Lolitapops a écrit:
Mais je ne veux pas me leurrer non plus, le problème avec moi c'est que la satiété ne me convient pas et que justement ce n'est pas ma faim qui guide mon alimentation mais juste des compulsions, j'ai envie de me gaver, la faim n'est pas vraiment mon problème. Donc bon je vais quand même me renseigner plus en avant mais je ne suis pas sûre qu'une RA puisse vraiment marcher dans mon cas.
Tu as le droit d'avoir envie de te gaver. Après tout, pourquoi pas ? Dans notre tête, dans nos pensées, tout peut venir, et c'est tant mieux, ça sert précisément à ça. Ce qui est important c'est plutôt pourquoi le fait-on, à quoi ça répond, à quoi ça nous sert, et pourquoi le répète-t-on ?
N'essaie pas d'arrêter d'avoir envie de te gaver, prend note de cette envie, et observe là comme une drôle de plante qui te serait encore complètement inconnue et qui te surprendrait de la trouver là. De quoi se nourrit-elle pour pousser ? Comment est-elle ? Où sont ses racines ? Un jour il se peut que le terrain ne soit plus propice à elle, qu'elle fane, mais pour cela et en l'attendant, il peut être intéressant de porter attention à cette drôle d'envie/de plante qui n'est probablement pas venue là par hasard.
J'ai commencé il y a quelques mois seulement cette démarche de rééducation alimentaire (après quelques années à graviter autour sans être prête à m'y risquer). Ca m'a pris beaucoup de temps et continue d'en prendre d'ailleurs, parce qu'il s'agit de dénouer un par un des noeuds très différents, mais liés. Des fois il s'agit de revendiquer une certaine opposition, d'autres fois de s'autoriser à prendre soin de soi, d'autres fois encore à faire le deuil d'une image importante et investie, et aussi, de désapprendre, réapprendre, et perdre beaucoup de choses.
Ce que je réalise c'est combien les compulsions associées à l'état de restriction cognitive rendent difficile la régulation spontanée et apaisée de l'alimentation. Il n'y a pas que la RA, il y a aussi un travail émotionnel autour des compulsions, mais la RA me paraît au contraire très pertinente pour faire ce chemin là, le soutenir voire l'impulser selon les personnes.
Ça s'apprend de redécouvrir la faim et la satiété et surtout, ça s'apprend de (re)trouver la sérénité et
la disponibilité intérieure pour percevoir la satisfaction autour de cet état de faim et de satiété. Le pivot se situerait bien dans le plaisir, là où avant notre alimentation est centrée sur l'apaisement (soulager la tension physique et/ou émotionnelle qui existe tant qu'on n'est pas rempli(e), par un lâchage (la perte de contrôle, l'état frénétique dans lequel on rentre) mais qui laisse vite place à une autre forme de tension - les douleurs, la culpabilité, etc.).
Prend le temps de t'y intéresser, et je crois que ça peut être bien dans un premier de le faire sans forcément te demander si ça te servirait ou non, juste à essayer de te familiariser à cette approche du comportement alimentaire.