Concernant le sport c'est pareil on entend tout plein d'idées reçues comme sur l'alimentation, du coup on culpabilise de ne pas en faire "parce que ça
serait si bien pour nous" ... mais d'un autre coté est ce que faire mes pas de danse dans mon salon quand la musique me plait, marcher pour visiter tel ou tel endroit pendant les vacances, faire du qi gong une fois par semaine et nager à la mer une fois par an ça ne serait pas suffisant, parce que j'ai envie de le faire et que ça oui j'ai du plaisir à le faire ?
Sur le fond je suis bien d'accord avec toi pour relever et regretter que le sport fasse l'objet d'une telle contrainte implicite et sociale. Je suis lasse de ceux qui me félicitent de mon activité par rapport à mon obésité (ils sont rares, mais il y en a), je suis aussi lasse d'entendre les clichés sur les gens qui font du sport comme étant des gens focalisés sur la performance, et j'en ai aussi marre quand on veut gentiment m'y pousser (à la performance) parce qu'on voit que je suis passionnée, mais que je ne me "pousse" pas comme les autres.
Bon je dis que je suis lasse, mais en fait ça m'interpelle plus que ça ne m'atteint personnellement. Je m'en amuse presque parfois. En tout cas, sur le fait que c'est érigé socialement comme "à faire" et qu'on est censé adorer ça, c'est présent.
Je dirais même qu'il y a des discours très angoissants concernant la santé de façon générale, avec l’avènement des discours scientifiques érigés comme vérité.
Je me demande si avant, notamment quand les religions étaient plus présentes dans les discours sociaux, l'angoisse n'était pas plutôt portée sur la morale que sur la santé.
Pour autant, à longueur de journées on peut entendre plein de discours sur un peu tout, mais on ne les garde pas tous. Le schéma: on entend -> on culpabilise néglige une partie cruciale:
on entend -> on intériorise et réutilise le discours à notre propre compte -> on culpabilise
On ne peut vraiment pas faire grand chose tout seul contre les discours des "autres". Mais là où on a une possibilité d'action, c'est sur la partie intermédiaire, le point clef: ce sont devenues tes pensées et plus celles des autres.
Pourquoi y a-t-on été sensible, pourquoi en a-t-on besoin, pourquoi s'y accroche-t-on comme repère, pourquoi agit-on en fonction d'elles, pourquoi ne s'en débarrasse-t-on pas si facilement quand le côté rationnel désinvestit l'énoncé ? (on a compris maintenant, que le chocolat n'était pas le diablotin des aliments).
Ce sont des questions intéressantes à se poser, avant de chercher à tout prix à s'en débarrasser comme on chercherait à jeter toute source de sucre après s'être dit que c'était le mal.
Mathilde76 a écrit:
Est ce que de même que notre corps nous dis "j'ai faim, j'ai plus faim", il ne serait pas capable de nous dire, si on l'écoute "j'irai bien marcher un peu". Et si il ne nous le dit pas est ce parce qu'on ne sait pas l'écouter ou parce qu'il n'en a pas envie ?
Ben personnellement, avant je croyais que j'avais faim ou envie de manger alors qu'en fait j'avais besoin d'être touchée / j'avais besoin de bouger / j'étais fatiguée / j'avais soif / j'étais affectée, bref, c'était loin d'être une évidence. Et en fait, je me comportais de telle sorte à ne jamais avoir faim. Donc j'étais un peu à côté de la plaque.
Ce n'était pas que j'étais incapable d'éprouver ce besoin (faim), c'est que mes habitudes comportementales et ma difficulté à m'écouter faisaient que je n'éprouvais pas cette sensation. Moi c'est parce que je mangeais sans faim, donc je ne la laissais pas apparaître. D'autres la laissent disparaître en n'y répondant jamais. On peut faire l'expérience: si on ressent la faim et qu'on ne mange pas, elle disparaît sous sa forme ressentie initialement au bout d'un moment. Le corps passe alors sur un autre mode de ressources énergétiques. Je crois que le foie se met à fabriquer du glycogène ou un truc du genre, mais peu importe.
J'en ai parlé au début de la conversation. Je suis très étonnée de sentir qu'en fait j'ai besoin de bouger parfois. J'y réponds de façon basique: marcher un peu, me tenir debout, faire un brin de rangement, danser, gigoter, m'étirer, me relâcher des fois c'est plus prononcé encore, je ressens le besoin que mon rythme cardiaque s'accélère. Mais ça n'est pas systématique. D'autres fois je ressens le besoin de faire telle ou telle activité connue, et là je pense qu'il s'agit plus du conditionnement (mémorisation, circuit de la récompense, etc). Je découvre avec étonnement que je n'aime pas être assise sur une chaise, alors qu'avant je cherchais systématiquement cette position, pour me soulager de mon corps.
D'un point de vue purement cérébral, une professionnelle qui me suivait par rapport au fait que je n'étais pas en lien avec mes sensations corporelles m'a expliqué que l'obésité peut venir inhiber les communications synaptiques et les informations corporelles liées aux sensations et au mouvement. (J'imagine que c'est valable pour des personnes obèses en arrêt d'activité) C'est en resollicitant ces connexions qu'on peut améliorer la communication, ça ne se passe pas sans l'expérimentation et la répétition, exactement de la même façon qu'on se développe en jouant, en bougeant, en expérimentant. Ça rappelle comment l'apprentissage de schémas moteurs favorise le déploiement d'une créativité psychomotrice et d'un affinement des perceptions. On imite plus facilement quelqu'un qui danse quand on sait déjà danser par exemple. Je suis convaincue que par l'expérimentation on découvre et mémorise des informations sensori-motrices qui font évoluer nos champs perceptifs à différents niveaux.
Avec cette professionnelle, je ne faisais pas du tout d' "activité", la plupart du temps je n'étais pas en mouvement ou alors de façon extrêmement lente et modérée. Et c'était justement comme cela que je percevais mieux mes sensations, en étant la plus disponible possible.
Elle n'a jamais misé sur la fonction des endorphines, elle a misé sur l'écoute sensorielle et la représentation de mon corps.
C'est pas tout à fait sur le même sujet, et j'ai déjà dû citer cet article, mais il m'avait beaucoup parlé quand je l'avais lu (il y a un moment) mais ça aborde la question du mouvement autrement que la façon dont on peut se représenter "le sport" je trouve.
http://www.gros.org/re...hie/mieux-considerer-son-corps
Je ne sais pas si l'on ne ressent pas le besoin par absence de besoin ou par traduction différente d'un signal présent mais, imaginons, incompris.
Je trouve la question très intéressante et légitime même si c'est un peu le genre de questions auxquelles on ne peut pas vraiment répondre et qu'il s'agit surtout de voir quelle est son expérience de cela en tolérant cette relativité (pour une personne donnée à un moment donné de son expérience).
Personnellement j'aurais tendance à supposer que le besoin de mouvement est un besoin physique, entre autres. Je l'éprouve comme tel et intellectuellement ça me semble pertinent. Je me dis que son intensité, son expression et sa perception dépendent d'autres choses, physiques et non physiques. Je pense aussi que le besoin de contact est un besoin physique (et social), je l'ai éprouvé ainsi, mais ça ne m'empêche pas d'entendre que pour d'autres ce n'est pas vécu ou pensé ainsi et c'est justement ce qui est intéressant dans ce sujet !
Sinon pour la transpiration dans l'eau, je trouve qu'elle est quand même différente à vivre que la transpiration des sports terrestres. Mais je ne suis pas sûre d'avoir compris si ce que tu ne voulais pas c'était transpirer ou c'était transpirer devant d'autres gens. Pour moi, c'est différent. Avant, je me cachais même pour marcher car j'avais justement trop honte de ma transpiration et de mon essoufflement. Donc je n'allais marcher sur un tapis que lorsque j'étais seule, et si je le faisais dehors c'était avant que le soleil se lève et si je croisais quelqu'un (souvent un joggueur ou un promeneur de chien matinal, l'un comme l'autre se fichant éperdument de moi) je m'arrêtais de respirer espérant ainsi masquer combien marcher était difficile pour moi.
PS: Je suis désolée pour mes réponses hyper longues. Ça n'aura pas échappé que c'est un sujet intéressant et important pour moi. :oops:
fila91 a écrit:oui
de toute façon, le coté endorphine, se ressent qu'en cas d'effort continu en endurance après une plusieurs dizaines de minutes... ça laisse peu de choix
pour des sports plus doux, moins intenses, non continus ou de force comme ceux que j'ai pratiqué, on oublie.
Bon sinon je voulais partager ça :
http://big-gal-yoga.tumblr.com/
je suis admirative car... personnellement je suis raide comme un bout de bois brulé et sec... et j'ai des muscles profonds peu endurants.
Merci fila, c'est très agréable pour moi de découvrir les photos d'une femme ronde en mouvement. La plupart des photos que je vois sont des poses statiques classiques ou séductrices.
Ça donne très envie d'essayer les postures. Je suis plutôt assez souple, par contre, je ne suis pas sûre de pouvoir tenir toutes ces positions et j'aurais encore la trouille sur les flexions de genou par rapport à mes articulations.
Au delà de la performance physique, je trouve particulièrement belles ces deux photos:
http://big-gal-yoga.tumblr.com/image/75651833342 (une harmonie s'en dégage je trouve)
http://big-gal-yoga.tumblr.com/image/74462380964 (le tombé de la robe qui fait écho au tombé des cheveux)
Pour les endorphines, c'est clair qu'il y a une grande variation. Je fais de la natation, on pourrait croire que ça sécrète forcément des endorphines. Ce n'est pas mon cas. Je sens bien la différence selon comment je nage dans mes séances que ce n'est pas toujours le cas, mais ça peut arriver. Le plaisir que je ressens ne dépend pas des endorphines (qui le renforcent quand elles sont là).
Quand tu dis que tu ne fais pas des activités qui sont bonnes pour ta santé (articulaire en l'occurrence), tu veux dire que tu te fiches de la douleur ou des conséquences potentiellement négatives si tant est que tu aimes l'activité, c'est ça ?
Si c'est que tu arrives à ne pas t'inquiéter d'éventuelles conséquences, j'envie cela. Moi je sens que je suis inquiète de ma santé articulaire justement (et globale), et je m'empêche de faire certaines activités à cause de cela. Mais aussi peut-être parce que l'angoisse me gâcherait justement mon plaisir si je me fie aux petites choses que j'ai pu tester.