Je suis au régime actuellement parce que je pèse 136kg pour 1m85, je n'ai jamais été bien mince mais j'étais dans la "norme" il y a 8 ans d'ici, norme
que j'arrivais difficilement à maintenir à coup de régimes drastiques, avec le régime "Soupe" de l’hôpital Sacré-Coeur notamment et du sport à l'abus, je tournais dans les 80kg pour 1m82, IMC normal même si j'étais régulièrement sommée par les médecins de la visite médicale de perdre du poids. Je faisais évidemment des crises d'hyperphagie, que je compensais à nouveau avec du sport, des compléments alimentaires destinés à faire perdre du poids, des régimes.
Pourquoi j'arrivais à seulement maintenir difficilement ce poids malgré mes efforts constants ? On l'a découvert par la suite, j'étais atteinte d'hypothyroïdie. Finalement, après l'avoir soignée, de guerre lasse et en espèrant qu'il me foute la paix, j'ai recommencé à m'alimenter normalement, non pas abusivement, mais normalement, et j'ai arrêté ces heures de sport éreintantes, vu que je détestais le sport, étant même avec un poids normal essoufflée comme un goret en rût depuis l'enfance et percluse de douleurs de partout et de fil en aiguille, d'années en années, j'ai grossi, grossi, grossi à n'en plus finir.
Il y a moins d'un an je pesais 118kg, j'étais déjà alarmée mais je me disais putain ça ne peut pas être mon alimentation. C'était vrai, mon alimentation sans être totalement exemplaire, vu qu'en effet il m'arrivait de m'accorder quelques fraises tagadas et autres Prince start occasionnelement, était équilibrée, j'aimais les plats sains et naturellement light remplis de légumes, un plat de riz avec courgettes, carottes, oignons et hâchis de boeuf me mettait bien plus en joie que la perspective d'un Quick, MacDo, Pizza Hut. Il est d'ailleurs amusant de constater que j'ai toujours conchié les grosses chaînes de fast food contrairement à mes connaissances minces, mais que paradoxalement ça ne m'a jamais empêchée de grossir. Et donc j'ai pris 18kg en moins d'un an, pour arriver à ce poids.
Et donc "on" m'a appris que j'étais encore atteinte d'hypothyroïdie. Et on m'a laissée trainer avec, sans me prévenir (anecdote déjà racontée sur le post "ces médecins qui ne nous prennent pas au sérieux"). Donc il y a une quinzaine de jours, malgré mon hypothyroïdie, je me suis remise au régime avec du sport, je faisais une heure par jour jusqu'à dimanche où je suis tombée et me suis niquée les genoux. J'ai perdu 700 grammes, difficilement, probablement 700 grammes d'eau, je dois avoir une cinquantaine de kilos à perdre. Mais je tiens, parce que j'ai toujours été têtue comme une mule.
Malgré tout, je suis remplie de sentiments contradictoires, parfois je me dis que mon corps va se venger de ce que je lui fais encore subir, puis je me dis que je ne peux pas rester comme ça. Mon corps, c'est une entité à part entière, une entité qui me veut du mal, je le sais. Certains ont des corps coopératifs, le mien est juste une vieille bourrique qui veut m'empêcher de faire ce dont j'ai envie. Lui a envie de se remplir, maintenant, tout le temps, jusqu'à m'en rendre malade, il aimerait faire celà et je le sais. Moi je ne veux pas. Je l'ai déjà mutilé de diverses façons inventives, pour le punir, piètre consolation au vu de ce qu'il me fait subir.
On est obligés de cohabiter, et parfois il prend le dessus, parfois je prends le dessus. Peu de gens s'imaginent ce que ça fait, de vivre avec un gros connard sous le même toît, à qui on est liés éternellement. Ce gros connard vous chie à la gueule de la pire des façons, alors forcément, vous finissez par vous venger. C'est normal.
Et donc j'ai, ou peut-être devrais-je dire "nous", avons beaucoup de problèmes de santé. A la loterie génétique je fais partie de celles qui ont le bagage grosse lardonne, thyroïde, reins, intestins et articulations en vrac, alors mon rhumatologue m'a dit que je devais maigrir, à moi, pas à l'autre, évidemment, l'autre parait si innocent, simple victime de mon manque de volonté. Alors je lui demande "comment ?". Un ange passe. Cet homme me sort donc une chose qui me parait presque une énormité, sans vilain jeu de mots, énormité non pas parce que le conseil serait en soi mauvais, mais parce qu'il m'a paru tellement naïf, innocent.
J'ai senti si fort que cet homme vivait dans un monde ou les gros sales, puants et sans volonté bâfraient d'édulcorants et de sucreries sous le regard désapprobateur de la svelte société se nourrissant exclusivement de crudités. Avec une vision si pure, loin des tracas bassement humains, il me dit donc candidement "ben vous savez, la pyramide alimentaire ...".
A ce moment, et encore maintenant, j'ai eu une telle pulsion de haine meurtrière, qu'il m'a vraiment fallu toute ma force pour rester impassible, du magma en fusion sous une apparence de statue grecque. Pour lui, c'était tellement évident, que je ne la respectais pas, sa putain de pyramide alimentaire. C'était évident. Quand j'y pense, j'en ris de dépit.
Je ne sais pas si vous avez déjà ressenti cette colère monter, sentir votre corps s'emplir d'une sorte "d'énergie", les muscles se bander, le souffle vous manquer et vous imaginer attraper la personne, lui arracher la langue, les yeux et vouloir le fist-fucker avec ses propres attributs, pour finir par l'arroser d'acide.
C'est ce qu'il m'est arrivé, ça m'arrive face à bon nombre de personnes d'ailleurs. J'ai envie d'éclater. Certains diraient avec ironie que c'est ce qu'il risque d'arriver.
J'aurais tellement voulu lui dire à ce moment que j'avais un passif de boulimique hyperphage, jamais aidée, jamais soignée, avec des périodes où j'essayais de me faire vomir, que j'allais courir avec un sac poubelle sur le dos pour essayer de "sécher", que des régimes j'en avais fait en veux-tu en voilà.
J'imagine qu'à l'heure actuelle, ce rhumatologue pense toujours que la dernière fois que j'ai vu un légume, c'est dans un livre d'illustration de recettes de cuisine que l'infâme entité graisseuse que je suis aurait acheté un jour de motivation, il y a fort fort longtemps, avant de s'affaler avec paquet de chips et de chocolat devant la télévision.
Mais au lieu de ça, me voilà, à 4h20 de l'après midi avec 2 paquets de biscuits Prince Start (oui j'ose encore m’octroyer ce petit plaisir de temps en temps) dans l'estomac, un bol de lait écrémé, et rien d'autre. Rien d'autre de la sacro-sainte putain de journée. Ce soir je mangerais suremment 2 pommes, et des carottes râpées, les gens penseront que je les arrose de mayonnaise. Sauf que je n'aime pas la foutue mayonnaise. Tout ce que je sais, c'est que je ne dépasserais pas mes 1800 kcal au maximum.
On m'accusera de mentir, pas ici j'ose espérer, mais ailleurs, je le sais, personne ne sera là pour me voir compter les calories et les écrire dans un document word, personne ne sera là pour me voir pleurer quand la faim sera trop grande et que je me ferais vomir pour pouvoir remâcher cette nourriture trop peu abondante et la savourer encore une fois. Personne. Sauf moi.
Et les minces naturellement, ah les minces naturellement, ceux qui mangent au fast food matin, midi et soir en se vantant de ne pas prendre un gramme, les "nantis" comme je les appelle, ceux qui pensent qu'on naît tous égaux, et qu'avec un peu de volonté, tout change, ceux qui disent "il n'y avait pas de gros à Auchwitz", ou encore "il faut juste manger moins". Qu'y à t'il de plus bête, arrogant, stupide et inutile quand maigre naturellement qui essaye de donner des leçons de diététique sérieusement ?
Ces minces naturellement me diront "il faut maigrir enfin c'est dangereux pour la santé !", et encore une fois, la colère grondera et je fantasmerais sur le fait de les tuer, ces connards naïfs et stupides, ces idiots utiles aux regards bovins, complètement épouvantés devant le blob que je suis, je fantasmerais sur le fait de les tuer, puis de les manger, ou peut-être de les consommer vivants pour tirer plaisir de leurs hurlements de terreur et de douleur, comme une guerrière anthropophage, peut-être en tirerais-je la "force" qui sait ?
Grignoter leurs jambes maigres jusqu'à l'os, pouvoir en faire un festin de protéines, c'est probablement proche du poulet. J'aime le poulet. J'aime la nourriture saine, et je n'aime pas la junk food généralement, le tout est de savoir si l'humain se rapproche plus de la junk food que de la nourriture saine, avec tout ces antibiotiques, ces pesticides. Puis finalement ils doivent être pleins de cholestérol, les nantis, je les vois bouffer des saloperies à longueur de journée.
Moi je n'ai pas de mauvais cholestérol, mon mauvais cholestérol est extrêmement bas même pour une personne qui serait dite "normale", c'est les médecins qui le disent.
Voici tout ce que je pense, en vrac, tout ce qu'il m'arrive de ressentir, et que j'avais besoin de confier, ces sentiments paradoxaux, cette colère qui m'habite, ces pulsions meutrières, tout avait besoin de sortir de moi, pour ne pas me retouner contre lui, contre eux.