J'y suis allée.
Plus jeune, je n'arrivais plus à dormir. Je dormais, mais la peur au ventre, la peur qu'un des deux déboulent dans ma chambre.
Et voilà qu'à 23 ans, ils
m'ont refait le même coup.
Vers 2-3h du matin, la porte s'ouvre violemment (jamais pu avoir de serrure) et les insultes commencent. Ma mère. Mon père a commencé sa crise, m'accusant de tout et n'importe quoi du genre "Tu ne t'imagines pas ce que ta fille fait..." un réel délire...
Alors en pygama, j'ai déboulé dans leur chambre, il était dans le lit. Je lui ai dit de m'écouter attentivement et sans trembler je lui ai parlé droit dans les yeux. J'ai pris les choses en mains, mis les points sur les "i".
Oh, je n'ai pas été vulgaire ni malpolie, loin de là, je n'ai pas proféré de menace (ça se retourne contre soi ça). J'ai simplement mis à jour leur comportement, loin d'être un comportement respectueux et d'adulte responsable. J'ai aussi mis à jour leurs peurs, leurs échecs pour mettre en évidence le fait qu'à chaque fois ça retombait sur moi, que je ne suis pas un défouloir. J'ai mis à jour aussi le fait que moi je me suis battue seule contre mes démons et que j'en suis sortir beaucoup plus forte qu'avant, qu'ils n'ont qu'à en faire autant à la place de se servir de moi.
Ils n'ont rien pu dire, ils avaient l'air béat con... étrange, ça ne leur ressemble pas. Ensuite j'ai terminé par un "Joyeux Noel papa".
Le lendemain je leur ai dit bonjour, mais il n'a pas osé me regarder. Ensuite, il m'a dit qu'il m'aimait, il s'est aussi excusé. J'ai trouvé ça ridicul, limite vomitif...
En fait, je ne peux pas dire que ça c'est vraiment mal passé, vu que la force de mes mots a eu assez d'impact que pour retourner une situation sans qu'elle dégénère.
Je suis fière de moi.
Du reste, faut pas croire, si j'y ai été, c'est pour une raison qui fait partie d'un projet. Et ce projet a tellement d'importance (c'est ce qui me donne envie de me lever le matin et me donne plein de rêves en tête) que pour ça je passerai encore des soirées avec eux le temps qu'il faudra.
Je ne suis plus la petite victime...je sais ce que je fais.
Savoir que mon histoire a un impact sur certaines d'entre vous n'a pas l'art de me réjouir, savoir que je ne suis pas la seule me débecte. Ce que je veux, ce ne sont pas des mains tendues qd bien même elles mettent du baume au coeur...ce que je voudrais c'est plus que tout cela, qu'on soit toutes innondées d'utopie de respect et de liberté, de considérations et d'intégrité physique et morale.
Tout asservissement est un déni de la vie elle-même.
39 ans
Paris
2114