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Aylin a écrit:
Par contre j'aimerais bien que tu développe la fin de ton post concernant les questions que tu t'ai posé sur ton rôle de femme.
J'ai hésité à te répondre en MP ou ici, pour pas flooder. Pis bon, hein, c'est mon expérience de vie, c'est une expérience, assoyez-vous z'autour de moi je vais raconter.
Dans ma loooongue vie de bientôt 30 ans, j'ai été abusée sexuellement pendant 4 ans, j'ai été pendant un an avec un pervers narcissique manipulateur, j'ai vécu toutes les déconvenues possibles amoureuses (on se souviendra ce jour mémorable où j'ai demandé en mariage... Un prêtre), j'ai associé poids et déconvenue sentimentale trèèèèès longtemps, j'ai associé ma manière de chercher (je vais pas assez en boite ? Je vais pas assez dans les bars ?), j'ai associé mon manque d'ouverture sexuelle, puis ma trop grande ouverture sexuelle. Mais je n'ai pas associé mon éducation.
Je suis aussi issue d'un milieu très ouvert et très fermé. l'old school qui se heurte à mai 68, mais en revendiquant un féminisme de FAMILLE très fort. Je suis l'arrière arrière petite fille de Séverine, que personne ne connait mais quand même, si tu regarde sur wikipedia c'est une figure du féminisme fin XIXè début XXè.
Ma mère me parlait beaucoup de Séverine. Ma mère me parlait beaucoup de mon arrière grand mère première scripte femme de France, de ma grand mère, première impressario de France.
Ma mère m'a aussi raconté son viol sordide en réunion au bois de Vincennes dès mes 13 ans. Dès le lendemain je croyais que toutes les femmes se faisaient violer au moins une fois dans leur vie, que j'y passerais, comme les autres. ça faisait déjà 3 ans que ça avait commencé pour moi, mais c'était des amis, j'ai pas tilté...
Malgré son traumatisme, j'ai toujours été impressionnée par la grande liberté que me laissait ma mère. Elle aurait pu devenir complètement paranoïaque et refuser de me laisser sortir, ça a été tout l'inverse. Je rentrais seule de l'école (je rentrais pas d'ailleurs, j'allais chez les copines sans prévenir personne, mais de toutes façons yavait personne à la maison, donc personne pour s'inquiéter). A 14 ans, j'arpentais seule le bois de Boulogne à des heures indues car je travaillais dans un cirque à ce moment là. Pensez vous que mon père ou ma mère m'auraient mise en garde, se seraient assurés que je restais en sécurité ? Noooon, ils me faisaient confiance. Et moi je me voyais comme une gamine trop grosse que personne n'aurait envie de violer, donc je ne voyais pas le danger. J'ai vécu la peur de ma vie un soir. La peur, je suis passée à ça. Le lendemain, mon père m'offrait une bombe lacrimo et je résolvais moi même avec les copains du cirque la question qu'on me dépose à la gare.
A 22 ans, j'ai découvert que ma mère n'était pas du tout rassurée pour elle. Pour moi si, mais elle, elle avait une peur bleue de se faire agresser. ça a été un choc terrible pour moi, parce que je croyais sincèrement que ma mère imaginait que je ne courrais aucun danger. En fait si, mais elle faisait l'autruche. Quand, toujours sous le choc, je lui ai dit "mais tu te rends compte qu'après ce qui t'est arrivé dans le bois de vincennes, tu m'as laissé à 14 ans toute seule dans le bois de boulogne, elle (attention, fermez les yeux) a ri et m'a annoncé "mais enfin ta grand mère aussi s'est faite violée !". Ah. Donc cette histoire de fatalité, la place de la femme, le droit de la femme à ne pas se faire emmerder dans la rue, la responsablilité de la femme...
Attendez, attendez, la prise de conscience féministe n'est pas encore arrivée...
J'ai eu un premier tilt avec le pervers narcissique : quand il était là, je me mettais à tout faire pour être à son service. Le gâter, lui laisser passer des choses, me laisser humilier. Je me suis rendue compte que c'était exactement le comportement de ma mère avec mon père. Le comportement de toutes les femmes de la famille avec leur homme.
Fin du pervers, changement de vie, rencontres plus saines, et depuis avril 2012, LA rencontre. L'Homme. Avec qui je partage ma vie à ce jour, et avec lequel je me projette. Et au 4ème mois de vie commune, je re-tilt. Gros tilt. Gros gros tilt. Ce garçon est une crème, il ne m'impose rien, mais je me mets à son service. Et il en a un peu profité, mais c'était moi, aussi, je le maternais ! (les vlrnautes se souviendront peut être de mon topic "je suis un pigeon... mais je me soigne !"). Je me mettais en 4 pour être la parfaite femme au foyer, c'était effrayant ! Le pire, ça a été la première visite de sa mère : je suis devenue dingue, il fallait que je montre à sa mère que j'étais une femme parfaite pour son fils ! Lui ne me demandait rien, elle non plus (elle m'a adoré ;) )
Là,je me suis vraiment demandée d'où ça venait que je me mette la pression comme ça. Qu'est ce que j'avais enregistré de la "femme parfaite" ? D'où ça venait ? Moi qui me croyais éduquée justement sur ces idées de féminisme et de sexisme, voilà que je plongeais la tête la première dans tous les clichés du genre !
Alors j'ai commencé à lire. J'ai engouffré des pages et des pages, j'ai fouillé, fouiné, j'ai cherché les bonnes inspirations, les vulgarisations, les essais plus scientifiques. ça a commencé avec ce livre : La femme des origines (http://www.amazon.fr/femme-origines-Images-pr%C3%A9histoire-occidentale/dp/2733503367). ce livre a été une révélation. Bon d'accord, je m'y suis intéressée parce que j'ai un peu bossé dans la préhistoire. Mais ce qui est formidable avec la préhistoire, c'est qu'on ne peut que supposer, théoriser, mais on n'a pas d'écrit prouvant telle ou telle tendance. Et donc ce livre est formidable, parce qu'il décrypte comment, pendant le XXème siècle, chercheurs paternalistes/sexistes, puis féministes ultra féministes, puis chercheurs sexistes agressifs, puis chercheurs/chercheuses plus respectueuses/x de la méthodologie scientifique ont théorisé l'image de la femme dans la préhistoire en fonction de leurs propres clichés, de la période, du message politique à faire passer... Sans respecter le "c'est une théorie, en fait on en sait rien..." ; "et éventuellement, l'Art pour l'Art ? Non ?"
Formidable.
J'ai ouvert les yeux sur mon entourage, et j'ai halluciné, des pubs à la télé en passant par l'intégralité de mes collègues de boulot, hommes et femmes, jusqu'à mon ami qui pourtant est le plus respectueux des hommes mais qui n'arrive pas à admettre que ses fonds d'écran mangas représentent une image tronquée de la femme - et de l'homme par la même occasion...
D'ailleurs je l'ai accompagné dans sa démarche pour la résidence de son fils, et j'ai découvert comment une femme, son ex en l'occurrence, pouvait être tellement bouffée par les préjugés sexistes dans tous les sens, tellement ballottée comme une boule de flipper depuis sa plus tendre enfance, qu'elle reproduit un shéma hyper-sexiste sur les pères de ses enfants, son rôle de mère et la possibilité qu'elle laisse à ses enfants de connaître leurs pères (qui n'ont pas la moindre idée, bien sûr, de ce qui pourrait être bon pour eux. Ils veulent juste voir leurs mômes, et c'est réciproque ! c'est peut être juste ça qui est bon pour les gn'enfants ?). Je ne peux m'empêcher de la plaindre, cette femme, car elle vit un enfer je pense. Bon, maintenant je la déteste aussi, parce qu'elle nous fait vivre un enfer, et surtout elle est en train de jouer avec les sentiments de son fils de 8 ans, qui ne sait plus comment réagir. Il est bon pour 10 ans de psychanalyse, lui aussi...
Comment ça,j'ai fait un peu long ? nooooooooooon...
Oh mince, le pavé !
désolée... :oops:
Par contre j'aimerais bien que tu développe la fin de ton post concernant les questions que tu t'ai posé sur ton rôle de femme.
J'ai hésité à te répondre en MP ou ici, pour pas flooder. Pis bon, hein, c'est mon expérience de vie, c'est une expérience, assoyez-vous z'autour de moi je vais raconter.
Dans ma loooongue vie de bientôt 30 ans, j'ai été abusée sexuellement pendant 4 ans, j'ai été pendant un an avec un pervers narcissique manipulateur, j'ai vécu toutes les déconvenues possibles amoureuses (on se souviendra ce jour mémorable où j'ai demandé en mariage... Un prêtre), j'ai associé poids et déconvenue sentimentale trèèèèès longtemps, j'ai associé ma manière de chercher (je vais pas assez en boite ? Je vais pas assez dans les bars ?), j'ai associé mon manque d'ouverture sexuelle, puis ma trop grande ouverture sexuelle. Mais je n'ai pas associé mon éducation.
Je suis aussi issue d'un milieu très ouvert et très fermé. l'old school qui se heurte à mai 68, mais en revendiquant un féminisme de FAMILLE très fort. Je suis l'arrière arrière petite fille de Séverine, que personne ne connait mais quand même, si tu regarde sur wikipedia c'est une figure du féminisme fin XIXè début XXè.
Ma mère me parlait beaucoup de Séverine. Ma mère me parlait beaucoup de mon arrière grand mère première scripte femme de France, de ma grand mère, première impressario de France.
Ma mère m'a aussi raconté son viol sordide en réunion au bois de Vincennes dès mes 13 ans. Dès le lendemain je croyais que toutes les femmes se faisaient violer au moins une fois dans leur vie, que j'y passerais, comme les autres. ça faisait déjà 3 ans que ça avait commencé pour moi, mais c'était des amis, j'ai pas tilté...
Malgré son traumatisme, j'ai toujours été impressionnée par la grande liberté que me laissait ma mère. Elle aurait pu devenir complètement paranoïaque et refuser de me laisser sortir, ça a été tout l'inverse. Je rentrais seule de l'école (je rentrais pas d'ailleurs, j'allais chez les copines sans prévenir personne, mais de toutes façons yavait personne à la maison, donc personne pour s'inquiéter). A 14 ans, j'arpentais seule le bois de Boulogne à des heures indues car je travaillais dans un cirque à ce moment là. Pensez vous que mon père ou ma mère m'auraient mise en garde, se seraient assurés que je restais en sécurité ? Noooon, ils me faisaient confiance. Et moi je me voyais comme une gamine trop grosse que personne n'aurait envie de violer, donc je ne voyais pas le danger. J'ai vécu la peur de ma vie un soir. La peur, je suis passée à ça. Le lendemain, mon père m'offrait une bombe lacrimo et je résolvais moi même avec les copains du cirque la question qu'on me dépose à la gare.
A 22 ans, j'ai découvert que ma mère n'était pas du tout rassurée pour elle. Pour moi si, mais elle, elle avait une peur bleue de se faire agresser. ça a été un choc terrible pour moi, parce que je croyais sincèrement que ma mère imaginait que je ne courrais aucun danger. En fait si, mais elle faisait l'autruche. Quand, toujours sous le choc, je lui ai dit "mais tu te rends compte qu'après ce qui t'est arrivé dans le bois de vincennes, tu m'as laissé à 14 ans toute seule dans le bois de boulogne, elle (attention, fermez les yeux) a ri et m'a annoncé "mais enfin ta grand mère aussi s'est faite violée !". Ah. Donc cette histoire de fatalité, la place de la femme, le droit de la femme à ne pas se faire emmerder dans la rue, la responsablilité de la femme...
Attendez, attendez, la prise de conscience féministe n'est pas encore arrivée...
J'ai eu un premier tilt avec le pervers narcissique : quand il était là, je me mettais à tout faire pour être à son service. Le gâter, lui laisser passer des choses, me laisser humilier. Je me suis rendue compte que c'était exactement le comportement de ma mère avec mon père. Le comportement de toutes les femmes de la famille avec leur homme.
Fin du pervers, changement de vie, rencontres plus saines, et depuis avril 2012, LA rencontre. L'Homme. Avec qui je partage ma vie à ce jour, et avec lequel je me projette. Et au 4ème mois de vie commune, je re-tilt. Gros tilt. Gros gros tilt. Ce garçon est une crème, il ne m'impose rien, mais je me mets à son service. Et il en a un peu profité, mais c'était moi, aussi, je le maternais ! (les vlrnautes se souviendront peut être de mon topic "je suis un pigeon... mais je me soigne !"). Je me mettais en 4 pour être la parfaite femme au foyer, c'était effrayant ! Le pire, ça a été la première visite de sa mère : je suis devenue dingue, il fallait que je montre à sa mère que j'étais une femme parfaite pour son fils ! Lui ne me demandait rien, elle non plus (elle m'a adoré ;) )
Là,je me suis vraiment demandée d'où ça venait que je me mette la pression comme ça. Qu'est ce que j'avais enregistré de la "femme parfaite" ? D'où ça venait ? Moi qui me croyais éduquée justement sur ces idées de féminisme et de sexisme, voilà que je plongeais la tête la première dans tous les clichés du genre !
Alors j'ai commencé à lire. J'ai engouffré des pages et des pages, j'ai fouillé, fouiné, j'ai cherché les bonnes inspirations, les vulgarisations, les essais plus scientifiques. ça a commencé avec ce livre : La femme des origines (http://www.amazon.fr/femme-origines-Images-pr%C3%A9histoire-occidentale/dp/2733503367). ce livre a été une révélation. Bon d'accord, je m'y suis intéressée parce que j'ai un peu bossé dans la préhistoire. Mais ce qui est formidable avec la préhistoire, c'est qu'on ne peut que supposer, théoriser, mais on n'a pas d'écrit prouvant telle ou telle tendance. Et donc ce livre est formidable, parce qu'il décrypte comment, pendant le XXème siècle, chercheurs paternalistes/sexistes, puis féministes ultra féministes, puis chercheurs sexistes agressifs, puis chercheurs/chercheuses plus respectueuses/x de la méthodologie scientifique ont théorisé l'image de la femme dans la préhistoire en fonction de leurs propres clichés, de la période, du message politique à faire passer... Sans respecter le "c'est une théorie, en fait on en sait rien..." ; "et éventuellement, l'Art pour l'Art ? Non ?"
Formidable.
J'ai ouvert les yeux sur mon entourage, et j'ai halluciné, des pubs à la télé en passant par l'intégralité de mes collègues de boulot, hommes et femmes, jusqu'à mon ami qui pourtant est le plus respectueux des hommes mais qui n'arrive pas à admettre que ses fonds d'écran mangas représentent une image tronquée de la femme - et de l'homme par la même occasion...
D'ailleurs je l'ai accompagné dans sa démarche pour la résidence de son fils, et j'ai découvert comment une femme, son ex en l'occurrence, pouvait être tellement bouffée par les préjugés sexistes dans tous les sens, tellement ballottée comme une boule de flipper depuis sa plus tendre enfance, qu'elle reproduit un shéma hyper-sexiste sur les pères de ses enfants, son rôle de mère et la possibilité qu'elle laisse à ses enfants de connaître leurs pères (qui n'ont pas la moindre idée, bien sûr, de ce qui pourrait être bon pour eux. Ils veulent juste voir leurs mômes, et c'est réciproque ! c'est peut être juste ça qui est bon pour les gn'enfants ?). Je ne peux m'empêcher de la plaindre, cette femme, car elle vit un enfer je pense. Bon, maintenant je la déteste aussi, parce qu'elle nous fait vivre un enfer, et surtout elle est en train de jouer avec les sentiments de son fils de 8 ans, qui ne sait plus comment réagir. Il est bon pour 10 ans de psychanalyse, lui aussi...
Comment ça,j'ai fait un peu long ? nooooooooooon...
Oh mince, le pavé !
désolée... :oops: