Je ne vais parler que du monde occidental, voir la France uniquement. Non pas par dédain du reste de la planète, mais il m'est difficile de parler de ce que je ne connais pas assez.
Je crois que l'on commence tout juste l'étape du changement en profondeur des comportements et que l'égalité est surtout en train de se jouer sur ce plan. Cela même si bien sûr il y a toujours des disparités en terme de salaires ou d'accessions sociales dans certains métiers comme en politique. Les mouvements sur les violences sexuelles ont fait changer la honte de camp et c'est tant mieux! Il nous faut un monde plus libre, pacifié et respectueux de chacun.e. Ce fut en même temps l'occasion de remettre en question tous les comportements masculins. La balle a je crois été lancée aux hommes qui malheureusement ne savent pas encore quoi en faire et je pense que le malaise actuel est là. Ils sont sidérés ou mis à nu, vidés de leur substance masculine, ils veulent parfois aider les femmes dans leurs luttes alors qu'elles leurs demandent plus exactement de changer de comportement. Ils ne répondent rien ou presque, comprenant pas ou peu qu'ils ont tout à y gagner. Mais comme je les comprends!
Alors pourquoi ce malaise?
-Des mentalités avaient déjà changées et je crois que cela explique un certain silence, une incompréhension voir de la colère parfois! Tous les hommes n'ont pas la vie de "mâles dominants" qu'on voudrait leur prêter. Comment accepter de se faire reprocher une vie que l'on a pas et que l'on a même rejetée? Assumer des insultes que nous ne méritons pas? Et si je ne peux rien changer à ma vie, je fais quoi? J'assume et point? Il faut avouer qu'il y a mieux pour comprendre une cause, aussi juste soit-elle... C'est comme si après avoir lutter des années pour ne pas tomber dans la spirale masculine imposée, il faut quand même entendre:" N'oublie pas que tu es un homme et donc responsable des maux de l'humanité, alors ne bronche pas et souffre en silence! Et puis n'oublie pas de te coller l'étiquette violeur sur le dos qu'on sache qui tu es" C'est une massue envoyée sur la tête je vous assure! Le glaive ultime du dédain qui vous transperce en deux. Se battre une fois contre la masculinité ne suffit pas toujours manifestement, il faut recommencer. Il s'agit là de mon cas de figure, dans un premier temps j'étais simplement achevé, donc effectivement je ne cherchais rien à répondre. Comme une mort dans l'âme... (Tout en comprenant la cause défendue mais incapable de la partager à cause de la forme de la lutte).
-Je suis allé faire un tour sur le site ministériel de l'égalité des femmes et des hommes cet après-midi (https://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/). Il n'y en a que pour les femmes pratiquement ou plus exactement le gouvernement essaye de répondre à des problématiques qui sont quasi tout le temps mises en avant par et pour les femmes même si les droits s'ouvrent pour les deux genres. Il est affiché que ce ministère travail sur " la Grande Cause du Quinquennat", j'y vois plus la demie-cause d'un enracinement idéologique restreint. Je crois que j'ai assez développé dans de nombreuses conversations que des choses pourraient êtres mise en avant pour les hommes et je ne souhaite pas recommencer. Mais pas un murmure ou presque sur ses sujets... Pourtant la littérature en lien existe. Comment les hommes peuvent-ils comprendre ce qu'ils ont a gagner dans le combat des femmes? À la place on voit fleurir des sites masculinistes discréditant les combats des femmes de façon absurde voir grotesque. Exemple :
https://neo-masculin.com/ . On peut bien sûr y lire ici et là des choses très intéressantes mais que de haine envers les femmes... Ces gens là se gargarisent de belles réflexions et se targuent de faire référence à des auteurs célèbres (pas d'autrices) en oubliant que 50% de la population demande simplement à avoir une meilleure intégrité pour leurs corps et leurs esprits. Heureusement, le ridicule ne tue pas!
-Certains hommes ne savent plus comment se positionner en tant qu'homme dans leurs relations et donc ne disent rien aussi. Je crois que ça doit donner un peu ça dans leur tête:
Qu'est-ce qui sera interprété comme un excès de virilité ou non? Si je fais le premier pas avec cette fille je vais encore apparaître comme un personnage lubrique qui ne pense qu'au sexe. Quoi faire? Ai-je été un lourd dans mes comportements? Dois-je m'excuser? Simone de Beauvoir disait qu'"on ne nait pas femme on le devient", n'est-ce pas pareil pour moi finalement? Suis-je réellement condamnable? Devrais-je m'excuser ou non? N'est-ce pas ma propre mère qui m'a inculquée mes premiers stéréotypes? Un peu dur de venir m'accuser maintenant quand même...
Pour moi il s'agit là du type d'homme qui est en bonne voie pour comprendre ce que les femmes demandent, voir exigent d'eux! Ils se posent aux moins des questions...
-Il y a des hommes aussi bien sûr purement coupables de leurs comportements (harceleurs, abus de domination, violeurs, etc...). Il faut une meilleure société et il serait bien difficile pour eux de se défendre dans le climat actuel. Peut-être ne se trouvent-ils pas défendables eux-mêmes? Allez savoir... Après quoi on ne les entends plus beaucoup non plus.
-On assiste à la désertion des garçons dans les sciences humaines, sociales, la littérature, les langues... 75% des lecteurs sont aujourd'hui des lectrices! Il est possible que les jeunes hommes n'ont rien à répondre car cela ne les intéresse pas où peut-être ne le peuvent-il simplement pas!
-Enfin naissent les idées de la peur d'une perte de "privilèges". Je crois que si cela est vrai dans certains cas j'ai bien du mal à imaginer que je fais partie d'une "aristocratie" comme l'écrit le sociologue Raphaël Liogier dans son livre
Descente au cœur du mâle. Il devrait venir vivre une semaine avec moi. Car si mon seul privilège est de moins me faire agresser pour 1 centimètre de tour de biceps en plus que si j'avais été une fille, pour le reste je crois qu'il va se casser le nez. J'admets qu'il ne parle pas nécessairement des générations actuelles quand il utilise ce mot. Certains points de vue sont intéressants aussi car il parle de la nécessaire participation des hommes pour changer les rapports sociaux. C'est aux moins nuancé et réfléchi.
Un article récent du Point parle aussi de cette notion de privilèges:
https://www.lepoint.fr...eges-09-10-2018-2261356_23.php
Il est bien dur de répondre à ce genres d'idées quand ça ne reflète pas du tout notre vie mais simplement des analyses qui collent pour expliquer un aspect de l'air du temps. Le monde du "patriarche" n'existe plus pour beaucoup d'hommes...
-Toute la remise en question du masculin a été dernièrement faite via internet, en manifestation, puis dans la presse et les médias. J'aime essayer d'en parler, je veux savoir ce que mes collègues de travail en pensent, mes amies et toutes les autres femmes. Mais actuellement, le nombre de femmes a être venues m'en parler d'elles-mêmes est de
0. Je n'exagère rien, ou alors à des moments succincts pour faire culpabiliser des hommes ou balancer des blagues avec toujours la peur de soulever un sujet tabou. Enfin, du vent quoi... Du coup, quand on me dit que les femmes ont exprimées leurs attentes je fait aussi très souvent comme beaucoup d'hommes, je reste dans l'expectative... Je crois qu'une gène existe aussi chez les femmes. Que chacun marche sur des œufs...
Cela m'intéresse beaucoup de savoir pourquoi, c'est un appel (aucune méprise ni ironie).
Plus d'un an après #meetoo, je trouve que la parole a été libérée mais que la conversation n'a pas commencée!
Les femmes ont enfin décidé de remettre véritablement en question la masculinité qui nous dessert en permanence. Cela malheureusement en exaltant (très souvent involontairement) encore une fois nos divisions liées aux genres, d'où les replis identitaires (rien n'est parfait). je voudrais dire aux hommes qu'elles nous rendent service. Elles nous aident à appréhender le monde de demain. Si vous êtes en haine, en malaise ou dans la négation, c'est qu'un cap est à franchir pour vous certainement. La présentation globale des choses n'aident pas beaucoup il faut avouer et sur ce point je trouve que c'est moins qu'on puisse dire... L'égalité est une chance de se sentir libre et épanoui! Dans ses pensées, ses actes, sa construction et c'est même la voie vers une meilleure vie sexuelle. Fini la responsabilité, le devoir, la force et la haine pour imposer. C'est enfin véritablement inutile et ça fait du bien! Plus besoin de se bâtir une image d'homme!
L'égalité des femmes et des hommes (Je mets femmes en premier car le f arrive avant le h) est une idée intéressante mais très mal menée à mon sens sur le plan politique. J'aimerais beaucoup que les hommes y trouvent leur chemin et en finir avec une idée qui va malheureusement de soi voulant que l'égalité soit uniquement une question de femmes quand même le titre en indique le contraire! On est en train d'en payer l'addition, femmes et hommes compris car du coup les choses ne bougent pas aussi rapidement qu'elles le pourraient, voir le devraient! Aussi des multitudes de questions bénéfiques voir nécessaires aux hommes ne sont pas posées. Donc c'est eux qui paieront le prix le plus fort à la fin! C'est ça le résultat du mutisme ou de faire bloc comme les masculinistes! Où sont les hommes qui doivent s'excuser de leurs comportements et dire qu'il faut faire mieux pour après? Ou simplement reconnaître, car il est vrai que l'on ne choisit pas le genre que l'on nous assigne (ou très rarement) et donc les aspects comportementaux qui vont parfois avec. Ce serait déjà un début. Comble de tout, j'ai fait une rencontre "hoministe" à Rennes pour soulever ses questions avec des hommes. Des femmes uniquement sont venues! C'était sympa mais ce n'était pas le but.
Je sais que le mieux est d'espérer un monde ou les genres n'existeront simplement plus. Bien que l'on puisse vivre ce que l'on veut sur le plan individuel, je crois qu'il faut néanmoins finir l'étape intermédiaire sur le plan social et culturel.