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Les étapes de l'acceptation ?

S
89 ans 4951
_Aphasie_ a écrit:
saralou a écrit:
Anaphore m a un peu paralysee ;) avec l annonce de son metier :D


:D

Faut pas, ça peut être  
très enrichissant ! Mais je ne t'apprends rien Saralou ;)

Je sais que le terme est fort, la comparaison peut-être un peu extrême. Mais je serais heureuse qu'on y réfléchisse ensemble à travers nos diverses expériences.

Raconte Saralou ! Que penses-tu de tout ça ?



Pour ma part, ces étapes je les ai connues par ma grande soeur qui m'en avait parlé pour m'aider à accepter le comportement de mon papa. On lui a annoncé son cancer en lui disant qu il était condamné car pas opérable et ensuite il a refusé la chimio car elle lui a été présentée comme ne pouvant pas le guérir, mais prolonger de quelques mois. Mais bref, là n'est pas le propos, mais ce qui m'est venu en premier à l'esprit en lisant ces étapes.

Autrement, je dois dire que je n'arrive pas à autant quantifier clairement mes étapes.

Une chose est sure, j ai couru apres la minceur pendant des années, j'ai profondément déprimé également, je me suis dévalorisé et je me culpabilisai, je refusais l'idée de rester grosse donc un déni.

Mais je n'ai pas vraiment ressenti de colère. Le chemin que j'ai fait pendant ma longue thérapie était plutot vers l'apaisement et l'acceptation, je ressens de la colère surtout devant les injustices et je ne suis pas la seule personne grosse sur terre. J'ai toujours eu un coté, suis grosse mais bon je suis en bonne santé quand meme, j'ai plus souffert d autres choses que de mon poids réellement.


Je ne pourrais pas etre en colère contre moi, car je n'avais pas la capacité de découvrir la RA avant, cela ne m'aurait pas parlé si je n'avais pas été dans une démarche globale d'acceptation.

M'accepter comme je suis a été moins douloureux que de de lutter, j'ai surtout une réelle compréhension de ce que la graisse m'a apporté, elle m'a protégé et en cela, j'ai commencé un jour à avoir une espece "d'affection" pour elle.

Donc c'est pas évident du tout pour moi de répondre en fait Aphasie.
58 ans 25
Non, je lisais depuis un moment, en recherche de fringues en fait (à Paris, c'est le premier cercle de l'enfer) mais grâce au site j'ai découvert des adresses internet sympas.
Pour ta question, elle est complexe. Ce que je dirais, là, à l'arrache, c'est que c'est la première étape, cruciale, qui manque, celle de la sidération. Le poids s'accumule sur plusieurs années - pour moi par ex. en 10 ans +/-. Il n'y a pas eu un moment où on m'a dit solennellement que tout était fini pour moi et qu'il fallait m'y préparer.
Après, oui, on peut parler de "deuils" par rapports à nos rêves initiaux avortés (je ne serai jamais astronaute, pianiste virtuose, manequin...) ou à ce qu'on a été (jeunes, minces, autonomes, plein de projets...).
Bien sûr, ok pour tout ça, ma réaction était juste pour relativiser - tout n'est pas comparable, renoncer progressivement à ce qui rend la vie plus agréable et renoncer brutalement à la vie.
Désolée si j'ai un peu plombé l'ambiance, sincèrement.
58 ans 25
Je ne vois pas de moyen d'éditer (sur portable) : je répondais à "poupoule"
49 ans région parisienne 5831
Moi, je me reconnais assez bien dans ces différentes étapes. Je ne vois pas pourquoi, parce que ces étapes auraient été crées pour des situations dramatiques, il ne faudrait pas admettre qu'elles sont tout aussi valables dans des situations qui le sont beaucoup moins.

Quand à cette fameuse "première étape", je ne pense pas qu'elle manque. On a presque toutes eu un événement déclencheur qui, à un moment, nous a amené vers notre premier régime par exemple. On peut considérer que c'est là qu'on a eu la révélation "je suis grosse" (même si évidemment, la notion de grosseur est très relative, mais pour chacune, même pour celle qui a un IMC de 18 et qui se pense grosse, c'est fondateur d'une certaine relation au corps).

Qu'est-ce que j'ai mis comme temps pour passer par toutes ces étapes! j'ai l'impression que pour moi, l'étape du marchandage a duré une éternité... Au moins 6 ans, certainement plus! Et comme beaucoup, j'y reviens régulièrement, mais au moins, ce n'est maintenant qu'une pensée fugace, au lieu d'être une vraie tentative. :lol:

C'est vrai que c'est un peu bordelique: je ne saurais pas dater chaque étape par exemple, de même qu'il m'arrive très souvent de revenir à des étapes antérieures (comme la colère, par exemple). Mais globalement, perso, ça colle assez bien avec mon parcours.
58 ans 25
@mamykro
Justement, c'est là que ça ne colle plus pour moi. Comparablement à la vulgarisation des études sur le traumatisme : ce n'est pas la même chose d'avoir passé des mois à Auschwitz et de se faire emmerder, même horriblement, par son patron et/ou son Jules. Et l'annonce qu'on va mourir n'est comparable à rien.
38 ans 3196
Merci pour ton témoignage Saralou, j'espère que ça ne réveille pas des choses trop pénibles :cry:

Mais je pense qu'on peut vraiment en tirer du positif. Plein de bisous en attendant :kiss:

Anaphore >>> Ton intervention est très intéressante. En fait, il faut que je précise que je relie beaucoup tout ça à la RA (rééducation alimentaire). Tu connais ?

En fait, pour moi, l'étape "Révélation", si l'on veut, ça a été la lecture de Maigrir sans régime de Zermati. Je l'ai vécu comme une forme de "révélation" soudaine car j'ai pu mettre enfin des mots sur tout un tas de choses, que je désespérais de comprendre depuis des années. Ca a agi comme une sorte de clé. Bref, pour moi, l'essentiel de cette prise de conscience consistait dans le fait de démonter la "pensée magique" des régimes. Avant, j'avais bien conscience d'être grosse, mais je pensais pouvoir agir là dessus, un jour ou l'autre, via les régimes, le contrôle, etc.
Et là, paf, tu comprends que ce ne sera pas le cas. Ca a été, sur le moment, à la fois un immense soulagement (plus de culpabilité, la compréhension de la nécessité de "lacher prise"), mais également une forme de renoncement... à tout ce que j'avais cru jusque là.

Du coup dans mon cas, les phases de révélation puis de déni (si l'on file la métaphore du deuil ;) ), liées à la découverte de la RA, ont été très brèves. Je sais rationnellement que l'acceptation me permettra d'être enfin pleinement heureuse, en paix avec mon corps et la nourriture. Je suis déjà plus heureuse et apaisée qu'il y a deux ans. Mais entre le savoir et le vivre, il y a parfois un monde. Et là je suis en plein dedans.

Je m'interroge sur les "étapes" de l'acceptation car cela reste assez flou je trouve. On en parle beaucoup sur le forum ; c'est un peu la quête du graal (et la seule valable à mon avis !) :)
Probablement qu'on n'arrivera pas à une définition empirique, mais je crois que ça vaut le coup d'y réfléchir. Je lis beaucoup de posteuses ici, notamment dans la section RA, qui me semblent passer par ces différentes étapes, via un cheminement plus ou moins long. D'autres aussi qui n'ont pas eu besoin de la RA pour cela. C'est pour cela que je souhaitais lancer le débat. La base de réflexion proposée est certes un peu hasardeuse, mais c'est un début à mon sens. En tout cas j'avoue que personnellement ça me parle au sens "symbolique".

Voilà pour les détails ;)

Mamykro >>> Ton témoignage me parle beaucoup. J'espère vivre un peu la même chose, et je pressens que ça va être long ! :D
38 ans 3196
Anaphore a écrit:
@mamykro
Justement, c'est là que ça ne colle plus pour moi. Comparablement à la vulgarisation des études sur le traumatisme : ce n'est pas la même chose d'avoir passé des mois à Auschwitz et de se faire emmerder, même horriblement, par son patron et/ou son Jules. Et l'annonce qu'on va mourir n'est comparable à rien.


Je comprends ce que tu veux dire, mais je trouve que tu caricatures beaucoup là. Tout le monde ici est capable de comprendre les limites d'une analogie. Nous ne sommes pas complètement idiotes non plus ;)
58 ans 25
Je ne juge personne idiot, je répondais juste à mamykro qui estime que ces notions sont transposables alors qu'à mon sens elles ne le sont pas.
Ceci dit, je trouve ta discussion très intéressante, sinon je ne serais pas venue y mettre mon nez, je pense seulement que ce n'est pas utile d'aller chercher des concepts dans le domaine des soins palliatifs, mais c'est que je suis chatouilleuse sur le sujet. :roll:
C'est toujours compliqué de renoncer à une image idéale de soi, surtout actuellement où tout nous pousse à croire que la perfection est à portée de main, ou de carte bleue, mais c'est le processus même de la maturation - on admet qu'il y a des limites à nos désirs et qu'il y a des tas de choses hors de notre portée. Certes, c'est douloureux, on se débat, il y a des allers retours, mais bon, personnellement j'ai quand même le sentiment que ce cheminement se fait doucement, et quasi inéluctablement.
34 ans 1324
A mon sens, elles le sont. Plusieurs psys m'ont demandé de faire le deuil de mon père (qui se porte bien mais qui n'est pas un bon père). Je ne vois pas en quoi l'abandon d'une image (celle qu'on aurait voulu être, quitte à se faire du mal pour l'atteindre) est différent. Donc à mon sens, ça se tient.
S
89 ans 4951
c'est vrai que le terme "deuil de la minceur" est employée en RA
44 ans Au pays des cigognes ~ 1629
Moi je rejoins un peu anaphore sur les différences de deuil.

Certes faire le deuil de la minceur passe par des phases de déni, colère etc etc ... mais je fais aussi très bien la distinction d'étapes de deuil d'un idéal (corps idéal, poids idéal, boulot idéal, homme idéal ...) et quand on t'annonce faire le deuil de ta propre vie, ta propre existence ... ce n'est pas les mêmes enjeux. Comme le deuil de la perte d'un être cher.

L'idéal c'est comme un formatage, comme quelque chose de + qu'on pourrait avoir mais qu'on a pas, qu'on nous impose, qu'on préfére. Une valeur ajoutée ... comme un luxe quoi.

Perdre la vie, ou perdre ses proches, y a pas de retour en arrière, c'est loin d'un renoncement ou d'une abdication. C'est définitif, on y trouvera jamais une solution à l'issue positive, ni d'avenir (tant dans l'acceptation, renoncement ou peu importe ...)

Enfin je sais pas si je suis très claire? Quel charabia ](*,)

A la base je voulais répondre à ce sujet, mais dans aucun point je ne me suis retrouvée. Parce que pour moi le deuil de mon poids n'est juste pas comparable. Je passe d'une phase 1 à 5 sur la semaine, voir sur la journée. Au bon vouloir d'un magazine, d'une réflexion, d'un professionnel de santé, d'une amie, de mon amoureux, de mon état d'esprit.

Mais quand il m'a fallu faire le deuil d'un proche ou par exemple récemment d'une fausse couche, j'ai vraiment passé étapes par étapes ... sans osciller d'un état à un autre ... juste en faisant le chemin petit à petit. Et pour certaines situations la douleur reste toujours aussi vive.

Mon poids ne m'a jamais fais souffrir à cette hauteur là.
P
12
Sans vouloir attribuer des intentions à l'auteur, les étapes sont présentées comme presque linéaires. On croirait que la tentative d'en sortir en est absente, sauf si c'est prévu comme une sixième étape possible.
48 ans Paris 9874
Anaphore a écrit:
je pense seulement que ce n'est pas utile d'aller chercher des concepts dans le domaine des soins palliatifs, mais c'est que je suis chatouilleuse sur le sujet. :roll:


Il me semble que même chez les professionnels la référence aux étapes du deuil est loin de n'être utilisée que pour les soins palliatifs (même si l'origine du concept est là).

Je ne comprends pas trop l'intérêt de pinailler là-dessus. Ce qui compte, c'est que les gens se reconnaissent ou pas (dans une certaine mesure) dans ces mots, ce qu'ils disent d'eux, leur douleur, comment ils s'en sortent. Non?
38 ans 3196
poupoule a écrit:

Je ne comprends pas trop l'intérêt de pinailler là-dessus. Ce qui compte, c'est que les gens se reconnaissent ou pas (dans une certaine mesure) dans ces mots, ce qu'ils disent d'eux, leur douleur, comment ils s'en sortent. Non?


C'est comme ça que je l'avais imaginé à la base, effectivement ;)

J'ai aussi été confrontée, plus que je ne l'aurais voulu, évidemment, à la mort, au deuil, à la maladie. Pourtant étrangement cette "hypothèse de travail" est assez neutre pour moi. Je n'avais pas conscience que ça pouvait remuer tant de mauvais souvenirs chez certains, désolée si c'est le cas.

L'idée, c'était effectivement de mettre des mots là-dessus. Je lis souvent ici des posts de gens qui ne s'aiment pas, qui disent "c'est très bien si vous arrivez à vous accepter, mais moi je n'y arrive pas".

Mais qui "s'accepte" ici au juste ? C'est quoi "s'accepter" ? Comme je ne peux pas vraiment donner de définition, j'ai imaginé cela un peu comme un curseur. Surtout, en fait, pour lire des expériences sur le sujet (ce qui est le cas, merci !)
49 ans région parisienne 5831
+1 Poupoule

Anaphore a écrit:
@mamykro
Justement, c'est là que ça ne colle plus pour moi. Comparablement à la vulgarisation des études sur le traumatisme : ce n'est pas la même chose d'avoir passé des mois à Auschwitz et de se faire emmerder, même horriblement, par son patron et/ou son Jules. Et l'annonce qu'on va mourir n'est comparable à rien.


Je suis d'accord avec toi pour dire qu'Auschwitz (1 pt goldwin pour toi, d'ailleurs ;) ) et le surpoids ne sont pas des traumatismes comparables. Sauf que là, ce n'est pas le traumatisme qu'on compare, ce sont les étapes qui le suivent. Ce n'est pas parce que les tramatismes de bases ne sont pas à la même échelle que les étapes qui suivent ne peuvent pas être similaires: elle ne sont pas à la même échelle non plus, mais elles peuvent être similaires.

En tous cas, si beaucoup de monde se reconnait dans ces étapes, si elles parlent à beaucoup d'entre nous, c'est sans doute que la comparaison est valable. ;)
B I U


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