Hello tout le monde,
A mon tour de vous apporter mon témoignage.
Après avoir parcouru divers forums, lu des études etc, je me suis récemment orientée vers une solution de ballon gastrique.
L'anneau je n'en veux pas, le by pass me semble démesuré, et l'envie de maigrir ne me quittait pas.
J'ai donc pris rendez-vous dans le 8e à Paris, dans le même cabinet que bonniere qui a témoigné ici. Pour information j'ai un IMC a 38, 26 ans. La prise en charge (pose et dépose du ballon + suivi dietetique) coute un peu plus de 4500 euros.
J'ai été recu par un charmant diéteticien-endocrinologue. Vraiment sympa, pas culpabilisant, et qui a vraiment pris le temps de m'expliquer le ballon, le suivi.
J'étais ravie. Je foncais. Je le voulais ce ballon.
Etape suivante, une semaine après : rendez vous avec la gastro, celle qui va me poser le ballon. D'abord elle commence par avoir une demie heure de retard (bon c'est rien vous me direz). Ensuite elle ne m'explique rien, elle est rapide. Je n'ai pas l'impression qu'elle s'intéresse à moi. Elle me parle de l'anneau comme possibilité après le ballon, au cas ou. Elle me dit que son mari fait de la chirurgie bariatrique.
Je suis toujours ravie, mais j'ai un sentiment étrange.
Etape suivante, une semaine après : rendez vous avec l'anesthesiste, après avoir fait une analyse de sang. Il me garde 1/4 d'heure. Il ne le sait pas mais j'ai pleuré après ce rendez vous. Il m'a dit que le ballon c'était bien mais qu'il faudrait sans doute penser "à autre chose après". Que le ballon ca ne suffit pas pour moi. Qu'il faut vraiment vraiment que je maigrisse "parce que même si vous êtes en bonne santé maintenant, dans dix ans vous ne tiendrez plus debout, vous aurez des problèmes etc". Qu'une anesthesie c'est quand même pas rien sur quelqu'un comme moi. Je précise que je n'ai jamais subi d'anésthesie générale de ma vie, que j'ai super la trouille, et qu'en plus je déteste les hopitaux, ce que je n'ai pas manqué de lui dire. La seule chose qu'il trouve à répondre c'est "ah bah de toutes facons on vous opére pas, donc c'est pas comme une opération". Ok, pas de mot rassurant, juste de la pure culpabilité en barre.
Je ressors de ce rdv très mal, mais toujours ok pour la pose du ballon. Je me dis que 6 mois, avec le suivi proposé, ca va être super, je vais m'occuper de moi. Mais quelque chose est cassé. Je n'ai plus confiance dans l'équipe, dans la gastro et dans l'anesthésiste. Je commence à me demander si c'est vraiment une solution. Si mon corps mérite vraiment que je lui inflige une ultime souffrance après tout ce que je lui ai déja infligé. Mais je décide d'y aller, pensant qu'au pire j'en ai pour 6 mois.
Mercredi matin. J'arrive avec Chéri dans la clinique. Un truc un peu vieux, un peu miteux à Boulogne. La secrétaire est désagréable. Chéri demande si il peut venir avec moi, la gastro arrive et l'envoie chier en lui disant qu'il n'a rien à faire là. Chéri demande à quelle heure il peut venir me chercher elle lui répond "on vous appellera, de toutes facons avec le ballon on peut etre très malade donc on ne sait pas à l'avance". Rassurant.
J'ai compris ensuite pourquoi Cheri ne pouvait pas venir. En fait l'endroit ou ils posent les ballons est dédié à cette activité et à la fibroscopie en général. Il s'agit d'une bloc de fibroscopie central, avec autour des box avec des lits à roulettes. La premiere chose que je vois en entrant c'est l'estomac de quelqu'un sur un écran. Ils sont en train de faire une fibro. L'écran est visible de tous. J'ai envie de vomir.
On me conduit à un box. On me dit de me déshabiller et de mettre mes affaires sous le brancard, parce qu'on ne me ramenera pas dans ce boxe pour le réveil. On me mettra avec les autres. Les autres, je les vois de mon boxe, ils sont en rang d'oignons sur leur brancard, complétement dans les vappes, et seuls. Je flippe.
On me donne donc une blouse en papier, evidemment trop petite, et on me dit d'attendre. Je me mets à pleurer, très fort. J'ai une angoisse pas possible, j'entends les rales des gens qui se réveillent, je vois l'endroit dans lequel je suis qui est vieux et pas rassurant du tout. J'essaie de me concentrer, de m'emmener dans mes "happy places" comme on le fait en sophro pour me détendre mais rien ne marche. Ce n'est plus de l'angoisse, je ne veux juste pas qu'on me touche, c'est comme si tout mon corps me criait de partir.
Je pleure, mais quand je dis pleurer, je vous promet que c'était fort fort fort, à gros sanglots. Personne ne viendra me voir. Je reste seule à pleurer pendant 1h, observant le va et vient, les gens défilent à la chaine sur la table de fibroscopie. Entre deux actes, la gastro dicte dans son dictaphone les contrendus des opérations "dépose de ballon estomac sclérosé", je flippe.
L'anesthesiste vient me voir. Il voit que je pleure. Il me dit "Allez, c'est pas comme si on vous opérait". La même rengaine que pendant le rendez vous. Il me fait rouler de mon boxe jusqu'à la table de fibroscopie. Personne ne me parle, personne ne me dit ce qu'il va se passer, la gastro dicte son contrendu, l'anesthesite a tourné le dos, il prepare certainement la piqure, et moi je suis là à pleurer de plus en plus fort, avec de gros spasmes.
L'anesthesiste se retourne, avec le garrot a la main, et il me le pose. il se retourne encore je pense qu'il allait prendre la seringue, et là j'ai eu le meilleure réflexe, j'ai enlevé le garot et j'ai réussi à dire "Non, je ne le fais pas".
C'était dur de dire non. J'avais peur du jugement des gens. J'avais peur de me faire engueuler par la gastro, par l'anesthesiste.
La gastro s'est enfin retournée et elle m'a dit " De toutes facons dans l'état ou vous êtes je peux pas vous le poser. Vous aviez l'air décidée à faire quelque chose pourtant quand je vous ai vu en rdv".
On m'a fait rouler à nouveaux dans le boxe, je me suis rhabillée, et je suis partie.
Je tenais à vous raconter ca.
Vous allez peut être penser que je ne suis pas courageuse, que je suis une trouillarde. C'est vrai.
Mais au delà de ca, l'important ca a été ce reflexe de survie de mon corps, de ma tête, qui m'ont dit, qui m'ont crié "NON ! tu mérites mieux que ca, tu mérites de faire attention à toi vraiment et pas avec cette solution, ton corps mérite autre chose". Ca peut paraitre bizarre, mais j'ai ressenti ca comme un déclic. Comme si finalement, je venais de faire la paix avec mon corps.
Je suis sortie de la clinique, j'ai retrouvé Cheri, qui m'a enfin avoué qu'il était très rassuré que je sois sortie de là parce qu'il trouvait cette clinique et le personnel très étrange. J'ai appellé ma mère qui était ravie de ma décision. J'ai de la chance d'être entourée par des gens qui comprennent ma démarche, qui approuvent.
Depuis mercredi j'ai remis beaucoup d'ordre dans ma tête.
Je suis toujours un peu chamboulée parce que j'ai eu très peur. J'ai vécu 1h30 d'angoisse et de remise en cause profonde. J'ai été profondemment choquée par le coté "a la chaine" de cette clinique.
Et je suis fière d'être partie.
Merci de m'avoir lu en tout cas, je sais que c'est long.
D.