Coupables, les obèses devraient passer à la caisse

gros paient davantage de primes d’assurance maladie.

Taille de guêpe, sportive accomplie, l’Argovienne Ruth Humbel Näf (49 ans) ne fait pas dans la dentelle. «Les gros sont responsables de leur propre obésité. Ils doivent assumer et payer des primes plus chères.» La conseillère nationale PDC refuse que la société paie pour des gens qui «se laissent aller». Elle demande aux personnes en surpoids de faire preuve de discipline, en faisant de l’exercice physique répété. Cinq fois championne suisse de course d’orientation, Ruth Humbel a fait du sport sa religion. «Cette proposition confine à l’injustice grave», clame le médecin Yves Guisan. Le Vaudois s’insurge contre ce genre de discrimination: «L’obésité obéit à de multiples facteurs connus et inconnus. C’est une maladie et personne ne choisit d’être gros ou malade.»
Il n’y a pas d’étude sérieuse pour établir un profil type de l’obèse. Yves Guisan parle d’un problème kafkaïen qui dépasse la simple volonté de l’individu de modifier son comportement. La démocrate chrétienne fribourgeoise Thérèse Meyer est quelque peu empruntée par les propositions de sa collègue de parti: «Faire payer plus pour un constat de surpoids, c’est un peu rude. C’est aussi difficile à appliquer sans créer d’inégalités. Ceci dit, je suis pour inciter les gens à une meilleure qualité de vie.»
C’est aussi ce que vise Ruth Humbel au travers de sa proposition: faire participer les médecins et les parents pour prévenir les dommages. «C’est bien, mais cela ne suffit pas», commente Yves Guisan, qui ne croit pas que l’on puisse lutter contre l’obésité comme on combat la dépendance à la fumée. La volonté ne suffit pas.»

(mme)