
Je reconnais beaucoup l'adolescente que j'ai été dans ce que tu écris, aussi est-ce à elle que je vais répondre. Parce que je la connais bien mieux. Prends ce que tu souhaites dans ce qui va suivre, il est parfaitement possible que l'essentiel, voire l'intégralité, ne soit pas pertinent.
Je me souviens de cette sensation de m'échapper à moi-même. De cette colère. Dedieu', cette colère! De cet ennui vis à vis de ce qui m'entourait. De cette frustration. De ce brouillard cotonneux, aussi, d'où le monde peinait à me parvenir, et d'où je peinais à atteindre le monde.
J'ai cru, longtemps, être indifférente aux gens qui m'entouraient. Parce que je ne me reconnaissais pas dans les gens de mon âge, parce que je suis aussi quelqu'un d'un peu solitaire. J'ai cru ne m'attacher à personne. Qu'aucun n'était réellement important. Et, de fait, c'était le cas. L'incompréhension, la distance étant ma seule réaction à l'affection de ceux qui m'entouraient.
Il m'a fallu du temps pour comprendre que l'amitié n'est pas toujours un lien qui s'impose. Parfois, souvent même, il se construit. De manière plus lente, plus laborieuse, c'est vrai, chez ceux qui peinent à se laisser aller, se découvrir. Et me refusant à m'investir (par peur, probablement de connaître le rejet dans son aspect le plus douloureux : après s'être dévoilée intimement), je me privais de cette amitié sincère que j'esperais pourtant.
Je me prétendais indifférente aux autres, à l'importance qu'ils auraient pu avoir, sans jamais m'avouer que je ne faisais qu'appliquer la vieille maxime "La meilleure défense, c'est l'attaque". Blesser avant d'être blessée, rejeter avant d'être rejetée, déprécier avant d'être dépreciée. Peut-être bien aussi parfois une manière de tester l'autre, ses capacités à m'accepter.
Je t'ai dis plus tôt que je ne me reconnaissais pas dans les adolescents qui m'entouraient. C'est vrai, bien entendu. Cela m'a amené à un travers que j'ai vu par la suite chez beaucoup d'autres. Dans ton message, notamment.
Je les dévalorisais. Parce qu'ils étaient plus à l'aise, plus beaux, plus heureux, je voulais me croire plus lucide, plus mature, plus intelligente, plus, plus... Différente, en somme. Si je ne l'étais pas, alors que me serait-il resté? Ils étaient "parfaits", je me réservais les qualités intellectuelles.
J'ai rabaissé leurs loisirs, stupides, gamins et inconscients. Rabaissé leurs choix, leurs personnalités, leurs interactions avec le monde. J'ai nié leurs intelligences, leurs souffrances, leurs valeurs, de ces jeunes qui, comme moi, vivaient leur adolescence. Juste, différemment.
Pour me sentir mieux. Pour, dans le marasme du mal-être, me sentir, au moins un petit peu...meilleure.
Je n'avais pas, pourtant, à le faire. Comme toi aujourd'hui, ma valeur n'a jamais été moindre à celle de n'importe qui. Je n'avais rien à prouver, pas même à moi.
Je me suis aussi, longtemps, complu dans l'aspect lunatique, caractériel de mon, justement, caractère. Parce qu'au fond, de cet aspect, j'en étais plutôt fière. Il était partie de moi. Plus encore, il me donnait un certain charisme. Les gens ignoraient comment m'appréhender, mes colères étaient épiques. Je pouvais bien prétendre y voir des défauts, au fond, pourquoi y aurais-je réellement renoncé?
Pour tout ce qui a précédé, j'ai répondu à l'interprétation que je me fais de ton message. Rebondis sur ce que tu souhaites, laisse le reste mourir de lui-même.
A présent :
Ton père n'a pas à te traiter de baleine. Tu m'entends? Je vais le foutre en gras, histoire d'affirmer l'absolue conviction :
Jamais personne n'a a te parler ainsi. JAMAIS. Amour, mon cul. C'est de l'irrespect le plus total.
Il n'oserait probablement jamais parler ainsi en face à une simple connaissance. Personne ne prendrait serieusement l'excuse du "mais c'est pour son bien :,(". Pourtant, parce que tu es sa fille, il pourrait se le permettre? Au nom de quoi? Quels avantages pourrais-tu en retirer? L'envie de te faire réagir (Sur un sujet qui, d'ailleurs, n'est jamais que physique, superficiel.) justifie-t-il donc de t'insulter?
Non.
Putain, non.
Quant aux études, tu es jeune. Genre, vraiment jeune. En terminal à 16 ans, je suppose que tu as du sauter au moins une classe. Peut-être es-tu, simplement, en train de saturer. Laisse-toi la place d'envisager de prendre ton temps. Ne te met pas de pression vis à vis de ce que tes capacités devraient produire. Les ambitions d'hier ne sont pas forcément celles d'aujourd'hui.
Si tu tiens à faire des activités, essaye d'en faire seule, loin de toutes connaissances. Contacte une association, entame des cours sportifs inhabituels, fais du bénévolat... Quelque chose qui te soit tien sans craindre le regard des autres, dans lequel tu puisses te construire tranquillement.
Concernant tes jeux de rôle sur internet, tu as peut-être besoin de reprendre les choses à zero, jouer la rupture. T'investir dans d'autres sites, d'autres jeux, d'autres chats, en tant que toi-même. Tu parles de ton attachement à ce garçon, sans que cela semble non plus important. Sache, si tu t'interroges, qu'il est très facile de s'attacher sans véritables raisons, ni véritables sentiments, quand nous traversons une période de vide affectif. A l'adolescence, oui, plus tard aussi. C'est vachement rassurant, j'en ai pleinement conscience.
Essaye le psy. Tu sembles avoir besoin de t'analyser, et un psychologue est le réceptacle parfait pour ce type de réflexion. Et... tu viens aussi de vivre un deuil, quoiqu'apparemment plus si récent. As-tu eu l'occasion d'en parler?
Ps: Il y a trois éléments que tu survoles, et qui pourraient pourtant être importants :
- La maladie de ta mère a-t-elle changé quelque chose, même brièvement, dans vos rapports? Une dépression est loin d'être anodine.
- La naissance de ta soeur a-t-elle eu un impact concret sur ta place dans la famille, ta vision de toi?
Et, mais tu n'as évidemment pas y répondre si tu ne le souhaites pas :
- Ces personnes a t'avoir ridiculisée, qui étaient-elles, que t'ont-elles fait? A l'adolescence, ces evenements peuvent prendre émotionnellement des proportions inattendues.
Je me souviens de cette sensation de m'échapper à moi-même. De cette colère. Dedieu', cette colère! De cet ennui vis à vis de ce qui m'entourait. De cette frustration. De ce brouillard cotonneux, aussi, d'où le monde peinait à me parvenir, et d'où je peinais à atteindre le monde.
J'ai cru, longtemps, être indifférente aux gens qui m'entouraient. Parce que je ne me reconnaissais pas dans les gens de mon âge, parce que je suis aussi quelqu'un d'un peu solitaire. J'ai cru ne m'attacher à personne. Qu'aucun n'était réellement important. Et, de fait, c'était le cas. L'incompréhension, la distance étant ma seule réaction à l'affection de ceux qui m'entouraient.
Il m'a fallu du temps pour comprendre que l'amitié n'est pas toujours un lien qui s'impose. Parfois, souvent même, il se construit. De manière plus lente, plus laborieuse, c'est vrai, chez ceux qui peinent à se laisser aller, se découvrir. Et me refusant à m'investir (par peur, probablement de connaître le rejet dans son aspect le plus douloureux : après s'être dévoilée intimement), je me privais de cette amitié sincère que j'esperais pourtant.
Je me prétendais indifférente aux autres, à l'importance qu'ils auraient pu avoir, sans jamais m'avouer que je ne faisais qu'appliquer la vieille maxime "La meilleure défense, c'est l'attaque". Blesser avant d'être blessée, rejeter avant d'être rejetée, déprécier avant d'être dépreciée. Peut-être bien aussi parfois une manière de tester l'autre, ses capacités à m'accepter.
Je t'ai dis plus tôt que je ne me reconnaissais pas dans les adolescents qui m'entouraient. C'est vrai, bien entendu. Cela m'a amené à un travers que j'ai vu par la suite chez beaucoup d'autres. Dans ton message, notamment.
Je les dévalorisais. Parce qu'ils étaient plus à l'aise, plus beaux, plus heureux, je voulais me croire plus lucide, plus mature, plus intelligente, plus, plus... Différente, en somme. Si je ne l'étais pas, alors que me serait-il resté? Ils étaient "parfaits", je me réservais les qualités intellectuelles.
J'ai rabaissé leurs loisirs, stupides, gamins et inconscients. Rabaissé leurs choix, leurs personnalités, leurs interactions avec le monde. J'ai nié leurs intelligences, leurs souffrances, leurs valeurs, de ces jeunes qui, comme moi, vivaient leur adolescence. Juste, différemment.
Pour me sentir mieux. Pour, dans le marasme du mal-être, me sentir, au moins un petit peu...meilleure.
Je n'avais pas, pourtant, à le faire. Comme toi aujourd'hui, ma valeur n'a jamais été moindre à celle de n'importe qui. Je n'avais rien à prouver, pas même à moi.
Je me suis aussi, longtemps, complu dans l'aspect lunatique, caractériel de mon, justement, caractère. Parce qu'au fond, de cet aspect, j'en étais plutôt fière. Il était partie de moi. Plus encore, il me donnait un certain charisme. Les gens ignoraient comment m'appréhender, mes colères étaient épiques. Je pouvais bien prétendre y voir des défauts, au fond, pourquoi y aurais-je réellement renoncé?
Pour tout ce qui a précédé, j'ai répondu à l'interprétation que je me fais de ton message. Rebondis sur ce que tu souhaites, laisse le reste mourir de lui-même.
A présent :
Ton père n'a pas à te traiter de baleine. Tu m'entends? Je vais le foutre en gras, histoire d'affirmer l'absolue conviction :
Jamais personne n'a a te parler ainsi. JAMAIS. Amour, mon cul. C'est de l'irrespect le plus total.
Il n'oserait probablement jamais parler ainsi en face à une simple connaissance. Personne ne prendrait serieusement l'excuse du "mais c'est pour son bien :,(". Pourtant, parce que tu es sa fille, il pourrait se le permettre? Au nom de quoi? Quels avantages pourrais-tu en retirer? L'envie de te faire réagir (Sur un sujet qui, d'ailleurs, n'est jamais que physique, superficiel.) justifie-t-il donc de t'insulter?
Non.
Putain, non.
Quant aux études, tu es jeune. Genre, vraiment jeune. En terminal à 16 ans, je suppose que tu as du sauter au moins une classe. Peut-être es-tu, simplement, en train de saturer. Laisse-toi la place d'envisager de prendre ton temps. Ne te met pas de pression vis à vis de ce que tes capacités devraient produire. Les ambitions d'hier ne sont pas forcément celles d'aujourd'hui.
Si tu tiens à faire des activités, essaye d'en faire seule, loin de toutes connaissances. Contacte une association, entame des cours sportifs inhabituels, fais du bénévolat... Quelque chose qui te soit tien sans craindre le regard des autres, dans lequel tu puisses te construire tranquillement.
Concernant tes jeux de rôle sur internet, tu as peut-être besoin de reprendre les choses à zero, jouer la rupture. T'investir dans d'autres sites, d'autres jeux, d'autres chats, en tant que toi-même. Tu parles de ton attachement à ce garçon, sans que cela semble non plus important. Sache, si tu t'interroges, qu'il est très facile de s'attacher sans véritables raisons, ni véritables sentiments, quand nous traversons une période de vide affectif. A l'adolescence, oui, plus tard aussi. C'est vachement rassurant, j'en ai pleinement conscience.
Essaye le psy. Tu sembles avoir besoin de t'analyser, et un psychologue est le réceptacle parfait pour ce type de réflexion. Et... tu viens aussi de vivre un deuil, quoiqu'apparemment plus si récent. As-tu eu l'occasion d'en parler?
Ps: Il y a trois éléments que tu survoles, et qui pourraient pourtant être importants :
- La maladie de ta mère a-t-elle changé quelque chose, même brièvement, dans vos rapports? Une dépression est loin d'être anodine.
- La naissance de ta soeur a-t-elle eu un impact concret sur ta place dans la famille, ta vision de toi?
Et, mais tu n'as évidemment pas y répondre si tu ne le souhaites pas :
- Ces personnes a t'avoir ridiculisée, qui étaient-elles, que t'ont-elles fait? A l'adolescence, ces evenements peuvent prendre émotionnellement des proportions inattendues.