA faisait qu'on devait aussi accepter une certaine réalité et une certaine frustration, et je trouvais ça assez juste. Si tout n'est pas possible, alors la culpabilité est peut-être à recevoir comme un indice de celle-ci, à prendre appui sur ce qu'elle vient nous faire vivre plutôt qu'à décréter qu'il faut absolument faire sans.

Je vous livre un peu mes pensées sans trop réfléchir. Je ne sais pas... Je me dis qu'on a peut-être tellement souffert de nos propres émotions coupables et de l'image renvoyée par "les autres" du caractère hors-moyenne de notre corps ou de notre comportement, que du coup on y va un peu vite à dire que la culpabilité, c'est le mal.

Ça me paraît finalement ni bien ni mal, c'est juste là, ça m'échappe la plupart du temps et ça m'est déplaisant. La vraie question ça va peut-être davantage être de savoir que faire de cette émotion, vais-je me réfugier dans autre chose pour la faire passer ou juste reconnaître qu'elle m'anime ?

Voilà, je suis intéressée par vos avis à ce sujet..
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez!

Merci d'avance
C
49 ans là 2187
A te lire, je trouve que ton rapport à la culpabilité, est proche de celle enseignée par la religion (du moins chrétienne, je ne connais pas assez les autres pour dire). Culpabilité enseignée pour tenter de limiter ou de tuer dans l'oeuf les pulsions naturelles, les pulsions du corps.

J'ai tendance à penser que la culpabilité est enseignée et non innée. Et donc, que ce sentiment qui t'habite ne vient pas de ton corps, mais de ton esprit.

Si par exemple, tu manges + que ta faim, c'est une pulsion souvent de survie de ton corps (pour x raisons), et le sentiment de culpabilité qui s'en suit, est la réaction de ton cerveau et des croyances qu'on lui a inculqué.

C'est pour cela que celles et ceux qui ont trouvé un apaisement dans la RA, confirment qu'il faut tenter de se remettre à écouter notre corps, à comprendre ses signaux, et tenter de ne plus se laisser contrôler par les croyances alimentaires dont on nous assomme depuis trop longtemps.

J'espère avoir bien su te répondre et avoir apporter de l'eau à ton moulin.
56 ans Région nîmoise 1567
Cool40 a écrit:
A te lire, je trouve que ton rapport à la culpabilité, est proche de celle enseignée par la religion (du moins chrétienne, je ne connais pas assez les autres pour dire). Culpabilité enseignée pour tenter de limiter ou de tuer dans l'oeuf les pulsions naturelles, les pulsions du corps.

J'ai tendance à penser que la culpabilité est enseignée et non innée. Et donc, que ce sentiment qui t'habite ne vient pas de ton corps, mais de ton esprit.

Si par exemple, tu manges + que ta faim, c'est une pulsion souvent de survie de ton corps (pour x raisons), et le sentiment de culpabilité qui s'en suit, est la réaction de ton cerveau et des croyances qu'on lui a inculqué.

C'est pour cela que celles et ceux qui ont trouvé un apaisement dans la RA, confirment qu'il faut tenter de se remettre à écouter notre corps, à comprendre ses signaux, et tenter de ne plus se laisser contrôler par les croyances alimentaires dont on nous assomme depuis trop longtemps.

J'espère avoir bien su te répondre et avoir apporter de l'eau à ton moulin.


+1000
48 ans 1090
Si j'ai bien compris ton message, je vais dans le même sens que les 2 réponses postées.
40 ans 5932
Je crois que la culpabilité ce n'est pas "le mal". "Le mal" c'est tout ce qu'on nous a entré de force dans le crâne et qui crée ce sentiment de culpabilité si on ne s'y conforme pas.

Je ne peux pas parler pour les autres, mais je pense que ce qu'on cherche avec la RA c'est aussi apprendre à se traiter avec plus de douceur, de bienveillance, arrêter de se faire du mal, et la culpabilité ne rentre pas vraiment dans le cahier des charges dans ce cas.
S
89 ans 4951
Lalwende a écrit:
Je crois que la culpabilité ce n'est pas "le mal". "Le mal" c'est tout ce qu'on nous a entré de force dans le crâne et qui crée ce sentiment de culpabilité si on ne s'y conforme pas.

Je ne peux pas parler pour les autres, mais je pense que ce qu'on cherche avec la RA c'est aussi apprendre à se traiter avec plus de douceur, de bienveillance, arrêter de se faire du mal, et la culpabilité ne rentre pas vraiment dans le cahier des charges dans ce cas.


+ 1

et avec cool40 également
49 ans Paris 9874
Je trouve ta façon de poser le pb intéressante: ne pas disqualifier la culpabilité avant d'être sûr qu'elle n'a pas sa fonction et son utilité (si je comprends bien).

Un homme qui serait incapable d'éprouver de la culpabilité ne serait pas un homme, il serait dénué de morale. Ne pas comprendre en quoi on peut être coupable de qch ça s'appelle le sentiment d'impunité, non?

Le problème, c'est que lorsqu'on parle de sentiment de culpabilité en psychologie, on désigne me semble-t-il une culpabilité sans objet. On se "sent" coupable (et parfois très nettement) mais sans avoir "fait" qch de mal. Je peux me sentir coupable d'un monceau de choses qui n'ont éventuellement rien à voir avec moi (c'est fréquent de se sentir coupable d'événements qui peuvent s'être produit avant même notre naissance). Se sentir coupable d'avoir roulé sur le chat, c'est bien. Se sentir coupable d'être né, d'avoir eu telle famille, telle place dans cette famille, telle silhouette, tel poids, tel nez... c'est déjà beaucoup plus stérile. Et pourtant on le fait fréquemment! et je trouve qu'on agit de même avec la nourriture: on défonce le pot de nutella comme "pour" se sentir coupable, en vue de se sentir coupable, afin de confirmer cette culpabilité qui de toute façon est présente en nous et dont on n'arrive pas à se débarrasser. Puisque je me sens coupable, autant l'être vraiment et de qch de TERRIBLE! d'avoir défoncé le pot de nutella!

Le problème de l'action faite par ou avec culpabilité, c'est qu'elle n'apporte pas de satisfaction réelle (sauf masochiste). Résultat: le pot de nutella va juste servir d'exutoire à chaque coup de stress (comme certaines se mutilent). On a bien sûr le droit d'utiliser la bouffe comme exutoire (pour ma part je pense que ça sauve bien des gens de se foutre en l'air). Mais on a aussi le droit de vouloir une relation de plaisir au nutella, de refus de l'écoeurement, de recherche de la juste dose pour en maximiser la délectation. La culpabilité, ça n'est pas tellement un sentiment qui réchauffe le coeur hein!

Tu as l'air d'imaginer que son utilité serait celle d'un "avertisseur": je me sens coupable car j'ai été trop loin (trop mangé par exemple). Mais pas besoin! la nature a mis en nous un super mécanisme qui fait ça très bien: la faim et la satiété. ;)
50 ans à la maison ! 10072
Si tu te sens coupable d'avoir trop mangé, c'est que tu n'as pas écouté ton corps et est allée au-delà la satiété. Or la RA est sensée nous apprendre à nous arrêter à la satiété, mais aussi à nous faire comprendre que si on va au-delà, ce n'est pas grave car le fait d'écouter le faim et la satiété au(x) prochain(s) repas rattrapera nos excès.
Cette culpabilité-là est donc inutile.
M
37 ans 27
A Cool40 :
Peut-être me suis-je mal exprimée. Je ne parlais pas forcément que de mon rapport à la culpabilité (je l'ai à peine cité d'ailleurs), mais surtout des questions venues en lisant des personnes évoquant la RA et la culpabilité.
Effectivement, je doute que la culpabilité soit produite par notre organisme... peut-être est-elle le produit de notre appartenance à une filiation, un groupe et aux normes qui y circulent... Pour moi c'est surtout une émotion et je me questionnais sur cette idée de vouloir faire sans certaines émotions. J'ai l'impression que ce qui est à espérer c'est de faire avec, quand manger pouvait parfois être une sorte de diversion face à ses émotions.

Je trouve important de distinguer les croyances alimentaires et la culpabilité. J'imagine que l'apaisement dont tu parles est effectivement induit par l'assouplissement du regard porté sur les aliments et l'acte de manger, c'est-à-dire quand on se « libère » des croyances (l'adjectif « fausse » me paraît curieux parfois). L'apaisement de la culpabilité est probablement consécutif, mais c'est à un autre niveau.

Lalwende, je crois que c'est ce que tu dis justement ? Que ce qui est nocif, c'est surtout ces fausses croyances.

Pour répondre à Poupoule, je ne vois pas la culpabilité comme un avertisseur de quelque chose de physiologique, mais comme quelque chose de l'ordre plutôt d'une émotion. Je me dis qu'on est un ensemble, pas un corps et un cerveau détachés, et que ce qu'on vit se ressent sous différentes formes : physiquement, intellectuellement, émotionnellement, etc. J'imaginais que la culpabilité était un signal émotionnel, qui peut être lié à un signal physiologique mais pas forcément. Tout le monde ne culpabilise pas d'avoir mangé au-delà de sa faim.

Je comprends facilement que l'on n'aime pas cette émotion et qu'on souhaite assouplir ce qui vient la générer. Mais l'idée de pouvoir se débarrasser de quelque chose qui nous échappe, ça me fait drôle. C'est retrouver la spirale du contrôle non ? Je pensais que la RA c'était aussi accepter ce qui vient tel que cela vient, que ce soit physique, idéique ou émotionnel, sans en faire quelque chose à abolir ou à valoriser à tout prix. Une certaine souplesse en fait, et un certain contact à la réalité.
Je pense que, sauf erreur de ma part, c'est à peu près ce que vous pouvez exprimer sur le forum en évoquant la RA (dans l'ensemble).

Merci d'avoir pris le temps de me répondre.

A bientôt sur le forum peut-être !
49 ans Paris 9874
meta-morph-ose a écrit:
Pour répondre à Poupoule, je ne vois pas la culpabilité comme un avertisseur de quelque chose de physiologique, mais comme quelque chose de l'ordre plutôt d'une émotion.


En effet, je me rends compte que j'ai tiré ton propos en ce sens. Mais du coup... de quoi parles-tu? c'est quoi ce "franchissement d'une limite à un niveau émotionnel" que signale la culpabilité et dont tu parlais dans ton message initial? Pour être honnête, ça me paraît bien abstrait.
M
37 ans 27
Simplement, que, pour certaines personnes, lorsqu'elles mangent au delà de leur faim, elles ressentent à la fois un vécu physique (genre "être rempli"), mais aussi des pensées et des émotions comme la culpabilité. J'essaie d'être claire, mais parfois ça semble compliquer davantage mes propos.
La culpabilité comme "avertisseur d'une limite émotionnelle", ça peut être d'avoir agi différement d'une norme, d'une limite, posée par le groupe auquel on s'identifie, comme le fait de culpabiliser si l'on dit non à quelqu'un quand on a été éduqué dans un groupe où la générosité était valorisée, à l'inverse de groupes où la notion de propriété a été érigée comme idéal par exemple. La notion de vol n'a de sens que si l'on a une notion de propriété. Je sais pas si cet exemple aide à illustrer (ce n'est qu'un exemple) mais je crois que je ne saurais pas développer davantage sans me répéter.
49 ans Paris 9874
meta-morph-ose a écrit:
Simplement, que, pour certaines personnes, lorsqu'elles mangent au delà de leur faim, elles ressentent à la fois un vécu physique (genre "être rempli"), mais aussi des pensées et des émotions comme la culpabilité. J'essaie d'être claire, mais parfois ça semble compliquer davantage mes propos.
La culpabilité comme "avertisseur d'une limite émotionnelle", ça peut être d'avoir agi différement d'une norme, d'une limite, posée par le groupe auquel on s'identifie, comme le fait de culpabiliser si l'on dit non à quelqu'un quand on a été éduqué dans un groupe où la générosité était valorisée, à l'inverse de groupes où la notion de propriété a été érigée comme idéal par exemple. La notion de vol n'a de sens que si l'on a une notion de propriété. Je sais pas si cet exemple aide à illustrer (ce n'est qu'un exemple) mais je crois que je ne saurais pas développer davantage sans me répéter.


Si je comprends bien... la culpabilité m'envoie le signal que j'ai mangé plus que la norme dans mon groupe social?
Si c'est ça, je crois que tu prends les choses à l'envers. La culpabilité n'est pas le signal, mais la conséquence de ma représentation de ce qu'on peut manger ou non dans un groupe. C'est parce que j'ai le sentiment de m'être goinfré que je ressens de la culpabilité; et non la culpabilité qui vient m'apprendre que je me serais goinfré.
En fait je ne comprends toujours pas ce que tu envisages comme "utilité" de la culpabilité. Comme je te le disais dans mon premier message, la distinction importante me semble surtout être entre culpabilité avec objet et culpabilité sans objet.
B I U