Daft a écrit:Aspha a écrit:Fin du HS, je sors, je viens de faire une grosse réaction épidermique, veuillez m'excuser du cru de mes propos.
Je te pardonne Aspha pour le cru de tes propos. Nan jdeconne, j’ai bien compris ce que vous m’avez toutes dis.
Mais j’ai donné l’air de lui pourrir la vie ? de la faire culpabiliser etc etc ? ok j’en avais pas conscience. C’est vrai qu’avec mes conseils pourris… (j’men rends compte maintenant) j’ai compris le message jvais vous ecoutez et l’aider en gardant le silence.
Mais juste une chose, si ma mere s’assumait, ca serait \:D/ c’est simplement que je la vois s’enfoncer petit a petit sans que rien ne change.
Sinon elle voit un psy, fait une thérapie comportementale depuis peu alors on verra...
Ecoute, ça prend beaucoup de temps de revenir vers une route moins chaotique dans l'acceptation de soi. Quand je ne m'acceptais pas, au plus fort de mes crises, le plus dur à supporter pour moi c'était ma mère, ses réflexions sur ma manière de manger, ses incessantes allusions à son propre culte de la minceur. La seule chose que tu peux faire et qui puisse l'aider, c'est que tu lui montres que tu l'aimes, rien d'autre, en le lui disant, en le lui faisant sentir.
Si elle faisait un régime ça serait encore bien pire. Je vais t'expliquer un peu rapidement comment ça se passe dans la tête d'une hyperphagique : "je ne vais pas bien dans ce corps, que je ne connais pas, qui m'est étranger et que je n'ai jamais accepté (par exemple). Je ne peux pas m'empécher de manger, manger et encore manger, dans la honte de ce que je fais, je sais très bien ce que je fais, je mange ma frustration, ma lassitude, mon ennui, mes problèmes, je mange mon poids, je mange ma haine, je mange ma culpabilité. Plus je mange ma frustration, plus je me sens hideuse, parceque je ne peux pas me contrôler. Je ne peux pas m'arreter, je mange dans un état second, je dévore littéralement tout ce qui passe à portée de ma bouche, ou alors je mange tout ce que je m'interdis en temps normal (là généralement y'a achats compulsifs de nourriture en belle quantité avec dévorage instantané, c'est ce que je faisais) et j'ai une honte énorme qui me pèse sur les épaules, j'ai honte de moi, de mon état. Et je n'arrive pas à faire autrement. La nourriture est une béquille à un malaise bien plus grand. On mange pour s'occuper, pour se consoler, pour ne plus penser à ce qui fait mal, y'en a qui boivent pour oublier, y'en a qui se droguent pour oublier, et y'en a qui mangent.
Jusqu'à ce qu'à certains moments on ne soit plus qu'une bouche. Qui mâche. Et un estomac complètement distendu, douloureux, qui nous rappelle à chaque mouvement, même immobile, ce qu'on a fait. Un soulagement passager pour une honte lourde. Et ça dure, ça dure, des jours, des semaines, puis des moments de sursaut, où la volonté revient en force, où on décide de se prendre en main, de se secouer, d'entamer un régime, une diète, n'importe quoi pourvu qu'on perde du poids pour s'accepter et se sentir mieux dans sa peau.. Mais c'est un engrenage, un engrenage morbide qui s'enclenche doucement. L'aliment interdit commence à se faire désirer, mais notre volonté est forte, notre envie d'en finir avec ces kilos magnifique, alors on résiste en avalant notre salade sans goût sans assaisonnement sans rien, on veut maigrir à tout prix.. Puis le corps se rebiffe, ce corps qui se sent à la diète, et qui dit à la diète dit danger de famine pour lui, alors il envoie des signaux de plus en plus forts, emmagasine même sur la salade qu'on mange parcimonieusement, rien à faire on continue encore, on ne l'écoute pas, quels signaux ? On ne sent rien, on est dans l'euphorie et la perte illusoire des quelques petits kilos... Attention à la gifle, elle arrive sans se faire remarquer. Puis, l'appel devient plus un ordre qu'un appel, un ordre énorme, un signal d'alarme genre alerte rougeeeeeeee !!! Là la fissure se fait, la tête n'arrive plus à ne pas penser à ce que le corps désire, ça tourne, c'est violent, on ne dort plus, on ne vit plus on a la bouffe dans la tête. Et là, là c'est THE craquage, la pure et magnifique crise d'hyperphagie bien flamboyante, avec achats compulsifs dans un état second tant qu'on y est, qui dure dure et dure encore, le corps se venge, refait les réserves car il a connu une période dangereuse de carences, parceque la tête là-haut a cru qu'elle en savait plus sur ses besoins que lui-même, mécanique bien huilée, entrainée à la survie coûte que coûte, vaille que vaille. Et là, c'est la honte assurée, la dépréciation horrible de soi, on a les autres autour de nous, aimants comme pas possible, il faut le leur cacher, c'est tellement horrible ce qu'on vient de faire là, alors on trouve toutes les planques les plus improbables pour cacher les cadavres vides et les victimes de nos compulsions. Et on fait semblant de sourire pour quelques uns, on s'isole pour certains autres. On ne sort plus, on a l'impression que tout le monde sait, que tout le monde le voit, que tout le monde se moque de nous, que tout le monde nous trouve monstrueux, on se voit encore plus hideux qu'on ne l'est vraiment, on se descend tellement que les autres n'ont pas besoin de le faire. Mais qu'est ce qu'on est énormes, c'est normal voyons on mange comme 50, on a tellement honte qu'on ne mangerait presque pas devant les autres, et quand par malheur on parle de notre mal-être, on nous renvoie (sans le vouloir bien souvent...) tous nos échecs à la tête : "tu veux maigrir ? Ben fais un régime..." Voilà, retour à la case départ, la honte de ne pas y arriver.. et ça tourne, ça tourne..."
Ta maman, elle, sait ce qu'elle a, elle te l'a dit, elle est en plein dans le cercle vicieux. Elle se trouve horrible en étant grosse, elle compulse tellement elle a honte, en compulsant elle grossit, en grossissant elle a honte, en ayant honte elle compulse. Et tourne le malheur, sans fin, sans fin... Jusqu'à ce que les mots se posent. Il m'a fallu une bonne dose de courage pour mettre des mots là où ça n'allait pas, j'ai reçu une aide inattendue, je suis tombée par ici, j'ai appris à m'aimer tout doucement, à sortir de l'engrenage, à dédiaboliser la nourriture, pour qu'elle ne soit plus bouffe mais moyen de subsistance agréable. Je ne dis pas qu'il n'y a plus de rechutes, mais elles sont bien moindres, bien moins insupportables, parceque je sais ce que c'est, que j'ai mis des mots dessus, que j'en parle, et que nom de nom plus personne ne me culpabilise, ou n'ose le faire depuis que j'ai remis les pendules à l'heure dans les casbas !!! Ta mère a eu le temps d'emmagasiner plus de frustration, de douleur que moi, elle s'en remettra lentement mais sûrement. Tu devrais l'amener parmis nous, qu'elle se sente moins seule, qu'elle comprenne qu'on peut s'en sortir, qu'elle vienne enfin lâcher son problème parmis des personnes qui la comprendront. Et qui la soutiendront. On est presque tous et toutes un peu dans le même caca de TCA, certains ici sont boulimiques, d'autres luttent avec l'anorexie, et on se débrouille comme on peut, on se remonte.
Ouhlaaaaa là c'est plus la réaction épidermique, c'est le coeur qui a parlé, je voudrais t'aider à comprendre la douleur de cette femme qui est ta mère. Pardon pour le HS, je pourrais demander à ce qu'on crée carrément un topic là dessus, pour aider ce jeune homme, je suis toute confuse :oops: je me suis laissée emporter... par mes sentiments.