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Grosse, 5 choses..

110 ans 111
http://www.huffingtonp...nsez-_b_4432089.html?ir=France

Je suis paresseuse

Je veux dire, si j'étais aussi active que je le prétends, je serais mince, non ? Les gens actifs sont minces. Les gens dynamiques,  
qui bossent beaucoup, qui se couchent tard et qui font toujours plein de projets, n'ont pas le temps de dévorer des bonbons à longueur de journée roulés en boule sur leur canapé. Ils mangent une salade sur le pouce, ils sautent parfois des repas tellement ils carburent. Ils sont au-dessus des contingences matérielles telles que se nourrir. Et puis, ils courent partout toute la journée, ils se bougent, ils n'ont pas une vie de sédentaire. Donc ils ne peuvent pas grossir ou être gros. Si ?

Je n'ai aucune volonté

Parce que bon, ce n'est pas compliqué, quand même, de mincir. Il suffit de se prendre en main, de se dire une bonne fois pour toutes "fini le chocolat" et de faire quelques efforts par-ci par-là. Des tonnes de gens y arrivent sans souci, pourquoi pas moi ? Il suffit de prévoir ses menus un peu à l'avance, de cuisiner un peu au lieu de prendre du MacDo à emporter. Tout est question de volonté. Et si on l'a, cette volonté, on choisit forcément de l'appliquer à son corps en priorité. Parce qu'avec un physique comme le mien, il n'y a rien qui devrait me tenir plus à cœur que de perdre quelques kilos. On s'en fout que j'ai lancé mon entreprise il y a un an, que je sois impliquée dans plusieurs assos et projets à côté. Tant que je n'aurais pas maigri, j'aurais forcément raté quelque chose dans ma vie.

Je ne suis pas sportive

C'est évident, ça se voit tout de suite : les sportifs ne peuvent pas être gros. Attention, je ne parle pas d'athlètes aux JO, mais de Monsieur et Madame Tout-le-monde qui font leur tour de parc en courant le week-end. Le sport, c'est pour les gens en bonne santé, qui prennent soin de leur corps et qui aiment se dépenser physiquement. Ce n'est donc pas pour les gros. Je connais pourtant plein de gros qui font de la natation, du jogging, de la danse, du volley ou de la gym suédoise, moi compris. Pourtant on me conseille régulièrement de "m'y mettre"; c'est qu'on doit penser que je suis décidément engluée à ce fameux canapé et que je ferais mieux d'essayer de faire quelque chose à propos de mon poids. D'ailleurs, quand tu es gros, c'est bien de faire savoir que tu es sportif. Sinon tu as droit au couplet Ça te ferait du bien quand même, il suffit de t'y tenir, et de t'y mettre progressivement. Sinon on va encore se dire que tu ne fais aucun effort. Or il y a des gens qui n'ont aucune envie de consacrer du temps dans leur semaine au sport. Et gros ou mince, c'est tout à fait leur droit.

Je mange n'importe quoi

Si je mangeais correctement selon les règles bien connues de tous : trois repas par jour, pas de grignotage, des légumes et des fruits, pas de sucreries, c'est sûr que je perdrais du poids et que je deviendrais mince. Encore une fois, tout est une question de volonté ; à force de manger des plats préparés et des chips toute la journée, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Certains hommes m'ont même avoué qu'ils adoraient les femmes gourmandes, en commandant un dessert pour moi d'office, alors que je n'avais plus faim.

Pourtant, je ne pense pas à la nourriture en permanence, et je ne mange pas toute la journée. Pendant longtemps, j'avais une alimentation déstructurée d'étudiante nourrie aux pâtes et aux gâteaux apéritifs. Cela dit, je ne me sentais absolument pas coupable et ça ne donnait le droit à personne de me faire des réflexions sur mon corps. Aujourd'hui, j'essaie de manger le plus sainement possible, pour ma santé, pas pour mon poids. Parfois, quand je rentre tard, je mange aussi sur le pouce, comme tout le monde. Mais je ne mincis pas. Je reste grosse. Si je mange 800 calories par jour pendant quinze jours, je perds effectivement quatre kilos. Mais je ne crois pas que ce soit beaucoup plus sain de faire maladivement attention à ce que l'on ingère, et surtout ce n'est pas pour ça que je maigrirais vraiment. Avoir une alimentation équilibrée, c'est le plus important pour moi - la perte de poids n'est pas un but en soi.

Je suis en mauvaise santé

C'est évident ; avec mon surpoids actuel, je dois avoir plein de problèmes. Le cœur, le diabète, le cholestérol, les articulations, la tension. Je vais pourtant chez mon médecin chaque année, et il me confirme que je suis en parfaite santé. Mais tout de même. Les ennuis vont arriver, c'est inévitable. Tu ne peux pas être gros sans conséquences dramatiques, sinon ça se saurait. Pourtant, je prends la pilule ou j'ai un stérilet, comme les autres femmes plus minces. Je ne consulte que pour des angines ou une infection urinaire bénigne une fois par an. J'ai des amies minces qui ont des soucis de santé, et des amies grosses qui vont très bien. Et l'inverse aussi. Et ce n'est pas marqué sur leur front.

Et 5 choses auxquelles vous ne pensez pas forcément en me voyant :
Je ne trouve ma taille que dans trois enseignes dans tout Paris (voire dans toute la France)

J'aime bien faire du shopping de temps en temps. Mais ça se passe de moins en moins en magasin pour moi. Je fais une taille 48, voire 50, et j'habite Paris. Mes options : C&A, Monoprix, parfois H&M et Gap pour les budgets moyens. Deux ou trois marques de créateurs comme Pauline & Julie. La Halle aux Vêtements, Kiabi. Si je prends le RER, je peux avoir accès au rayon "grandes tailles" de New Look ou Forever 21, dans certains grands centres commerciaux de banlieue. Ah, et je trouve aussi ma taille en hypermarché de temps en temps. Et puis je crois qu'on a fait le tour.

Du coup, je fais de moins en moins de shopping en magasin, et je vais sur Internet. J'ai accès à une douzaine de sites de VPC majoritairement anglais ou américains, où je trouve enfin des choses qui me plaisent sans me soucier de ma taille. Si je faisais du 54 et plus, ce serait encore plus difficile, même en ligne. Mais j'ai la chance d'être "dans les clous" de la mode grande taille. Comme je connais les mêmes problématiques pour la lingerie, j'ai décidé d'ouvrir une boutique il y a un an. Je n'ai jamais réussi à acheter un soutien-gorge en ligne sans l'avoir essayé. Et j'en avais marre de les payer une centaine d'euros et qu'ils soient quand même moches. Maintenant, au moins, j'ai résolu la question de la lingerie - mais je lutte toujours pour le prêt-à-porter.

Je subis de la discrimination au quotidien

Les gens sont décidément très aimables, de nos jours. Ils se soucient beaucoup de leurs contemporains, même quand ce sont de parfaits inconnus. C'est sans doute pour cela que régulièrement, on me fait des réflexions dans la rue ou les lieux publics : La grosse. Vous devriez faire attention à votre poids. Vous ne devriez pas manger ça. Un peu de sport ne vous ferait pas de mal ! Ou bien carrément, on passe aux insultes, en bar ou boîte de nuit. Ça m'est tombé dessus pas plus tard que samedi dernier alors que je faisais la queue pour poser mon manteau au vestiaire. Pourquoi les gens se croient-ils autorisés à commenter le physique d'un inconnu ? Je ne comprends pas. Quand ça m'arrivait il y a dix ans (ado, j'étais déjà grosse), je luttais pour retenir mes larmes et ça me gâchait la soirée. Aujourd'hui, je réplique, et j'arrive à m'amuser ensuite. Mais ça m'a demandé beaucoup d'efforts et de temps pour en arriver là.

Et en dehors des gens qui se mêlent de votre vie privée sous couvert d'inquiétude pour votre santé (bizarrement, personne ne harcèle les fumeurs), il existe une réelle discrimination contre les gros. Au moment de l'embauche. Dans le milieu médical. Dans les transports (avion notamment). Et cette discrimination est d'autant plus insidieuse qu'elle est assez acceptée socialement, beaucoup plus qu'une discrimination sexiste ou raciste par exemple.

Je n'ai absolument rien contre les gens minces

Parfois, des inconnus me glissent à l'oreille : Moi, je préfère les vraies femmes, celles qui ont des rondeurs. Qui a envie de faire l'amour à un tas d'os ? Ou des amis lancent, quand on parle entre nous : Non mais de toute façon, elle est trop mince, une femme ça doit avoir des courbes ! Petit scoop : une femme ça ne doit rien du tout. Les vraies femmes sont grandes, petites, minces, grosses. Les vraies femmes, tout comme les vrais hommes, existent dans toute une diversité de silhouettes, et c'est ça qui est bien. Dans notre dernier shooting photo pour la boutique, on a fait poser une fille qui fait du 36 avec deux filles qui font du 46 et plus.

C'était super de sortir de l'opposition classique mince/gros où il n'y aucun gagnant et beaucoup trop de pression. Je ne ressens aucune jalousie envers mes amies minces. Si elles ont des complexes sur leur corps, on peut évidemment en parler sans que je me dise "Si toi tu te trouves grosse, moi je suis une baleine !" Tant qu'on est dans une dynamique positive d'acceptation de soi, on avance. Mais c'est un processus de longue haleine.

Je n'ai aucun modèle positif dans les médias

C'est un peu comme le test de Bechdel au cinéma - une fois qu'on a réfléchi à la question une fois, on ne peut plus s'empêcher d'y penser. Ça fait quelques années que j'ai réalisé qu'il n'y avait quasiment aucune femme grosse dans les médias de toutes sortes. Ni à la télé - si on excepte Valérie Damidot, qui se fait régulièrement tacler sur son poids, et Laurence Boccolini, qui joue la méchante castratrice à fond. Ni au cinéma. Jennifer Lawrence de The Hunger Games a récemment avoué qu'elle avait dû insister pour ne pas maigrir autant qu'on le lui demandait pour le rôle de Katniss. Je ne veux pas que des petites filles se disent "Oh, je veux tellement ressembler à Katniss, je ne vais pas manger ce soir !"

Ni dans la musique, à part la belle Adèle dont Karl Lagerfeld a ouvertement critiqué la silhouette, alors qu'elle n'a aucune prétention à travailler dans la mode ou à se lancer dans un concours de beauté. Comme elle l'a si bien dit, Je ne veux pas être en couverture de Playboy ou Vogue. Je veux faire la couverture de Rolling Stones ou Q.

Pas de grosses non plus dans les séries, les magazines. Nulle part.

Depuis un ou deux ans, il se passe quelque chose. Les filles considérées comme grosses par l'industrie de l'entertainment se font entendre. Lena Dunham qui expose son corps dans sa série Girls et provoque un mini-scandale. Rebel Wilson qui produit et joue dans Super Fun Night, où son poids est un sujet comme un autre. Mindy Kaling, qui elle aussi produit et joue dans The Mindy Project, où son 46 n'est quasiment jamais évoqué - une actrice qui ferait un 36 pourrait jouer le même rôle, et c'est ça qui est merveilleux. Rien que de voir des filles comme elles dans ce genre de rôles à l'écran, mon petit cœur tressaute de joie.

Mon corps me plaît (enfin !)

En me voyant comme ça au premier abord, vous pourriez imaginer une personne désespérée par son poids, qui se surveille en permanence et qui a tout tenté, même les cures miracles hors de prix ou le régime chou à tous les repas. Ou alors, au contraire, vous pourriez imaginer que je suis quelqu'un de résignée, qui sait qu'il n'y a plus rien à faire et qui subit un corps qui l'embarrasse toute la journée, dont elle a honte, qu'elle essaie de cacher. Une personne qui vit malgré son corps, qui le traîne comme un boulet et qui essaie de le faire oublier. Je ne vous cacherai pas que j'ai été ces deux personnes-là, à différents moments de ma vie. Mais aujourd'hui, ce n'est plus le cas.

Non seulement mon corps ne me gêne plus, mais il me plaît. Je suis bien dedans, et j'en prends soin. Je sais que je peux compter sur lui. Il est solide, douillet et en bonne santé. J'ai comme tout le monde des matins où je n'aime pas trop ma tête dans le miroir, mais comme tout le monde je fais la moue et je n'y pense plus. Je ne cache plus mon corps, je l'habille comme je veux. Je n'en ai plus honte, et je ne cherche plus à tout prix à en changer. Et j'ai réalisé que pas mal de gens l'aimaient bien, ce corps. Avant, je pensais que je ne pouvais plaire qu'avec ce que j'avais dans la tête. Mais je me suis rendue compte que mon corps aussi pouvait plaire, dans toute sa grosseur. D'ailleurs, c'est comme ça qu'il me plaît à moi. Et s'il était plus mince, ou plus gros, il me plairait aussi. Parce que j'ai appris à m'aimer dans mon ensemble, je suis enfin libre dans mon propre corps. Et ça, il est important que vous le sachiez.
38 ans 3170
:D

Quel beau coup de gueule =D>
45 ans 91 1474
Je trouve que ça oscille entre une réalité pas très joyeuse certes et un peu d’apitoiement sur soi même.
Je pense qu'il y aurait eu possibilité de faire un article plus positif car je suis pas convaincue que tous les gens qu'on croise en ait quoi que soit à faire de nous (mm quand on dépasse "les clous")
49 ans région parisienne 5831
Moi, je trouve ça plutôt pas mal, mais un peu long: les trop grand paragraphes risquent de décourager le public visé (à savoir, les personnes qui n'ont aucun problème de poids et qui ne connait rien à la réalité des problèmes de poids).
S
53 ans 38
Moi, je trouve ca super genial
:)
50 ans Sur un gros arbre perché 7658
Oups, pardon, mauvais clic.
E
47 ans Marne 128
Bravo, j'adore, j'adhère !!!!!!!!!!!!!!!
B I U