Coucou, Anne,
Donc c'est bien la même photo que j'avais découverte ici sur le site du forum. J'avais trouvé ton papier très sympa avec toutes ces idées de déguisement pour Halloween très créatives et artistiques. Perso, je vois que Felicity Hayward a vraiment réfléchi sa tenue pour harmoniser la couleur, choisi avec attention ses pièces de vêtements et ses accessoires avec une pointe festive « paillette », est allée jusqu’à maquiller ses jambes pour que l’ensemble soit harmonieux. L’ensemble est très soigné et très sympa et pour tout, chapeau.
Je me suis demandé en quoi le déguisement de Felicity Hayward avait suscité de telles réactions. J’ai ramé. J’ai ramé parce que j’avais vraiment vu ce déguisement d’Halloween sans pensée sexuelle. J’ai même montré la photo autour de moi et elle a été très bien reçue sans remarque désobligeante ou allusion sexuelle. Les hypothèses émises pour expliquer ces remarques : les jambes et l’animal appartenant à la catégorie des félins, ces derniers appartenant à une « imagerie » de clichés sexuelle, une lionne, peut-être le fait qu’elle soit blonde, va savoir. Perso, les jambes d’une femme ne sont pas sexuelles et la lionne non plus. La lionne représente pour moi d’autres choses, de très belles choses d’ailleurs.
Halloween est l’une de ces fêtes de carnavals où tout est permis, fêtes fantaisistes et créatives où les gens se déguisent, se travestissent, se libèrent, s’expriment, parfois revendiquent. Et là encore, leur sanction tombait sur un corps féminin. Cette manie de vouloir mettre du sexe sur un corps féminin, d’avoir une main mise sur lui, de se l’approprier pour vouloir le contrôler et l’enfermer à tout prix, alors que son corps lui appartient. Que disent ces femmes de celles défilant à Rio dans des costumes qui dévoilent leur peau ? Qu’ont-elles dit des femmes à Rio qui cette année ont défilé nues ? Que disent-elles des carnavaleux de Dunkerque qui se déguisent en femmes ? On pourrait aller encore plus loin : des corps sur la plage, des tenues estivales, des spectacles de danse, des tenues de sportives ou tout simplement dans l’espace public ?
J’ai cherché ce qui avait suscité ces qualificatifs bêtes, méchants et gratuits (gratuits parce qu’ils ne sont pas argumentés et qu’il n’y a aucune tentative d’échange, un défouloir peut-être, zut serait-il possible de tourner sept fois les mains au dessus du clavier avant d’écrire ?) ramenés aux sexe, sexuel, prostitution sur le corps d’une femme. Deux cases s’offriraient à nous : la « mère » et la « salope » ? J’ai l’impression de faire un grand bond en arrière dans le Temps. Ou dans la religion.
"Un appel au harcèlement", pâle tentative de culpabilisation de la femme. Curieuse manière de déresponsabiliser et déculpabiliser de réels agresseurs. J’ai envie d’aller plus loin : cette façon d’écrire ce général « appel au harcèlement » n’est-elle pas aussi sexiste envers l’Homme ? Est-ce que cela ne voudrait pas dire que « les hommes de manière générale », sous-entendus tous les hommes, sont réduits à des sexes sur pattes dénués d’éducation et d’intelligence, des agresseurs ?
Il existe des femmes qui sont sexistes et qui participent à ce sexisme. Mauvaise éducation, mal dans leur vie, mal dans leur corps, trouillomètre à zéro, manque d’intelligence, manque de réflexions, réflexion qui n’est toujours pas aboutie ? Peut-être qu’au milieu de toutes ces femmes, certaines sont heureuses d’être allée à l’école, de savoir lire, écrire, compter, de ne plus être sous tutelle, d’avoir le droit de voter pour exprimer sa propre opinion politique, la sienne, d’avoir cette possibilité de gagner son propre argent, de pouvoir ouvrir son propre compte en banque, d’avoir cette possibilité d’avoir des enfants quand elles le souhaitent si elles le souhaitent, etc. J'ai cette image en tête de femmes assises sur des branches qu'elles sont en train de scier. Dans leur propre chute, elles pourraient entraînent d'autres personnes. Et si, comme tu le dis, je crois comprendre que tu les connais un minima, elles sont mères et bien effectivement, elles entraîneront leurs enfants. C'est triste. Triste si l’enfant est une fille. Triste s’il est un garçon. Dans leur rapport à leur propre corps, dans le rapport à l'Autre, dans le rapport au corps de l'Autre, dans leur propre réalisation, dans leur vie d’adultes. Triste qu’on leur transmette cette pression sur le corps féminin qui n’appartiendrait pas à chacune, cet irrespect de la Femme et de son propre corps, ce sexisme. Oui, c'est triste pour elles et pour eux.
Anne, sais-tu si elles sont rondes ? Là, ce serait le pompon.
Triste est bien le mot.