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Vivre sa vie... et TCA

A
31 ans Paris 72
Bonjour,
J'aurais aimé parler avec des personnes atteintes de TCA, à savoir comment vous faites pour vivre votre vie (amoureuse, sexuelle, étudiante ou professionnelle, etc...) avec ces symptômes plus ou moins  
envahissants ?

Personnellement j'essaye de m'en sortir, mais c'est dur. Je n'arrive pas à vivre comme je voudrais, parce que parfois les TCA "me bouffent" (c'est le cas de le dire.)

Je suis en couple depuis 7 mois avec un homme adorable et compréhensif qui est plus ou moins au courant, mais parfois les TCA gâchent mon plaisir d'être avec lui et ça malgré mes efforts. Ca devient parfois compliqué pour moi de partager un repas, ou alors je me replis sur moi par sentiment de honte après une crise vomitive etc...

Dans mes études c'est pareil, j'ai conscience que je ne suis surement pas au top de mes capacités intellectuelles !

En amitié n'en parlerons pas. Par exemple c'est débile, mais j'ai du mal à faire une soirée au resto qui se poursuit dans un bar parce qu'après mangé je me sens mal et nul. Alors je trouve des compromis : je vais au resto et après je rentre me coucher, ou bien je rejoins mes amis plus tard pour boire des verres. Mais j'en ai marre !

En fait je désespère un peu en ce qui concerne ma guérison (même si je vais dans l'ensemble beaucoup mieux)...
Avez-vous des conseils ?
J'ai d'abord était suivi en hôpital (pour anorexie mental) avec prise en charge global (RA, médicaments, thérapie etc...) Ca n'a pas vraiment vraiment porté ses fruits sur le plan psychologique !
Ensuite j'ai débuté une thérapie, mais je stagnais...
Ne sachant plus trop quoi faire, j'ai engagé une psychanalyse il y a maintenant 1 an. Depuis je vais beaucoup mieux, mais je ne suis pas guérie !
C
33 ans 17
Salut AdeleA ! Même si je n'ai pas les mêmes problèmes que toi (hyperphagie) je me reconnais un peu dans tes problèmes avec les autres : il m'arrive très souvent d'être mal à l'aise quand on me propose un resto entre amis pour le soir même, alors que j'ai passé la journée entière à criser donc je ne peux plus rien avaler... Alors je passe des semaines entières à m'isoler, à sécher les cours, à prétendre que je suis malade (un truc pas trop grave, mais contagieux, du coup personne ne peut venir me voir, c'est pratique!)... En général je me donne une deadline, je me dis bon à partir de la semaine prochaine, je sors de ma tanière, je me force à essayer de vivre normalement pour pouvoir accepter les invitations qu'on me fait...
34 ans 1324
Au niveau étudiant, ça ne m'a jamais posé problème, ni au travail. Je suis efficace, parfois je me sens plus fatiguée mais je tiens.
Je ne suis toujours pas guérie, j'ai été diagnostiqué anorexique-boulimique. Mon alimentation est meilleure, je n'ai presque plus de crise. Mais j'ai toujours ces deux petites voix dans ma tête. Celle qui me dit que je suis énorme, qu'il me serait facile de maigrir à nouveau, que je l'ai déjà fait une fois, que j'ai juste à le refaire... L'autre me dit que je peux craquer, qu'on s'en fout, que ça ne se verra pas, alors à quoi bon manger correctement ? Certains soirs, c'est vraiment dur entre les deux voix. Mais je refuse de retomber dans mes crises, quand je mangeais en cachette et que je jetais mes ordures plus loin, comme si quelqu'un allait surveiller ce que je mange. Je refuse de me goinfrer à avoir la sensation d'avoir l’œsophage qui va se détacher de mon estomac... Alors je tiens, mais dans la vie de tous les jours, c'est envahissant. Je fuis les miroirs. Je vais au sport quand il y a peu de monde. Je ne mange jamais devant des gens. Je refuse de sortir avec des gens, limite les restaurants, fuis les garçons comme la peste. Je n'accepte toujours pas mon corps, c'est le symptôme le plus chiant. Je n'arrive pas à voir à quoi je ressemble alors je m'habille toujours de la même façon et j'essaie d'aller mieux.
Par contre mes amis sont merveilleux, ils savent et me soutiennent et m'aident parfois à être objective, à ne pas écouter les petites voix.
La guérison est longue, mon seul conseil est de ne pas te presser. Même si tu as la sensation de stagner, que tout ça ne sert à rien, que tu ne guériras jamais, lutte contre cette idée. Tu avances, mais guérir de TCA, c'est long. Accroche-toi aux petits mieux. Courage !
B I U