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Ma 1ere fois : une horreur (viol?) comment assumer ?

44 ans Dans un arbre à Tecolotlan 962
blackpanther a écrit:
Mizirlou, je me retrouve complètement dans ton témoignage... As tu réussi à te reconstruire après ça?

En parler à un psy? J'ai essayer deux fois. La première  
s'est fichu de ma gueule en disant que j'exagérais. La deuxième a juste passée une heure de consult à me répeter que c'étais de ma faute, que j'avais pas le droit de me plaindre. Quand j'ai commencé à péter un cable et à pleurer (elle a vraiment été horrible avec moi), elle a décroché le téléphone et menacé de me faire interner de force... Je suis ressortie de là avec un psychotrope puissant...

Je ne sais pas comment faire...


:shock: comment des professionnels peuvent-ils réagir comme ça ? c'est terrifiant....
Peut-être qu'en te tournant vers des associations de femmes victimes de viol, tu pourras rencontrer des gens compétents qui puissent t'aider et te comprendre.

La lecture de ce topic est bouleversante....
35 ans Toulouse 130
Je t'encourage également à te tourner vers une association d'aide aux victimes de viol, Blackpanther.
Là-bas, tu trouveras des interlocutrices formées spécifiquement pour répondre à tes questions, et qui ne te jugeront jamais (et ne remettront jamais en doute le fait que tu aies subi un viol puisque, clairement, c'en est un). Elles pourront sans doute même t'indiquer des psychiatres compétents pour t'aider dans ta reconstruction, bien loin des deux connards (pardon, mais voilà :evil: ) qui t'ont culpabilisée. Si tu as toujours envie de voir un psy après tout ça, et je pourrai comprendre que ça ne soit pas le cas.
Cela dit, à moins que tu n'en sois vraiment dégoûtée, je me permets quand même de te le conseiller fortement. Un bon psy (parce que, comme les docteurs ou n'importe quelle profession, y'en a de mauvais, tu en as fait l'expérience), ça peut tellement aider sur le chemin de la reconstruction... En tout cas, ça a été mon cas.

Surtout, ne te sens pas coupable. Tu as été victime de la double peine (viol + incompréhension), et c'est ce que tu es : une victime.
Alors, je sais que c'est dur, mais relève la tête et crache à la gueule de ceux qui osent mettre ça en doute.
Courage, donne-nous des nouvelles ;)
38 ans 1248
"la première"... "la deuxième"... mon dieu, j'en déduis que c'est deux femmes..

Qu'un homme ait du mal à comprendre les conséquences terribles de ce genre d'acte sur une femme, je conçois.

Que des femmes traitent ainsi une victime de viol cela me parait effarant.. Je n'ai jamais été victime de telles horreurs, et je suis encore moins psy, pourtant devant vos récits, je ne peux faire autrement que de me mettre à votre place et de souffrir avec vous. A mon échelle bien sûr. Je ne comprends pas comment une femme peut ne pas faire preuve d'empathie dans ces circonstances, alors une femme-psy.

Ca me dépasse.
35 ans 819
Oui c'étais deux femmes, car je pensais justement qu'une femme aurait pu me comprendre.

Cet homme a de toute manière été horrible. Si je fais le bilan, pendant 3 ans, il m'a violée, humiliée, volée, menacée de mort, et menacée physiquement... Le pire c'est que mes parents voyaient tout ça, mais ils ont laissés faire. Ca s'est du coup très mal fini (j'ai fini par faire une TS... puis une dépression). Le fait que cet homme s'en tire sans soucis me rend malade et me bouffe.

Je ne crois pas franchement à l'utilité des psy, qui ont toujours, dans mon cas, préférés me bourrer de médocs, histoire que je leur foutte la paix. J'ai d'ailleurs fini par en faire une overdose.

Je préfère faire le boulot moi même, pas à pas, même si je ne sais pas du tout par où commencer.

J'ai la chance d'avoir trouvé un chéri vraiment adorable, qui prend vraiment soin de moi. En fait c'est la première fois que j'ai une relation normale avec un homme, parce que le bilan de mes expériences passées est vraiment effrayant.

Désolé du pavé, mais ça fait vraiment du bien.
35 ans Toulouse 130
35 ans 819
C'est assez glauque mais c'est carrément ça. :crazyeyes:
35 ans Toulouse 130
C'est glauque, oui (c'est Charlie Hebdo en même temps :lol: ), mais je pense que beaucoup de filles ayant posté dans ce topic pourront s'y reconnaître.

:kiss:
35 ans 819
C'est quand même dur, de pouvoir juger de cette manière une victime, qui est déja mal à cause de ça...
38 ans Mulhouse (68) 417
J'ai une facilité déconcertante à occulter tout ce qui va mal dans ma tête. Et je me rappelle avoir occulté deux choses quand j'étais encore gamine.

Un jour, mon cousin, chez mes grand-parents, a décidé de s'amuser avec moi. A l'époque, j'avais 7 ans, lui près de 12. Autant dire que je n'ai pas compris ce qui se passait.
Il m'a allongée sur un lit puis s'est posé sur moi. Il a commencé à mimer un accouplement façon missionnaire.
On était habillés. Et je me rappelle m'être moquée dans ma tête parce que mes genoux étaient fermés. Juste avant qu'il m'écarte les jambes pour être plus à l'aise.
Mes pensées étaient simples : il ressemble à un petit chie,, j'aime pas ça et il a l'air bête.
Malgré moi, ce frottement m'a quand même excitée. Ce qui a rendu les choses difficiles dans ma tête.

J'ai occulté ça pendant environ quatre ans. Puis un jour, on nous a parlé de viol ,d'abus, en nous expliquant qu'il fallait en parler. Que les hommes n'ont pas le droit de nous toucher sans notre autorisation. Et ça m'est revenu.
Ma réaction, c'était "bof, c’est pas grave. Moi, au moins, c'était pas un viol". Avec le recul, je voulais minimiser. Dire que ça n'était pas grave, ça voulait dire que je n'étais pas obligée de faire face.

Ce n'est que deux ou trois ans plus tard que j'ai eu une autre bulle de souvenir. Ce cousin, moi très jeune, sur son lit chez ses parents. Et lui en train de me faire jouer avec "Dédé".
Je me rappelle qu'il était bien membré. Et je me rappelle aussi qu'à l'époque, ça ne m'avait pas paru bizarre.

J'ai essayé d'en parler à ma mère. Elle m'a simplement dit de ne pas en parler, parce que ça aurait bousillé la famille.
J'en ai parlé à une prof, qui m'a dit que sans pénétration, ce n'était pas un viol. Autrement dit, c'est pas important.

J'ai eu du mal à comprendre comment en parler, à qui en parler. J'ai eu du mal à comprendre pourquoi je m'humiliais toujours face aux garçons, pourquoi je ne savais jamais leur dire non.

J'ai utilisé mon corps comme un moyen de plaire. Coucher avec un maximum d'hommes, pour croire qu'ils m'aimaient, qu'ils me désiraient. Et presque à chaque fois, quand ils étaient là, sur moi, je ne voyais qu'un chien en train de me souiller.

J'ai fini par comprendre la différence entre les hommes que je voyais comme des chiens, que je méprisais et que je haïssais, et les hommes où je ne voyais que l'homme, et le plaisir. Dans le premier cas, je cherchais en fait dans le premier cas des hommes qui abusent de moi, pas physiquement puisque je disais oui, mais mentalement, je couchais pour me punir. Dans le second je faisais l'amour.


Aujourd'hui, il me reste seulement des crises de panique quand mon mari fait quelque chose d'inhabituel. Mais on y travaille, pour que je m'épanouisse dans ma sexualité.
Je panique aussi quand je rencontre des hommes comme mon cousin, qui me donnent l'impression d'être un morceau de viande. Je panique quand ils sont trop près de moi physiquement, j'ai même envie de vomir. Je panique quand quelqu'un passe les barrières que je me suis imposée.

Mais je vais mieux, chaque jour.

Je reste consciente que ce n'est finalement pas grand chose. J'ai été traumatisée, mais j'ai réussi à surmonter, et c'est ma victoire. D'autres femmes n'ont pas ma chance et ont été sévèrement abusées physiquement. Quand j'en rencontre, je leur tend la main. J'essaie de les aider comme je peux. Je leur explique que faire l'amour, c'est beau quand c'est avec la bonne personne. Que ce n'est pas leur faute. Qu'elles ne l'ont pas mérité.
35 ans 819
Ton témoignage me touche beaucoup, Savière. Parce que j'ai eu les mêmes réactions que toi après coup. J'avais totalement occulté la chose. Mais ça revient souvent comme un fantôme dans ma tête, dès que mon homme devient plus "pressé" qu'à l'habitude. Il sait ce qu'il s'est passé, parce qu'il m'arrive aussi de faire des attaques de panique à cause de ça.
J'avais, avant de rencontrer mon homme, des sortes de crises où je perdais totalement conscience de mon corps. Mon but était juste à coucher avec le plus d'hommes possible, pour me punir, sans me préoccuper des conséquences. Cette période est assez floue dans ma tête, j'ai préféré l'oublier, j'en ai honte...
38 ans Mulhouse (68) 417
Tu n'as pas à avoir honte. Le passé, c'est le passé.
Tu sais pourquoi tu l'as fait. Personne n'a le droit de te juger sur ton passé, surtout quand tu as réussi à aller au delà de ces difficultés pour être en couple avec quelqu'un.

Ce n'était pas ta faute, quoiqu'on te dise, et tu es aujourd'hui quelqu'un de plus fort qu'à l'époque.
35 ans 819
Ca fait vraiment du bien de ne pas être jugée, pour une fois. J'essaie petit à petit d'avancer, j'ai fait des progrès, mais il y a encore du boulot. Heureusement, j'ai déménagé, donc je suis maintenant à 1200 km de chez moi. Nouvel environnement, nouvelle formation, nouveau chéri... Tout pour partir sur de bonnes bases, loin de cet environnement familial un peu particulier qui ne m'aidait absolument pas.
38 ans Mulhouse (68) 417
Oui, changer d'horizon ça aide. Il faut juste éviter la rechute. Mais ça a l'air bien parti pour toi :)
35 ans 819
C'est par période en fait. Par moment ça va aller très bien, et tout à coup, sans savoir pourquoi, ce souvenir me revient en mémoire et me bloque complètement. Heureusement j'ai un chéri très compréhensif qui fait tout pour me mettre en confiance. Ca aide énormément!!!!
38 ans Mulhouse (68) 417
Oui. Aujourd'hui, sans mon mari, je serais retournée vivre près de chez mes parents pour éviter de tomber en dépression trop profonde.
Juste avant lui, j'ai eu un abuseur émotionnel. Il m'a fait culpabiliser sur qui j'étais, m'a fait dépenser des sommes folles pour aller le voir en Belgique... J'étais une loque, avec un appartement en ruine, un compte dans le rouge, et une envie forte de prendre toute mes plaquettes d'anxiolitiques et anti-dépresseur en me disant que peut-être que ça finirait...
Heureusement que je suis tombée sur un homme qui m'aime vraiment :)
B I U


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