Difficile tout ça, quand on n’est plus en accord avec son corps… Le truc (s’il y en a un !) est de se sentir bien et de ne pas trop se poser de questions.
Je suis un peu comme Jaco. J'ai environ 40 kg en trop (je mesure 1,70m et je pèse depuis peu 100 kg tous ronds). Je n’ai pas encore réussi à décrypter le phénomène, mais depuis quelques années je grossis par paliers de 2/3 kg tous les deux ans environ. Je reste ainsi stabilisée pendant un ou deux ans, et toc ! un beau matin, je découvre que les 2 ou 3 kg pris ces derniers temps ne veulent plus s’envoler. Alors que je ne grignote pratiquement jamais et que je n’ai en rien modifié mon alimentation. Mon hypothèse est que, menant une vie très (trop) sédentaire, je ne brûle pas assez de calories, et qu’au fil des ans mon corps s’adapte et en brûle de moins en moins. Ce n’est qu’une hypothèse de néophyte ! Ce qui est sûr, c’est qu’après avoir passé moult examens et analyses, je ne peux me rabattre sur une cause médicale. Donc…
Quant au regard des autres… Le plus important, c’est comment tu te sens, toi. J’ai observé une chose : les personnes (minces ou grosses) qui se focalisent sur leurs kilos ont tendance à les souligner par leur façon d’être et par leur manière de s’habiller. Je le constate régulièrement, que ce soit dans mon environnement personnel ou professionnel. Ma belle-sœur a pris 30 kg en 7 ans après la naissance de ses jumeaux. Ses kilos lui empoisonnent la vie, l’empêchent d’aller vers les autres (elle a l’impression qu’on ne voit que ça, et elle rentre dans sa coquille ou répond de façon agressive), l’empêchent d’avoir des loisirs avec ses enfants (elle a honte de se montrer en maillot de bain) et elle ne s’autorise pas à s’habiller avec des vêtements à la mode « normaux ». Elle s’habille dans les rayons grande taille, tente de cacher son corps (ce qui ne fait que le souligner), et ne prend que des vêtements neutres, très classiques, qu’elle ne trouve même pas jolis.
Je travaille à contrario avec deux collègues très rondes, qui auraient bien aimé être plus minces mais qui ont pris le parti de ne plus se prendre la tête les régimes et avec leur physique, et qui prennent plaisir à s’habiller. Elles osent les vêtements près du corps, elles suivent la mode, et franchement, personne ne les perçois comme les grosses de service. Je prends enfin mes repas le midi sur mon lieu de travail, et j’en ai un peu marre d’entendre mes collègues (minces ou de corpulence normale) ne parler que de régimes et de kilos en trop.
Je crois sincèrement que tout est question de posture. Moi, perso… Il y a un moment que j’ai décidé que mes kilos n’étaient qu’une toute partie de ma personnalité.
J’ai toujours été ronde, même enfant, et j’en souffrais énormément. Et comme toi, j’avais un bon réseau de copains, mais je vivais par ailleurs un désert affectif, que je mettais sur le dos de mon apparence. Je me cachais dans des vêtements trop grands, et je devenais méfiante à la moindre tentative d’approche. Il y a 15 ans, à un moment très difficile de ma vie, j’ai sombré dans une période de dépression, et j’ai quasiment cessé de m’alimenter. Une forme d’anorexie. J’ai perdu 25 kilos en l’espace de 3 mois. Je voyais mon corps se transformer de jour en jour. Ce nouveau corps m’attirait et me déroutait en même temps. Mais cela n’a rien changé. J’étais au chômage, sans domicile, toujours en pleine galère et malheureuse comme une pierre. J’avais toujours aussi peu confiance en moi et en eux qui m’approchaient, et au final ma santé s’est dégradée. Mon nouveau corps ne m’a pas apporté plus d’amoureux !
Cela a commencé à aller mieux quand ma situation personnelle a commencé à s’améliorer. J’avais pour projet de reprendre une formation à la fac, qui a finit par accepter mon dossier. Au même moment, une association dans laquelle je m’investissais depuis longtemps m’a embauchée comme animatrice. C’est à ce moment que j’ai commencé à reprendre confiance en l’avenir. J’ai recommencé à m’alimenter… Et bien entendu à regrossir, forcément assez rapidement après une telle période de jeûne. Le plus bizarre dans l’affaire, c’est que cette perte de poids très rapide suivie d’une reprise de poids constante m’a fait perdre mes repères. Quand je maigrissais, j’avais tendance à voir les personnes plus grosses qu’avant. Quand j’ai repris du poids, je les ai vues plus minces. Le regard qu’on porte sur les autres est une affaire très subjective ! Sans compter que je me cognais régulièrement partout, parce que je ne savais plus évaluer la place de mon corps dans l’espace.
La confiance en moi… cela m’a demandé un peu plus de temps. Pendant longtemps, je me suis sentie en trop, pas à ma place, facilement remplaçable par forcément beaucoup plus qualifié ou justifié que moi. Ma relation aux autres étaient teintée de tout cela. J’étais fermement convaincue que les copains s’adressaient avant tout à moi pour mon oreille toujours disponible et attentive. Côté cœur… j’avais le don de me fixer sur des garçons de toute manière inaccessibles. Je crois aujourd’hui que ce n’étais pas anodin.
Et puis, petit à petit… Je me suis fait une place. Mes compétences, mes capacités étaient reconnues et valorisées par les autres. J’ai fini par accepter que j’étais peut-être, finalement, quelqu’un qu’on pouvait apprécier, aimer. Et le croiras-tu ? C’est à ce moment là que ma vie sentimentale a enfin pris un autre tournant. Un garçon que je connaissais depuis deux ans, qui (selon les copains) multipliaient les avances que je ne voyais même pas, ou que j’interprétais différemment… J’ai finalement réussi à me mettre en danger, et à accepter de me laisser toucher, dans mon cœur comme dans mon corps. A 25 ans, j’ai eu mon premier copain, ma première expérience. Nous ne nous sommes pas quittés, et nous sommes mariés depuis 7 ans. Le plus drôle dans l’histoire, c’est que mon mari, qui est absolument adorable, était intimement persuadé qu’aucune fille ne voudrait de lui, à cause de ses origines modestes et de… sa moustache !!
Aujourd’hui j’ai 37 ans, je pèse 100 kilos. Et je suis heureuse. Je travaille aujourd’hui dans le secteur de l’insertion sociale, et j’ai évolué vers différents postes à responsabilité. J’ai une vie intéressante. Je n’ai plus peur de me montrer.
Mon mari est parfois du genre un peu brut de fonderie, et ce n’est pas lui qui me dira que je ressemble à un top model. Il est franc avec moi, il dit qu’il me préfèrerait avec 10 kilos en moins. Mais mon mari me répète tous les jours qu’il est content de me retrouver le soir et qu’il ne me changerait pour rien au monde. Il dit que ce qu’il aime chez moi, c’est l’ensemble de ma personnalité. Je pense sincèrement que si je n’assumais pas mes rondeurs, il les assumerais lui aussi beaucoup moins.
Moi, au quotidien, je ne me sens pas vraiment grosse. Je me sens bien. Quand je me vois en photo, c’est une autre paire de manche. Quand je les regarde, sur le moment je trouve cela un peu déprimant. Je ne vois que le double menton, la bouée à l’estomac, le visage trop rond. Et moi, au quotidien, je ne me sens pas comme ça.
Puis je me dis que les autres, ce qu’ils voient sur cette photo que je n’aime pas, c’est la fille de tous les jours. Peut-être, certainement même, se disent-ils que je suis trop ronde et que je ne suis pas en valeur sur cette photo. Mais je pense surtout que ce qu’ils voient sur la photo et ce qui leur vient à l’esprit, c’est d’abord moi et ce que je leur évoque (la femme avec qui je partage bons et mauvais moments, la tante, la sœur avec qui on a passé ce super réveillon, la collègue ou la supérieure qui nous a accompagné sur ce séminaire ou qui a travaillé avec nous sur ce dossier épineux, la copine qui crée des bagues bizarres et sympas avec des boutons de récupération…). Oui, ils voient forcément mes kilos. Mais ce qu’ils voient , c’est plus global que ça : ils voient aussi le reste, ce que je suis et ce que je leur montre au quotidien, en bon ou en mauvais… Sur ces photos, je ne peux pas voir pas tout ça. Je ne vois qu’une image très réduite – et très réductrice – de ce que je suis.
Ce que je tente de t’expliquer, c’est que sauf en cas de graves problèmes de santé, les kilos, ce n’est pas le plus important. Ils ne sont qu’une petite partie de ce qui te définit. Et ils deviennent un problème quand c’est toi qui ne te définis plus que par cela.
Ce qui est important, c’est le regard confiant que tu poses sur toi, l’assurance avec laquelle tu t’adresses aux autres, et c’est la nature de ton tempérament. Il ne faut pas trop se poser de questions sur son image. Reste nette, et ose les vêtements à ton goûts et près du corps (tu t’habilles en 46/48 ? Avec la VPC il n’y a aucune difficulté à trouver des fringues très sympa à ta taille !). Tourne définitivement le dos à cette fameuse représentation des grosses rigolotes ! Sois toi-même, mais affirme le. Tranquillement. Le reste suivra. Les problèmes de cœur et les ruptures ne sont pas liés aux kilos. Sinon les minces seraient tous heureux en ménage, pas vrai ? Ils sont liés à une relation dégradée. Ne laisse pas les kilos gâcher tes relations au monde.
Voilà, je n’ai pas l’habitude de répondre aux messages sur cette partie du forum (j’ai plus l’habitude de lorgner du côté des loisirs créatifs et des adresses de boutiques de vêtements en ligne), et mon post est un peu (beaucoup) trop long… Mais cela me paraissait important de te répondre.