Mamykro, ça me parlait bien ce que tu avais dit plus tôt dans la conversation à ce sujet !
Ça a révolutionné mon plaisir à la marche quand j'ai enfin pu aller marcher à l'extérieur, ça a été source de découvertes, de tourisme, de partage avec d'autres. La marche, ça a fini par devenir ça plus que l'activité elle-même de mettre un pied devant l'autre. Même si j'apprécie aussi vraiment ce mouvement qui me paraît être pour ainsi dire le plus naturel pour mon corps. J'ai l'impression que quand je marche, c'est le seul moment où je suis dans le "juste rythme". Et quand je suis seule, j'ai l'impression que ça ouvre à la rêverie, que ça délie les pensées et ça me rend créative.
Mais je n'ai ces plaisirs que si je suis seule. Sinon, c'est un autre plaisir, celui d'être nourrie "affectivement" par exemple, par les découvertes touristiques ou les gens avec qui je suis.
En te lisant Mamykro, je sens que je suis encore fragile par rapport à certaines choses. Je ne pourrais pas forcément vivre bien de faire partie à nouveau d'une équipe par exemple, si gagner est important. J'aurais très peur de ralentir le groupe, je me mettrais la pression et ça finirait par gâcher mon plaisir.
Par contre j'ai eu fait de la gym en groupe, et là c'était très sympa, parce que justement il n'y avait pas d'enjeu collectif à ce que j'arrivais ou non à faire, ce qui n'empêchait pas qu'on joue à plusieurs (initiation au rugby par exemple) et j'aimais beaucoup, mais c'était dans un cadre qui me rassurait, le fait de gagner ou non n'avait en soi aucune importance. Le principe était de bouger en s'amusant. :D
En fait, même seule, si mon "prof" me demande d'aller dans la "performance", ça m'angoisse, je recule, je parlemente, je dis que je ne suis pas prête, que je ne suis pas capable, etc. Je crois que ça me fait peur, probablement parce que ça me renvoie à "réussir/rater" et un peu à ce qu'on disait avec Fila sur la valeur que ça donne ou non à soi. Seule ça va, mais avec le prof qui me demande quelque chose, c'est comme une résurgence. Rien que de l'écrire en fait ça le remet à sa place, c'est cool. Merci de m'en donner l'occasion ;)
Trashrap, c'est vrai ce que tu dis par rapport au vélo.J'ai ressenti ça par rapport à l'elliptique et à la marche parfois. Je l'attribuais aux sensations cardiaques (et aux superbes molécules qu'elles libèrent).
Je trouve cette question du rapport entre l'envie (la disposition à) et le plaisir perçu très intéressante (et nouvelle à mon esprit).
Il y a des sensations "fortes", très présentes et assez accessibles, moins dépendantes de notre disponibilité, de notre besoin ou envie. C'est comme "mécanique" (là encore, ça me fait penser aux circuits de la récompense). Et il y en d'autres, plus subtiles, plus variées, qui me paraissent plus dépendantes de notre disposition à elles.
Un peu comme l'apaisement du ventre plein qui vient plus facilement qu'on ait pris plus plaisir ou non au niveau gustatif, qu'on ait eu faim ou envie.
Quand manger devient plus un plaisir de la bouche, des yeux, du nez, du coeur, que le seul plaisir du ventre, je pense qu'on ne mange plus de la même façon et que cette expérience (certes non pas sans une certaine répétition) transforme quelque chose qui fait que c'est dur d'être vraiment satisfait seulement avec l'apaisement du ventre.
Pour moi le sport c'est un peu pareil. Si on s'en limite au plaisir du coeur (dans le sens cardio/endorphines), c'est très chouette, très vif, mais ça reste assez limité sur le long terme et dans le cadre d'une pratique régulière, la motivation est peut-être plus rituelle ou par
anticipation de ce plaisir cardio (je n'ai pas hyper envie de le faire là, mais je sais que quand j'y serai, ça sera bon alors j'y vais!) que par envie du mouvement dans le présent (j'ai plus envie de l'après coup que de l'activité elle-même).
Si l'on a envie de trouver d'autres choses comme essayer de sentir le mouvement de sa foulée, de s'exercer sur un terrain différent, de retrouver des collègues, ça donne drôlement envie.
(Bon dans lc'est toujours intriqué, je ne les différencie que pour essayer de penser à ce rapport dont tu parles.)
Je ressens vraiment quelque chose "en plus" que je trouve hyper stimulant et plus accrocheur. Si je me limitais au plaisir cardio, que j'apprécie beaucoup, mes séances à la piscine perdraient énormément d'intérêt.
(N'empêche, j'espère refaire du vélo un jour. J'adorais ça enfant.)
Sinon, je me demande si le "besoin de mouvement" a été étudié ?
J'ai été surprise de sentir l'envie de bouger puis le besoin de bouger, mais qu'une fois APRES que je me sois remise à bouger (et que le plaisir a pris le pas sur la douleur).
Après il me semble aussi que selon le poids que l'on fait et la "sédentarité", il y a des trajets sensitifs différents, comme "anesthésiés" (je le dis très mal) qui participent au sentiment d'être loin de ses sensations corporelles et de vivre son corps comme coupé de soi. Peut-être que le mouvement permet aussi d'agir de ce point de vue là et que dans ce sens là, ça apporte aussi à la RA, sur un plan "physique".
Sinon, je vais essayer l'activité corporelle que ma nutritionniste me (re)propose, après que je lui ai parlé des sensations que je découvrais dans l'eau et le mouvement. Je me demande ce que ça va donner.