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Tromper l'homéostasie?

38 ans 3196
poupoule a écrit:

Mais quid du tenir sur le long terme la "décision" de devenir mince? comment on fait?


Pour répondre à ça (et après j'arrête de vous flooder, promis),  
les extraits que j'ai cités plus haut montrent qu'il ne s'agit pas que d'une décision initiale, mais d'un ensemble de décisions pour rester mince par la suite. C'est pour cela qu'il parle d'"efforts", et qu'il écrit bien que les décisions seront "plus aisés à supporter", ce qui indique bien que c'est une forme de contrainte sur le long terme.

J'ai autour de moi des amies qui ont toujours été minces, mais qui effectivement se soumettent à une sorte de contrôle au quotidien pour rester à un poids qu'elles jugent bon pour elles. Elles sont stables, car la chose semble tellement intériorisée (et quelque part consentie), que ça paraît être de l'ordre du réflexe. Ce ne sont pas des "mangeurs régulés" (je vis avec un mangeur régulé, et là c'est le pied total : zéro contrôle, respect des sensations alimentaires à la bouchée près sans même y penser, poids stable depuis toujours), ce sont en quelque sorte des mangeurs restreints avec une marge de restriction faible et relativement stable. Ce sont surtout des personnes qui n'ont pas connu de grosses variations de poids au cours de leur vie, et encore moins de TCA. Et qui ont un set point de base pas très élevé aussi, ce qui leur permet de faire assez peu d'efforts pour rester dans une "norme" acceptable au regard des exigences sociales (donc contrôle moins important, donc "pertes de contrôle" moins importantes, etc. etc.)
38 ans 3196
En gros Zermati prône l'absence de restriction, et de rétablir un rapport à l'alimentation sans notion d'effort (enfin si, respecter ses sensations c'est quand même pas rien), tandis qu'Apfel propose la modération, plus supportable que la restriction.

Moi j'avoue que malgré le fait d'avoir compris (du moins je crois) cette subtile distinction, ben j'ai vécu la "modération" comme une restriction, même minime, et que ça a suffi à me faire partir en cacahouète :lol:

Heu, j'avais pas dit que j'arrêtais de flooder ??? :peur:
48 ans Paris 9874
_Aphasie_ a écrit:
Moi j'avoue que malgré le fait d'avoir compris (du moins je crois) cette subtile distinction, ben j'ai vécu la "modération" comme une restriction, même minime, et que ça a suffi à me faire partir en cacahouète :lol:


Ben oui! comme tu décris les choses, je ne vois rien d'autre dans cette modération qu'une restriction soft... maintenant, en l'absence de tca, peut-être que la restriction soft ne fait rien de grave (c'est fort possible). Mais pour une personne à passé très régimeur... c'est une autre histoire!!
50 ans à la maison ! 10072
poupoule a écrit:
_Aphasie_ a écrit:
Moi j'avoue que malgré le fait d'avoir compris (du moins je crois) cette subtile distinction, ben j'ai vécu la "modération" comme une restriction, même minime, et que ça a suffi à me faire partir en cacahouète :lol:


Ben oui! comme tu décris les choses, je ne vois rien d'autre dans cette modération qu'une restriction soft... maintenant, en l'absence de tca, peut-être que la restriction soft ne fait rien de grave (c'est fort possible). Mais pour une personne à passé très régimeur... c'est une autre histoire!!


Sans parler de TCA, ça dépend aussi de l'importance qu'on accorde à la nourriture. Pour moi (et une bonne part de ma famille), le repas est quelque chose d'important dans la journée, avec un rapport sociologique important. C'est aussi très important par rapport à la "quantité de plaisir" que ça m'apporte dans la journée. Pour beaucoup de personnes minces que je connais (pas forcément régulées pour autant), manger est une obligation, voire une corvée. Il est forcément plus facile pour ces personnes de contrôler leur apport de nourriture et de calories que pour des personnes comme moi.
49 ans région parisienne 5831
Et puis, cette restriction soft peut aussi apporter une sorte de jouissance, de même que certains religieux se mortifient dans leur chair pour plaire à leur Dieu, il y a aussi une certaine jouissance (mentale) à se restreindre, en particulier si, au fond, l'effort n'est pas trop important, il ne s'agit pas de crever de faim non plus.
48 ans Paris 9874
mamykro a écrit:
Et puis, cette restriction soft peut aussi apporter une sorte de jouissance


OH OUI! et même un orgueil à peine dissimulé.
Je connais quelques cas comme ça ;)
49 ans région parisienne 5831
Oui, c'est clair: il y a 100 ans, les bigotes racontaient à quel point leur comportement plaisait à Dieu, pas comme celui de toutes ces femmes de mauvaises vies, qui regardaient les hommes, voire qui leur parlaient! Elle se gargarisaient des restrictions qu'elles s'imposaient... Certaines femmes perpétuellement au régime et qui le font largement savoir sont comme les bigotes d'autrefois: elles veulent bien souffrir dans leur chair, mais il faut que cela se sache! :lol:
38 ans 3196
trashrap a écrit:
poupoule a écrit:
_Aphasie_ a écrit:
Moi j'avoue que malgré le fait d'avoir compris (du moins je crois) cette subtile distinction, ben j'ai vécu la "modération" comme une restriction, même minime, et que ça a suffi à me faire partir en cacahouète :lol:


Ben oui! comme tu décris les choses, je ne vois rien d'autre dans cette modération qu'une restriction soft... maintenant, en l'absence de tca, peut-être que la restriction soft ne fait rien de grave (c'est fort possible). Mais pour une personne à passé très régimeur... c'est une autre histoire!!


Sans parler de TCA, ça dépend aussi de l'importance qu'on accorde à la nourriture. Pour moi (et une bonne part de ma famille), le repas est quelque chose d'important dans la journée, avec un rapport sociologique important. C'est aussi très important par rapport à la "quantité de plaisir" que ça m'apporte dans la journée. Pour beaucoup de personnes minces que je connais (pas forcément régulées pour autant), manger est une obligation, voire une corvée. Il est forcément plus facile pour ces personnes de contrôler leur apport de nourriture et de calories que pour des personnes comme moi.


Je pense qu'il se joue aussi quelque chose de cet ordre là en effet. Apfel insiste à plusieurs reprises sur la notion de deuil. Il développe beaucoup les exercices de laisser/jeter de la nourriture (peut-être plus que Zermati je trouve) et propose même d'intéressants "rituels" d'ordre psychologique. A un moment il explique que, oui, il est possible de sortir de table en ayant un peu faim, de choisir de manger moins au quotidien, et qu'on ne va pas en mourir.

L'idée est très intéressante en soi, mais quand on a des années de restriction derrière soi, elle me paraît difficile à intégrer réellement. Quand on a des années de restriction derrière soi, on apprend à se mentir sur ses motivations, à "tricher", "tromper" comme dirait l'autre, et du coup c'est compliqué de distinguer le lieu du contrôle. Cela dit Apfel propose plein de trucs pour travailler là dessus.

Le problème de cette notion de "décision", c'est que ça m'évoque trop ce fameux "déclic" que l'on lit fréquemment sur de nombreux blogs régime. "J'ai eu le déclic : j'en ai marre d'être grosse, maintenant ça suffit." De ce que je lis, ça marche parfois, et ça peut entraîner un changement à long terme, mais la plupart du temps ben... on en revient peu ou prou à la "volonté", et quand ça ripe, "décisions" ou "volonté" sont impuissants face aux EME/TCA tapis en embuscade, et renforcés par une sourde culpabilisation (Apfel dirait peut être "responsabilisation" dans sa logique décisionnelle).

Néanmoins, Apfel est un psy sérieux, du coup il fait bien ressentir que tout ceci est un travail de longue haleine, très difficile. Le souci, c'est que ça me paraît compliqué de lancer des gens sur cette voie-là sans accompagnement. Certes, il y en a qui parviendront à faire ce chemin seuls, soit parce que c'est le moment ou leur tempérament, que sais-je. Mais selon moi, ce type d'approche devrait presque être réservée à une thérapie personnalisée en cabinet...
38 ans 3196
mamykro a écrit:
Oui, c'est clair: il y a 100 ans, les bigotes racontaient à quel point leur comportement plaisait à Dieu, pas comme celui de toutes ces femmes de mauvaises vies, qui regardaient les hommes, voire qui leur parlaient! Elle se gargarisaient des restrictions qu'elles s'imposaient... Certaines femmes perpétuellement au régime et qui le font largement savoir sont comme les bigotes d'autrefois: elles veulent bien souffrir dans leur chair, mais il faut que cela se sache! :lol:


J'ai éjecté les rares personnes comme ça autour de moi très vite. Qu'est-ce que c'est insupportable !
Mes amies mangeuses restreintes en bavent, elles ne le cachent pas. Mais ce n'est pas de la fierté, c'est une sorte de soumission au contrôle, elles font avec... Y'a une forme de tristesse là-dedans, elles ne s'en vantent pas. Chaque repas commence et se termine avec une négociation intérieure : "hum, j'ai trop envie de ce fondant au chocolat, mais vraiment c'est pas bien..." Elles craquent, souvent, et se mettent à la diète ensuite. Bon.

Moi j'aimerais être un mangeur régulé :cry: Mais ceci suppose que j'accepte la conséquence : de me stabiliser à un set point qui me paraîtra peut-être, dans un premier temps, trop haut pour moi. Yapluka :D

Ceci dit, maintenant il faut AUSSI que j'ai la patience de voir partir doucement ces *utains de kilos accumulés en seulement quelques semaines à cause de mon flamboyant come back à la restriction cognitive ! Well done Aphasie ! ](*,)
48 ans Paris 9874
_Aphasie_ a écrit:
Néanmoins, Apfel est un psy sérieux, du coup il fait bien ressentir que tout ceci est un travail de longue haleine, très difficile. Le souci, c'est que ça me paraît compliqué de lancer des gens sur cette voie-là sans accompagnement. Certes, il y en a qui parviendront à faire ce chemin seuls, soit parce que c'est le moment ou leur tempérament, que sais-je. Mais selon moi, ce type d'approche devrait presque être réservée à une thérapie personnalisée en cabinet...


Mais tu penses que la modération ou restriction light c'est qch qu'il décrit (une minorité de personnes y parviennent, c'est un fait) ou qu'il préconise (c'est une voie possible, essayez)?

Plus je repense au bouquin plus j'ai l'impression (en tout cas c'est comme ça que j'ai dû le comprendre à l'époque) qu'il décrit seulement une toute petite frange de la population qui y parvient. Mais peut-on "décider" de faire partie de ces gens-là?
50 ans à la maison ! 10072
_Aphasie_ a écrit:

Le problème de cette notion de "décision", c'est que ça m'évoque trop ce fameux "déclic" que l'on lit fréquemment sur de nombreux blogs régime. "J'ai eu le déclic : j'en ai marre d'être grosse, maintenant ça suffit." De ce que je lis, ça marche parfois, et ça peut entraîner un changement à long terme, mais la plupart du temps ben... on en revient peu ou prou à la "volonté", et quand ça ripe, "décisions" ou "volonté" sont impuissants face aux EME/TCA tapis en embuscade, et renforcés par une sourde culpabilisation (Apfel dirait peut être "responsabilisation" dans sa logique décisionnelle).


Cette décision, ce déclic, je l'ai eu à 18 ans. Je me suis mise au régime, au "sport" (un peu de gym tous les matins), et ça a été finalement relativement facile, parce que je changeais de lycée, et donc un peu de mode de vie et que j'ai adapté mon mode de vie à ce régime, finalement etq ue mon état d'esprit, mon environnement correspondaient assez bien à ce régime. Mais un mode de vie, un état d'esprit, ça change, ça évolue. Et ce contrôle continu de soi-même n'est pas possible toute sa vie. Un régime travaille finalement sur des conséquences (le fait de "trop" ou "mal" manger), et pas sur les causes psychologiques, sociales, familiales, ni même les causes physiologiques.
38 ans 3196
poupoule a écrit:
Mais tu penses que la modération ou restriction light c'est qch qu'il décrit (une minorité de personnes y parviennent, c'est un fait) ou qu'il préconise (c'est une voie possible, essayez)?

Plus je repense au bouquin plus j'ai l'impression (en tout cas c'est comme ça que j'ai dû le comprendre à l'époque) qu'il décrit seulement une toute petite frange de la population qui y parvient. Mais peut-on "décider" de faire partie de ces gens-là?


Pour moi, il le préconise carrément. MAIS il précise bien que l'on peut s'attaquer à la "clef de la modération" qu'APRES avoir "résolu" les autres, à savoir la clef du comportement alimentaire, et surtout, celle qui lui paraît la plus importante : la clef de l'existence de soi.

Je rappelle qu'Apfel considère que l'une des causes principales de l'obésité, c'est l'hyperempathie. J'avais fait un post sur le sujet, car son bouquin m'avait passablement perturbée. En fait, c'est l'aboutissement de cette thèse, la clef de l'existence de soi repose en partie là-dessus.
38 ans 3196
trashrap a écrit:
_Aphasie_ a écrit:

Le problème de cette notion de "décision", c'est que ça m'évoque trop ce fameux "déclic" que l'on lit fréquemment sur de nombreux blogs régime. "J'ai eu le déclic : j'en ai marre d'être grosse, maintenant ça suffit." De ce que je lis, ça marche parfois, et ça peut entraîner un changement à long terme, mais la plupart du temps ben... on en revient peu ou prou à la "volonté", et quand ça ripe, "décisions" ou "volonté" sont impuissants face aux EME/TCA tapis en embuscade, et renforcés par une sourde culpabilisation (Apfel dirait peut être "responsabilisation" dans sa logique décisionnelle).


Cette décision, ce déclic, je l'ai eu à 18 ans. Je me suis mise au régime, au "sport" (un peu de gym tous les matins), et ça a été finalement relativement facile, parce que je changeais de lycée, et donc un peu de mode de vie et que j'ai adapté mon mode de vie à ce régime, finalement etq ue mon état d'esprit, mon environnement correspondaient assez bien à ce régime. Mais un mode de vie, un état d'esprit, ça change, ça évolue. Et ce contrôle continu de soi-même n'est pas possible toute sa vie. Un régime travaille finalement sur des conséquences (le fait de "trop" ou "mal" manger), et pas sur les causes psychologiques, sociales, familiales, ni même les causes physiologiques.


Je pense que pour Apfel, c'est là la différence. La "modération" et la "décision" telles qu'il semble les concevoir s'inscrivent dans une logique de psychothérapie permanente en quelque sorte... D'où le fait qu'il ne voit pas ça comme de la restriction, puisque que non dictée par l'extérieur (les autres et les événements), mais par soi.
Ceci dit, bon... Chaque cheminement psy étant différent, ça me paraît hasardeux de parier sur la "réussite" au long cours et sur un grand nombre d'individus de cette démarche. Le passif "restriction" est un élément clé à mon avis.
M
47 ans Ici et là... 2051
z'ont l'air compliqué à lire ces bouquins :shock:

C'est quoi l'hyperempathie ?
38 ans 3196
Mathilde76 a écrit:
z'ont l'air compliqué à lire ces bouquins :shock:

C'est quoi l'hyperempathie ?


Atta, je vais essayer de retrouver le fil de discussion ;)
B I U