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Diététicienne ou Weight Watchers ?

49 ans région parisienne 5831
papille a écrit:
je crois qu'il y a des fois quelque chose d'insupportable dans le fait que l'on dépende entièrement de son corps et que notre intellect et  
notre conscience ne soient pas aussi indépendants que l'on ne le voudrait.


Oui, mais, comme vous le souligniez plus haut, ce qui est étange, c'est qu'on n'a pas les même réticences vis-à-vis du sommeil ou de la soif, par exemple, qui sont pourtant aussi des symptômes de "dépendance" à notre corps.

Pourquoi la nourriture a-t-elle cette place particulière que le sommeil et la soif n'ont pas? Au delà de raison historiques, bien entendu...

Mona Cholet parle de la crainte des "femmes goulues", grandes "dévoreuses" d'homme. On associe aussi souvent le "bon appétit" à un appétit de vie une femme qui mange avec appétit est dite "bonne vivante" par exemple). On dirait que les femmes se voient dénier le droit d'avoir envie de vivre pleinement, à travers cette injonction à manger moins que leur faim.
37 ans 1547
Je ne suis pas sûre que l'on soit si serein par rapport au sommeil et à la soif.
Je me souviens d'un passage qui m'avait beaucoup interpellé dans le bouquin de Jan Chozen Bays, Manger en pleine conscience.
Elle y évoque comment, par la publicité je crois, on nous a convaincu que nous avions besoin de boire, et comment, depuis, nous nous trimballons avec une bouteille d'eau que l'on a créé exprès pour nous, petits êtres en menace de déshydratation ;)
(On peut penser aussi aux thermos individuels transportables.)
Je me suis sentie concernée car je ne sors jamais sans ma petite bouteille d'eau, pour moi la soif est une sensation très désagréable si je ne peux pas la satisfaire.
Sans parler de ceux qui comptent leur apport liquidien pour atteindre la "juste dose"... ou qui s'empêchent de boire de peur qu'un autre besoin émerge...

Pour le sommeil, combien sommes-nous à nous empêcher de dormir ou à nous forcer à nous coucher selon les heures et à estimer notre nombre d'heures de sommeil en dehors de l'énergie que l'on a pu mobiliser dans la journée. A-t-on forcément besoin exactement du même nombre d'heures toutes les nuits ? Peut-être, je n'en sais rien, mais je pense que tous les besoins instinctuels peuvent être l'objet d'un contrôle qui ne dépende pas seulement de nos besoins et sensations.
(Je trouve la chronobiologie assez intéressante, elle étudie notamment les variations spontanées de l'organisme et celles induites par l'environnement comme le rythme social par exemple. Attention, je ne parle absolument pas de chrononutritionmachinchouette.)
Par exemple moi c'est quand ma nutritionniste m'a parlé de la faim comme de l'envie d'uriner, que la plupart des gens géraient plutôt bien ce besoin.
J'ai trouvé ça éloquent, vraiment. Et puis, ensuite, j'ai réalisé que j'ai tendance à anticiper ce besoin de peur qu'il apparaisse à un moment où je ne suis pas disponible pour le satisfaire.
(D'ailleurs Jan Chozen Bays évoquait au passage que la "fausse soif" - celle induite par les discours recommandant tant d'eau à boire par jour et la peur d'être déshydrater - influe aussi sur ce besoin.)
Et que dire de la représentation des besoins sexuels ? Des besoins sociaux ?
38 ans 3267
Pour la bouteille d'eau, je suis un peu perplexe: dans toutes les civilisations, travailleurs et voyageurs transportaient des outres/gourdes/amphores/ autres pour étancher leur soif régulièrement, et il y avait de nombreux établissements dans les villes où boire de l'eau ( et de l'alcool aussi, mais, comme me l'a fait remarquer une autre amie férue d'histoire, en un temps où l'eau était souvent boueuse, l'éviter pouvait être salutaire).
37 ans 1547
(Suite) Je ne prône pas forcément un respect absolu des sensations corporelles hein. Je me dis juste que les besoins corporels sont souvent traités comme des caprices, comme si le corps était un être tyrannique que l'on voulait une bonne fois pour toutes dresser et animer selon nos désirs esthétiques, sociaux, idéologiques ou autre. Probablement que tous les besoins ne sont pas traités ainsi avec la même force.
37 ans 1547
LovelyLexy a écrit:
Pour la bouteille d'eau, je suis un peu perplexe: dans toutes les civilisations, travailleurs et voyageurs transportaient des outres/gourdes/amphores/ autres pour étancher leur soif régulièrement, et il y avait de nombreux établissements dans les villes où boire de l'eau ( et de l'alcool aussi, mais, comme me l'a fait remarquer une autre amie férue d'histoire, en un temps où l'eau était souvent boueuse, l'éviter pouvait être salutaire).


Ils avaient sûrement tous aussi des vivres avec eux, non ? Pour compenser l'énergie dépensée pendant les plus ou moins longs voyages ?

Cela dit, je ne pense pas que ça soit seulement contemporain (moderne), le rapport qu'on entretient à la dépendance à notre corps.
50 ans à la maison ! 10072
Est-ce que ça ne viendrait pas plutôt du fameux "pêcher de gourmandise" ?
38 ans 3267
trashrap a écrit:
Est-ce que ça ne viendrait pas plutôt du fameux "pêcher de gourmandise" ?


Pas forcément, Trashtrap, car la gourmandise c'est manger quand on n'a plus faim. Là c'est manger tout court qui est attaqué.
50 ans à la maison ! 10072
oui, mais est-ce que ça ne dériverai pas de là ? justement parce que peu de gens sont réellement capables de faire la différence entre manger par faim et manger par gourmandise.
49 ans région parisienne 5831
papille a écrit:
Elle y évoque comment, par la publicité je crois, on nous a convaincu que nous avions besoin de boire, et comment, depuis, nous nous trimballons avec une bouteille d'eau que l'on a créé exprès pour nous, petits êtres en menace de déshydratation ;)


Oui, mais c'est le chemin inverse de la faim: on nous dit de boire et d'avoir tout le temps de l'eau sur soi pour ne pas avoir soif, alors qu'on nous dit de ne pas manger, même si on a faim.

Donc même si c'est vrai qu'on n'est aps forcément serein, c'est quand même très différent de se forcer à boire, quitte à boire trop, et de se forcer à ne pas manger, quitte à avoir faim. En général, on te dit de penser à ton corps, de dormir assez (on nous dit que le corps a "besoin" d'au moins 8h de sommeil), de boire assez (il "faut" boire 1 litre d'eau par jour)... sauf pour la faim où on te dit: "si t'as faim, boit un verre d'eau ou va faire du jogging, ça te changera les idées". :roll:

Donc la faim est quand même traitée de façon à part, parmi toutes les sensations corporelles. Pourquoi??
49 ans région parisienne 5831
trashrap a écrit:
oui, mais est-ce que ça ne dériverai pas de là ? justement parce que peu de gens sont réellement capables de faire la différence entre manger par faim et manger par gourmandise.


tu crois? j'ai pas l'impression que ce soit le cas: autour de moi, les gens disent souvent "là, je n'ai plus faim, c'est juste par gourmandise que je me ressers". J'ai plutôt l'impression qu'une grande partie de la population sont des mangeurs régulés qui savent parfaiement quand ils ont faim et quand ils mangent par gourmandise...
38 ans 3267
Et, juste pour le plaisir, Mamykro, une de mes "astuces anti faim" préférées ( je ne la suis pas, je la trouve juste marrante): mettre un rouge à lèvre très beau et très cher donc on ne mange plus pour ne pas l'enlever :roll:
51 ans 35 10308
mamykro a écrit:
Donc la faim est quand même traitée de façon à part, parmi toutes les sensations corporelles. Pourquoi??

L'évocation des pêchés capitaux est intéressante en fait. Parce que la libido est aussi une sensation corporelle qui n'est pas toujours très bien vue non plus, par exemple.

(PS : j'ai mis un message en bas de la page précédente en réponse à Papille qui est peut-être passé inaperçu! ;) Ca fait un peu désespéré, pardon, mais j'aimerai bien avoir vos avis aussi sur ce lien entre la RA et l'acceptation des sensations de son corps).

On a bien dévié du sujet initial par contre! ;) (mais c'est tout à fait intéressant).
38 ans 3267
Comme dans toute conversation, Angia, on sait quand ça commence... ;)
En fait, la libido est bien vue désormais, mais super sous contrôle aussi ( il faut avoir un certain nombre de partenaires, tester telle ou telle pratique, etc); la faim est non seulement contrôlée, mais nombre de gens la nient totalement.
50 ans à la maison ! 10072
Angia a écrit:

papille a écrit:
Cela dit, en dehors des représentations selon les sexe, je crois qu'il y a des fois quelque chose d'insupportable dans le fait que l'on dépende entièrement de son corps et que notre intellect et notre conscience ne soient pas aussi indépendants que l'on ne le voudrait.

C'est très vrai. Pour moi j'ai ressenti ça assez fortement au début de ma RA, et ça a été pour moi une étape assez importante dans mon "acceptation" de moi (faute de meilleur terme) : le fait de considérer que mon corps n'est pas étranger à mon esprit, que mon corps c'est moi aussi et qu'à me battre contre lui c'est en fait contre moi que je me bas. Je lis souvent ces témoignages ici, de filles qui considèrent leur corps comme un étranger, qui fait des choses qu'on ne comprend pas, contre lequel on se révolte. J'ai trouvé que l'acceptation des sensations de mon corps comme des choses qui font aussi partie de moi a été très libérateur et apaisant.


Pour moi c'est à la fois le fondement et le but de la RA.
49 ans région parisienne 5831
Angia a écrit:
Je lis souvent ces témoignages ici, de filles qui considèrent leur corps comme un étranger, qui fait des choses qu'on ne comprend pas, contre lequel on se révolte. J'ai trouvé que l'acceptation des sensations de mon corps comme des choses qui font aussi partie de moi a été très libérateur et apaisant.
B I U