MissWillow, j'ai l'impression qu'il y a plusieurs choses dans ce que tu évoques:
- la compétition avec les autres et a minima la comparaison
- le self validation m'évoquerait plus le crédit qu'on nous donne (être dans le groupe d'appartenance de "ceux qui s'y connaissent" les "vrais sportifs" comme disent certains en opposition aux "débutants/peu sportifs" - méga guillemets hein- etc) mais je ne connais pas ce concept en soi je tiens à le préciser
- la motivation à progresser qui touche à différents domaines: le plaisir de progresser ; l'envie de contrôler son apparence comme source de motivation ou comme moyen d'observer sa progression; etc.
Je fréquente une salle dont le crédo est d'être plutôt pour tous et sans frime. Déjà, ça induit un certain type d'adhérents de par le matériel mis à disposition, l'absence de miroirs, la tenue demandée, et la façon de coacher (suivi systématique dès l'inscription) etc. Mais ça n'empêche pas pour autant le besoin humain de valorisation, de comparaison, de progression etc. Disons que ça en assouplit les degrés/modalités.
Je rejoins une autre réponse sur le sentiment de comparaison dans le sens où je me sens un peu hors catégorie dans les possibilités physiques, dans ma façon de m'entraîner et dans les finalités de ma présence. Donc ça limite beaucoup le sentiment de compétition/comparaison. Je vois très peu de femmes aux appareils de musculation (à part à ceux "réservés" aux femmes... :roll: ) donc ce que je ressens c'est juste d'être très impressionnée par les charges que les hommes peuvent mettre par rapport à mes sensations à des charges bien plus faibles. Mais pas un instant l'envie de les y rejoindre, aucun espoir ni intérêt en soi ;) Par contre j'aime bien observer comment chacun fait, je trouve ça instructif et beau.
Pour le côté "crédit" d'être considérée comme sportive je pars de rien d'emblée vu mon apparence, ce qui facilite le fait de m'autoriser à être en position peu confortable sur un plan "social" (galérer pour des choses évidentes et très simples aux autres / arriver à des états physiques poussés peu reluisants socialement / sortir de ma zone de confort en faisant des choses en public qui peuvent me gêner un peu). Il y a une part de moi qui aimerait être valorisée mais une autre qui y a renoncé "d'emblée" donc je n'ai pas l'impression d'agir beaucoup en fonction de cela.
Je sens parfois un peu ce côté pas légitime quand je pose des questions techniques où étant débutante-qui-se-renseigne, j'essaie de comprendre encore beaucoup de choses et pose des questions sans forcément bien comprendre ce dont je parle et sans être sûre de moi. Mais je tiens plus à avoir une réponse qu'à mon image donc je les pose quand même.
D'ailleurs par rapport au coaching, j'ai expérimenté en dehors de ma salle cela et perso je n'ai pas du tout eu la sensation d'avoir quelqu'un sur mon dos, mais au contraire d'avoir beaucoup de choses passionnantes à découvrir sur mes sensations, sur l'entraînement, les exercices, mes possibilités, etc. et la disponibilité pour satisfaire mon plaisir d'apprendre et comprendre. J'étais clairement pas dans une dynamique "faîtes moi souffrir" ou "j'ai besoin de vous pour me pousser" et le professionnel s'est très bien ajusté, c'est vraiment super à vivre et ça me manque en fait!
Sinon, je ressens bien l'envie de progresser, mais par rapport à mes capacités à moi et à mes objectifs. Et si elle a lieu ce n'est pas vraiment une progression que je verrais en salle d'ailleurs, car ma finalité est plus globale et touche à d'autres domaines et activités. Donc l'enjeu est un peu moins fort pour la salle de sport elle-même, ça ne concerne pas ce que j'y fais (temps; charge; répétitions; etc) en dehors d'apprendre à mieux m'entraîner. Et comme j'adore la variété des sensations que j'ai là-bas, la possibilité d'aller réellement à mon rythme et d'adapter et le plaisir d'apprendre de nouvelles choses, je m'y plais beaucoup. Avant d'y aller, je n'aurais jamais imaginer que ça pouvait être ça, aller dans une salle de sport. Quelle surprise!
Sur le côté esthétique, c'est chez moi c'est aussi très vain donc peu actif. Mes muscles se développent sous ma graisse, ils ne la remplacent pas pour autant, c'est très difficilement visible et je me surprends moi-même à découvrir des sensations tactiles nouvelles quand je me sèche avec une serviette par exemple où cette partie là semble plus dure qu'avant.
Par contre j'adore la sensation que la musculature m'offre de façon globale: un sentiment d'ancrage, d'autonomie, de force et de stabilité. Car justement, je trouve que ça ne s'arrête pas du tout à l'activité elle-même, au moment de la séance et de l'effort. J'ai vécu ça dans le sens inverse, où mon corps ne supportait plus mon poids suffisamment pour me mouvoir sans douleur, où j'avais peur de tomber régulièrement, où j'étais extrêmement limitée dans ma mobilité etc. Sur un plan émotionnel je le vivais comme une immense fragilité globale car les choses ne sont pas isolées entre le vécu corporel et mental. Je l'éprouve dans l'autre "sens" maintenant et je trouve cela tellement précieux.
En tout cas je te rejoins sur le fait d'être particulièrement exposé à ces sentiments dans les activités sportives car avec la motricité on mobilise aussi en nous des parties très actives de notre personnalité, qui rejoignent forcément celles un peu conquérantes et dominantes (façon de parler). Et en salle, c'est très favorable à l'observation réciproque par rapport à d'autres activités où quand tu pratiques tu ne peux juste pas observer les autres.
Je ne sais pas si ça peut t'aider à te dégager des enjeux "sociaux" mais peut être que justement affirmer davantage tes objectifs (tels que tu les nommes c'est très bien: ton plaisir, ton sentiment de vitalité, mobilité, ça en est tout à fait) pour être davantage centrée sur toi; porter ton attention sur tes sensations dans le mouvement, dans le relâchement, dans le rythme, etc ; et aussi observer avec curiosité les autres et tes pensées sur les autres, t'intéresser à ce qui se passe en toi plutôt qu'à lutter contre ou à t'intéresser à ce qui se dit dans la tête des autres, parce qu'en fait penser à ce que pensent les autres sur soi c'est être en train de penser sur les autres... s'approprier ce qui nous anime aide tellement à se détacher du besoin d'aller le prêter aux autres. Bon, je pars un peu loin mais ça faisait tellement longtemps que j'avais pas eu la possibilité d'écrire ici depuis un ordi que je profite des facilités d'un clavier azerty :D