Je me mélange les pinceaux, je sais plus quoi faire, par où commencer, où me poser, comment retrouver un semblant de normalité dans mon rapport à la nourriture. J'ai découvert
la RA, zermati and co, il y a maintenant 4 ans, suivi en pointillé, adoré, détesté, recommencé, réarrêté... Perdu, repris, perdu, repris, encore et toujours... Au gré des coups durs de la vie. Et maintenant je sais plus rien, plus rien du tout...
Et la question terrible encore de ce soir ? Je mange quoi ? Je fais quoi ?
Mes soucis ont débuté dans l'enfance. Ca ne se voyait pas encore (j'étais plutôt très maigre), ca ne posait donc problème à personne, mais je commençais déjà à l'âge de 9 ans a piqué de l'alcool dans le bar de mes parents.. et quelques barres chocolatés.
Et puis adolescence 14ans, quelques kilos en trop, quoi ptete 5, mal dans ma peau, et premier régime, pour suivre ma maman, sachets protéinés, -10kg +20kg et plus jamais un rapport normal avec la nourriture.
Fin de lycée, mort de mon père et le gouffre de la nourriture jamais aussi profond, crise d'hyperphagie à gogo, 97kg.
La FAC de médecine, le stress, le ras le bol de supporter à bout de bras ma famille, pressions impossible je sombre dans la dépression, les tentatives de suicide et l'anorexie suivie de crises boulimie entre jeûn, goinfrages, sport à outrance jour comme de nuit et laxatifs.
Cette période noire de ma vie a duré 5 ans... 5 très longues années.
23 ans : j'en suis à me faire vomir et puis je découvre un tchat sur les TCA, je discute et je comprends au bout d'un moment qu'il faut que je m'en sorte => psychothérapie et j'arrête de compenser mes crises par les jeuns, je repasse de 75kg à 85kg, c'est dur mais je veux m'en sortir, désespéremment.
24ans, je rencontre un homme, le 1er d'une vie, l'amour fou dure un an, et puis notre relation devient malsaine, j'en suis à 92kg quand il me demande de "maigrir" parce qu'il ne me supporte plus physiquement. Je pleure, je le hais et je l'aime en même temps, je veux le faire pour lui mais je crève de peur de replonger dans l'anorexie. Je me dis OK mais plus jamais ces régimes qui m'ont fait grossir et perdre pied. Durant un mois, je planifie mes repas pour me faire plaisir et manger équilibré, et je perds du poids sans trop me prendre la tête. J'en suis à 85kg quand je découvre Zermati et la R.A. et que je l'adopte.
Ma R.A. commence par une prise de poids, j'y porte pas trop attention me disant que c'est normal depuis le temps où je diabolise certains aliments, que maintenant que j'y ai le droit je dépasse les bornes. C'est vrai, cette période là se stabilise et je reperds du poids en mangeant tout ce que j'aime.. Et puis sale période, les crises de boulimie qui reviennent comme un cheval au galop et moi tétanisée d'angoisse pleurant pendant des heures chez moi. Je refais n'importe quoi (WW, jeun tout pour que ca cesse).. et je reprends 17kg (monte à 107kg) en quelques mois avant de comprendre que c'est la psychothérapie que j'ai entamé et le travail douloureux que j'y mène qui m'a fait replonger. Je compense par la bouffe , les démons de l'inceste qui ressortent.
Les choses se calment, je veux recommencer une R.A et je prends rendez-vous avec une nutritionniste du GROS à 2h de chez moi. J'en ressors, choquée, avec des conseils de type : il faut manger des légumes à tous les repas.. Je sais plus où j'en suis, je n'y retournerais pas.
Je me débrouille par moi-même mais depuis quelques années c'est devenu l'anarchie totale, incapable de faire un repas normal, je grignote un aliment unique par repas, que ce soit un paquet de bonbon, un fromage ou 2 steaks, je ne sais plus ce qu'est mangé comme tout le monde. J'essaie de voir un nutritioniste en étant cash sur mon rapport à la bouffe, j'en sors avec un truc soit disant si élémentaire que les enfants de maternelle y arrive. Ca consiste à manger un truc de telle couleur (protéine/féculent/etc..) sans distinction qualitative ou quantitative.. J'y arriverais même pas sur une journée, empêtrée dans mon angoisse. Descente aux enfers, je me rends compte à quel point je suis malade quand il s'agit de manger ou de ne pas manger.
Et depuis, plus rien, je sais plus.. Je mange ce qui me tombe sous la main, parfois rien, parfois une clémentine en guise de repas, parfois deux baguettes de pain avec rillettes et pâtés suivi de glaces. Je n'arrive plus à planifier mes repas, je n'arrive plus à commencer un carnet de RA ou à écouter ma faim et ma satiété, je n'arrive plus à tenter quoique ce soit. A chaque fois dès le 1er jour, je panique et je me sens encore plus nulle. Mon poids s'est stabilisé seul à 92/93kg mais je perds de plus en plus pied au niveau de l'acte même de manger.
Je me dis qu'il faut que je fasse quelquechose, que j'essaie quelquechose, que je peux pas passer ma vie empêtrée dans tout ca, mais je ne sais plus quoi ? J'ai l'impression d'avoir tout épuisé, d'avoir tout essayé et d'être un cas désespéré. Encore un repas ce soir, où je ne sais pas quoi faire, encore une soirée où je vais me dire bon à partir de demain je me prends en main et je... Et je quoi ? De partout on parle d'équilibre, et je me dis que face à l'anarchie alimentaire qui forme mon quotidien, avoir 3 repas réglé, tenté de manger de tout et réapprendre à faire de vrais repas avec viande légume et ou féculent dessert ne serait pas du luxe. Mais d'un autre côté je crois dans les préceptes de la R.A. et dans les démons de la restriction cognitive mais ca m'a amené à l'anarchie et ca a causé le même yoyo que le reste au final alros j'ai peur. Je me reprends à sauter des repas pour jeuner alors que je ne le faisais plus depuis des années et à me dire si tu manges 3 repas un jour, 2 repas un autre, 1 le suivant et 0 et ainsi de suite peut-être que... Et une autre part de moi se dit qu'ainsi mon corps se vengera et reprendra 10kg quand je remangerais... Une autre part de moi réponds que dans ces cas là vu mes antécédents de jeun, je peux me tirer une balle tout de suite et qu'il faut arrêter de croire en ce mythe de la vengeance de son corps, que non il faut lui faire confiance. Je me dis que je pourrais essayer la technique des Outremangeurs Anonymes et me fixer comme objectif chaque jour de ne pas criser... Mais en même temps je sais que mes crises veulent dire quelquechose et que j'en ai quelquepart besoin. Je regarde mes amis étudiants autour de moi et je vois qu'ils mangent de façon très déstructurées (une pizza un soir, rien le lendemain, un paquet de biscuit, un vrai repas chez leurs parents) et qu'ils sont pourtant hyper minces, mais une part de moi se dit ouhlalala quel équilibre, qui croire, les nutritionistes ou tous ces gens qui n'écoutent rien des nutritionistes et sont pourtant "normaux". Sans compter tous les gens qui font des R.A. autour de moi et dont j'apprends 6mois plus tard qu'ils le font en comptant des points WW, en faisant du sport à outrance ou en faisant un régime une fois de temps en temps sur quelques jours.
Et moi, et moi dans tout ca, qu'est ce que je fais de tout ca ?
Voila je sais plus, je sais plus rien...
Désolée mais j'avais besoin d'en parler, de m'épancher, avant de retrouver mon frigo et mes doutes ce soir.