Titre plus qu'étonnant et radical, j'en conviens.
Je "m'excuse" à l'avance pour la longueur de ce témoignage.
Je suis toute nouvelle sur le forum, et je découvre cette partie. J'ai eu
envie de vous faire part de mon témoignage, de mon avis, en ce qui concerne les régimes "forcés".
Je m'explique: Je n'ai que 21 ans, et pourtant, j'ai déjà été confrontée à de nombreux régimes. Je suis passée par un nombre incalculable de méthodes pour maigrir, allant du régime encadré par un spécialiste de la santé en passant par le régime "miracle" d'un magasine people ou de presse féminine qui prônent les régimes pré-noël, post-noël, pré-été, j'en passe et des pires... Je n'oublie pas non-plus de mentionner le régime radical de jeûn consistant à manger uniquement le soir. Une soupe. Avec, cas exceptionnel, une biscotte, et un peu de beurre bien étalé.
Inconscience, allez-vous me dire. Oui. Mais pas la mienne. Celle de mes parents, celle de ma mère, de ma famille. Et c'est par le terme de tyrannie que je définis ce qui consiste en profiter du pouvoir qu'on a sur une personne (en l'occurence ici, le pouvoir qui lie un enfant à ses parents et aux membres de sa famille tels que les "grands" frères et soeurs, tantes et oncles, grands-parents..) pour "l'obliger" à perdre du poids sans tenir compte des circonstances qui mènent à une sur ou sous-alimentation, selon le cas. On se dit qu'on sait ce qui est bon pour nos enfants, et c'est légitime. Mais il ne faut pas confondre vouloir aider son enfant, et vouloir faire de son enfant ce qu'on veut qu'il soit. En d'autres termes, pour ma part, on m'a forcée à pas mal de régimes restreignants et contraignants depuis que j'ai une dizaine d'années.
Les dangers de cette sorte de régime? Ils sont si nombreux... Boulimie, anorexie, hyperphagie, etc. En un mot: TCA. Mais aussi, provocation de l'effet inverse escompté: prise de poids rapide et presque irrémédiable. Enfermement sur soi, timidité, complexes... Je continue?
J'ai longtemps cru, par "héritage" familial, qu'il fallait à tout prix être mince ET belle pour plaire, pour être acceptée, pour ne plus qu'on se moque de moi. Je me suis toujours dis, depuis mon plus jeune âge, que je me définissais par le terme "grosse" avant que de me définir par le terme "fille". D'aussi loin que je me souvienne, partout où j'allais dans ma famille, on m'empêchait de manger, surveillait tout ce que je portais à ma bouche. Ma mère a été jusqu'à forcer mon frère à me faire faire du sport avec des vêtements de sudation en me faisant faire un régime alors que j'avais 12 ans. Fabuleusement dangereux et inconscient, n'est-ce pas? Et pourtant... Elle ne se rend pas compte que mon surpoids et tout ces problèmes de nourriture, d'image de moi, me posent de sérieux problèmes pour m'affirmer et m'épanouir, pour être moi. Car en plus de tout cela, elle a aussi bien pris soin de tenter de me faire "réagir" par des remarques, réflexions, humiliations familiales et vexations, qui avaient pour but de me faire dire qu'il fallait que j'arrête de trop manger, et qui a eu pour effet inverse de me faire encore plus manger. J'ai grandi sans repères, sans image... en perpétuel conflit avec moi-même et mon corps. Je ne sais que le refuser. Je n'ai l'image de moi que celle que ma mère et mon entourage me donnaient de moi.
Désormais, je sais que je n'ai pas à m'obliger de faire un régime si je n'en ai pas envie, ni besoin. Si un jour je devais faire quelque chose qui soit dans le sens de retrouver une alimentation saine et équilibrée, ce ne sera certainement pas quelque chose qui portera le nom de régime, mais plutôt quelque chose qui aura pour but de me "réapprendre à manger". Si je perdais du poids par cette méthode, ce serait plus par relation de cause à effet que par volonté d'en perdre. Je veux me stabiliser, sur le long terme.
Arrêtez de croire que le régime est le seul moyen de s'accepter, car c'est faux. Il y a effectivement des personnes qui ont fait des régimes et qui ont réussi à garder un poids équilibré sur de longues années (ma mère, par exemple, qui en a perdu 15 et qui a gardé son poids depuis). Mais ces personnes, pour autant que je les connaisse, ne peuvent pas manger une sucrerie ou une chose grasse sans se sentir obligées de se restreindre en jeunant le lendemain, ou de culpabiliser. En gros, elles sont perpétuellement au régime.
Il n'y a pas de régime miracle. Il y a une manière de s'accepter, et une manière de prendre soin de soi, en faisant du sport, en mangeant "bien" (autrement que par la boulimie dont je souffre depuis des années..), choses qui peuvent mener à une perte de poids. Mais ne vous sentez surtout pas obligées de perdre du poids parce que les gens qui vous entourent vous disent que vous seriez mieux. Demandez-vous toujours à quel point ils peuvent être assez capables de se mettre à votre place pour savoir quels effets vont avoir un comportement qu'ils calquent sur vous, comme si vous réagissiez forcément de la même manière aux même choses.
Par ce témoignage, je veux non-seulement vous dire que la santé d'un enfant est important, et le comportement alimentaire qu'on lui inculque aussi, et que par conséquent, il faut biensûr surveiller ce comportement, mais toujours dans le souci de comprendre pourquoi il a tel ou tel comportement, plutôt que de juger qu'il faille lui faire faire un régime (une discussion autour d'une solution est toujours plus bénéfique. Il faut comprendre la source de la mauvaise alimentation). Mais aussi, et surtout, vous dire que non-seulement, les régimes sont un sacré cercle vicieux dans lequel il ne vaut mieux pas tomber, et que la volonté personnelle, c'est ce qu'il y a de plus important, et que même à 20, 30, 40 , 50 ans ou plus, l'encadrement et la compréhension des problèmes alimentaires est ce qu'il y a de plus important, et aussi, pour finir, que surpoids ne veut pas dire problème alimentaire, nécessairement.
Il y a biensûr des dangers à avoir un surpoids, mais on passe plus de temps à modeler notre corps pour essayer d'être "dans la norme" et ainsi éviter le courroux du surpoids qui plane au dessus de nos têtes telle l'épée de Damoclès , qu'à vivre notre vie et en profiter vraiment, de ces années qu'on nous donne.
Je sais qu'aujourd'hui, je ne suis pas "guerrie" de mes TCA, et que j'en suis loin. J'aperçois des manières de m'en sortir, mais je n'arrive pas encore à agir. Je ne sais pas encore si je peux m'accepter comme je suis, si je peux accepter ce corps qui a causé tant de méchanceté de la part de ma mère, méchancetés dont je suis encore victime aujourd'hui. Je sais aussi que je me gâche la vie avec tout ça, parce que je m'empêche de vivre, je m'empêche de m'aimer, qu'on m'aime aussi, je refuse qu'on me trouve jolie finalement, parce que j'ai été formatée pour me dire que je suis grosse, trop grosse, toujours trop grosse, quoi qu'il arrive.
J'aurai tant aimé dire merde à tous ceux qui m'ont forcée à faire des régimes, mais je n'en avais pas la possibilité, étant enfant, tellement facile de m'aliéner à un comportement...
J'espère que je n'ai pas été trop longue et que vous avez eu le courage de me lire jusqu'au bout.
Voilà un petit bout de ma vie et de ma position "contre" les régimes. Les régimes forcés, tout particulièrement, et de mon engagement à faire comprendre aux gens qui ont des enfants, des proches, en surpoids, qu'il ne faut pas aller contre eux mais avec eux, les comprendre, leur parler, avant de leur imposer quelque chose que non seulement ils ne comprennent pas, mais en plus, et par là, ne peuvent que mal intégrer et qui mène à ce genre de choses étouffantes et douloureuses que sont, parmi tant d'autres, les TCA.
Je sais désormais aussi que je peux être Belle sans être mince, que l'un n'implique pas l'autre...
Merci de m'avoir lue ;)