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TCAs : peur d'en sortir ?

C
53 ans 1965
Coucou!

Ca faisait longtemps que je n'avais plus commencer une discussion et en particulier sur les TCAs... Je me souviens de mes premiers posts, remplis de douleurs... Je me souviens de  
vos bons conseils, de vos marques de soutien à tout niveau, à chaque fois... Dans l'anonymat mais cependant avec beaucoup d'humanité et de respect...

Aujourd'hui...est-ce le temps gris qui me donne des idées aussi étranges...je ne sais pas... Mais j'ai plein de choses en tête...

Depuis hier je me "force" un peu à manger. J’ai été faire les courses pour me chercher toutes ces choses qui pourraient me faire plaisir… J’ai mangé, ça m’a ennuyé, dégoûté… Manger 100 grammes de pâtes avec un peu de sauce, est-ce si énorme ? Pas énorme, mais c’était douloureux… J’ai l’impression d’avoir épuisé toute la séduction de la nourriture, d’avoir épuisé tout le plaisir… Ceci dit, comme je n'ai pas beaucoup bougé depuis lundi, je me dis que mon corps n'a pas besoin de beaucoup d'énergies...

C’est une évolution… petit à petit, la nourriture n’a plus pour moi ce coté rassurant. Avant, j’étais habituée à ce que la nourriture soit pour moi un refuge (voir une façon de me détruire). Je me disais que ça allait toujours être ainsi, même si je n’avais plus les crises.
Mais à force d’écouter mon corps et de manger quand je veux ce que je veux, à force de faire un travail sur moi, et bien, je ne me tourne plus du tout vers la nourriture. Ce qui fait que je ne vois la nourriture que comme un moyen de calmer la faim. Sauf qu’il m’en faut peu pour calmer ma faim… Voir pire : parfois je m’en fiche d’avoir faim… La sensation d’être remplie ne m’intéressant pas, me dégoûtant même, il m’en faut vraiment peu… J’ai été m’acheter un paquet de Tuc, me disant que ça allait attiser mon envie et que j’allais le dévorer en moins d’une heure comme avant… Il est resté dans mon armoire une semaine… Une semaine pour le manger…

En fait, je crois que ça me rend émue...dans le bon sens vu que je me souviens de mon adolescence : la pomme à midi avec les copines comme unique repas et les paquets de gâteaux et de chips, etc le soir seule dans ma chambre en plus des deux autres repas de la journée…les crises de plus en plus fortes, les vomissements, les stades de jeunes…
Et je me retrouve 10 ans après avec cette sensation « bizarre » de ne pas avoir ce besoin de me jeter sur la nourriture… Dans un sens, je suis très heureuse… fière de mon parcours… mais dans un autre sens, ça me fait tout étrange d’avoir changé à ce point. Et ce qu’il y a aussi de bizarre c’est que les gens me trouvent épanouie, belle, ouverte… Chose que je n’ai jamais cherché a priori… chose qui me trouble parce que je suis restée identique à moi… je ne tente pas de correspondre à ce qu’on attend de moi, mais à ce que je suis… Et puis une autre chose… je rentre facilement dans un 40, que ça soit le haut ou le bas… Et j’en viens à me demander pourquoi… (surtout pour le haut) parce que je n’ai rien fait pour… !

Pour vous, ça ressemble à quoi ? Une crise identitaire ? La peur de perdre une partie de soi ? Pourquoi ça me fait tout à coup étrange aujourd’hui alors que je reviens de loin et que mon parcours fut long… ? Et le fait de ne pas avoir besoin de se réconforter dans la nourriture, pourquoi ça me semble étrange aujourd’hui ? Je ne me souviens plus de ma dernière crise… Pourquoi cette perte de ce souvenir me fait bizarre ? J’ai changé de coupe de cheveux (je l’adore…mais…est-ce ça qui me perturbe ? Ce n’est pas la pleine lune ce soir ? Sérieux... Est-ce que j’ai peur d’en sortir ??!

Connaissez-vous ce genre de questions...? Comment se rassurer?

Merci...
38 ans 1085
Je vis exactement la même étape dans mon comportement alimentaire que toi.
Sauf que contrairement à toi, je le vis avec soulagement, satisfaction...
Je me sens heureuse, épanouie, enfin bien.

Je pense avoir eu un moment d'angoisse, mais vraiment très court où tous ces changements m'ont paru trop soudains : un nouveau corps, un homme qui m'aime, des examens réussis, plus de crises depuis.... des mois. Ca a été lent mais je m'en suis rendu compte d'un seul coup. Paf! C'est vrai que ça fait un choc.

Pose toi une question : t'autorises-tu à être heureuse de ce que tu as accompli?

Ca peut paraitre con, mais quand on vit des années dans les dépressions chroniques et les TCA, on a tendance à s'alimenter (sans jeu de mot) de notre propre désespoir. Quand tout d'un coup il disparaît, ca fait un drôle de vide. Et pas facile de se résoudre à dire "tiens je suis heureuse" et surtout de l'accepter, quand depuis des années on se dit "qu'on ne le mérite pas"

Bref, ce ne sont que des pistes, par rapport à ma propre expérience. Peut etre que je suis à côté de la plaque. Mais j'ai très envie de te dire : bah oui, cette vie là maintenant c'est la tienne, profite, tu la mérites, chouchoute la sans remords!!!!!
C
53 ans 1965
Je me sens bien. Je m’ouvre sur mes facultés et j’apprends beaucoup sur moi… Je suis fière de mon parcours même si parfois j’aimerais ne pas toujours prouver que je vais bien parce que – justement, vu mon parcours – il n’est pas question de voir un seul regard compatissant. :twisted:

Et ce n’est pas con, je suis sûre qu’il y a une part de ma personne qui s’identifie encore aux TCAs. :roll:
Ca l’a été durant tellement d’années que je ne sais pas quoi en faire. Même si je tente de faire avec, de me dire que c’est le passé, qu’il me faut avancer…ça créé de fait une sorte de vide. Bien que ce soit un soulagement tout de même !

Aussi ces derniers temps, on m’a fait trop de compliments. Même si sur le moment c’est plaisant, ça m’a fait peur. Ne rigolez pas, mais j’ai cru qu’on parlait d’une autre personne…vous savez, la fille juste derrière vous à qui on parle… :lol: Bref… j’ai eu une vision négative de moi pendant pas mal de temps…je me suis battue pour faire la paix…ça allait bien…zen… Et voir que le regard des autres a changé aussi…je crois que ça m’a fait un peu peur…(voilà ce que ça fait de revoir des gens qu'on n'a plus vu depuis beaucoup de temps!) Enfin, ça a été trop d’un coup je pense…

Du coup, ça me fait penser… Le regard que je porte sur moi me convient. Mais les regards que les autres ont posé sur moi furent positifs ces derniers temps… Même si j’ai su gérer tout cela sur le moment, je me demande comment je peux accepter que les autres me voient épanouies alors que pendant tant d’années je me réfugiais dans les TCAs parce que je souffrais… Enfin… y a un coté flippant ! C’est comme si j’avais passé des années dans une coquille et que tout à coup, à leurs yeux, j’étais née. :shock: :? C’est vrai que j’ai toujours été dans ma bulle…et que, dans un sens, j’y serai tout le temps… :lol: mais maintenant, on me voit à travers la bulle…

Je ne sais pas si j'ai bien su m'exprimer...ce que je dis a du sens ?
38 ans 1085
Je comprends ce que tu dis.

Moi ce n'était pas de l'angoisse mais de la colère face à ces nouveaux compliments et ces nouveaux regards. J'avais envie de hurler : Mais je suis toujours la même personne, rien à voir avec les kilos !!!

Et puis je me suis calmée, parcequ'en fin de compte, ce que les gens me disaient n'avaient pas grand chose à voir avec le poids mais plutot mon état d'esprit, ce que je dégageais. J'ai compris que durant toutes ces années de TCA j'avais beau vouloir camoufler tout ça et ne pas en parler, mes proches "sentaient" que ce n'était qu'une apparence et je cachais bien mal mon mal de vivre.

Je ne sais pas combien de temps il te faudra pour supprimer ce décallage. Mais laisse toi autant de temps que nécessaire car à mon avis c'est une étape essentielle et la garantie que tu ne retomberas plus dans les TCA. Finalement, être prudent et avoir un retour sur soi, même si c'est angoissant et pertubant, ça paie toujours.
C
53 ans 1965
Je me laisserai du temps... C'est d'ailleurs pour cela que je passe la soirée seule dans mon appart... Besoin ne pas être confrontée aux regards des autres... Juste zen dans mon monde :P
J
37 ans Montreal 3
Je suis contente de voir vos messages! C est une drole de coincidence, car c est aujourdh ui meme, avec la psy, que je me suis rendue compte pour de vrai que je m identifie totalement a mes TAs.

Je trouve ca un peu ridicule ce que je vais dire, mais faut croire que c est ca qui est ca: j ai l impression que les TAs, cest ce qui m a donne une identite, c est ce qui m a rendu 'speciale' et differentes des autres. Oui, j avais et j ai encore de la misere a accepter la realite je crois. Accepter de vivre dans un monde comme le notre, accepter de vivre avec la famille que j ai...et par consequent, m accepter moi meme! En etant differente des autres a ma maniere (et tout ca, ca a ete inconsciemment bien sur, et c est venu tout seul..apres un certain temps que j avais les symptomes des TAs, le fait d etre differente a ma maniere m a surement donne une ptite poussee dans le dos pour continuer les comportements restrictifs.), je me suis fait un monde a moi...dans ma bulle....comme a dit cornflake....

Et maintenant, ca ne marche pas dans ma tete: chemin vers la guerison = perte d identite????!!!!!

Que de questions.......est ce que je me complique la vie pour rien ?????

ahhhh!!!
Bonne soiree!
Jol
C
53 ans 1965
Je crois que pour tout grand changement il faut passer par une phase de perte de repère… Normal, il faut passer par d’autre repères pour s’identifier… d’autres "chez soi" qui nous "ressemblent" et puis faut passer par d’autres modes d’expression lorsqu’on angoisse, lorsque ça ne va pas…

Mais je ne suis pas d’accord après coup pour dire que c’est une perte d’identité. Au contraire, on se libère d’un poids, on s’ouvre plus. On n’a plus besoin de se justifier par rapport aux TCAs, on n’a plus besoin de toujours se dire "ok ça ne va pas ce truc, c’est d’office à cause des TCAs"… on se découvre je pense… on accepte à être humain, à échouer sans criser, à avoir une dispute sans que ça passe par la case "nourriture" que ça soit en se restreignant ou se bourrant de tout ou en se faisant vomir.

Je ne pense pas que tu te compliques la vie. Celui qui ne se remet pas en cause n’avance pas. Parce que la situation est complexe, en sortir est complexe et amène des réflexions parfois infertiles parfois fertiles…
;)
B I U