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" Qui suis-je?..."

38 ans Pau (64) 56
Je me lance! Ci-dessous voici une partie de ce que j'ai soudain eu le besoin d'écrire, un jour ce cet été (fin août)... C'est quelque chose de très "intime", ce  
sont mes pensées les plus profondes je crois... mais j'avais envie de les partager... En fait, j'ai montré ceci aujourd'hui à ma meilleure amie... Elle m'avait prêté le livre "Le Pavillon des enfants fous" de Valérie Valère. Je ne connaissais pas ce livre, et ça m'a frappé de constater que j'avais écris des choses semblables. J'en ai parlé avec ma meilleure amie, et j'en suis venue à lui montrer ceci, ci-dessous. Etant donné qu'on avait déjà beaucoup parlé de mes TCA, elle n'a pas été trop secouée, trop choquée... Elle m'a même avoué être admirative de mon écriture, de la manière dont j'ai raconté... Alors, à ceux qui auront la patience de me lire, je voudrai savoir ce que vous en pensez... Merci d'avance... (J'ai coupé le début, n'étant pas trop en rapport).




(...)Sans amitié, sans amour, je ne vois pas de raison de vivre. D’ailleurs à une époque où mes amitiés battaient de l’aile, et où je n’avais pas encore connu l’amour, …j’ai pensé…au suicide… Mes de telles idées noires sont bel et bien loin derrière moi désormais. Ca appartient au passé. Un passé chaotique… Que je préfère oublier. Voilà aussi pourquoi je préfère me projeter dans le futur. Ce n’est pas un hasard. Et aujourd’hui encore je continue à me projeter dans le futur. Maintenant que j’arrive aux portes de la vie étudiante, je me surprends à avoir hâte de continuer à mûrir, d’être définitivement une adulte, d’avoir fini mes études, d’avoir un travail, ma famille, ma vie en somme… C’est le but de la vie sur terre, non ?… Pour certains, c’est l’adolescence qui vaut le plus la peine d’être vécue… Je n’en suis pas convaincue… On est dans une période où l’on ne sait pas vraiment qui l’on est parfois… On sort de l’enfance mais on n’est pas encore complètement adulte non plus… On se cherche donc, et il arrive que l’on se perde. Est-ce mon cas ? Je sais ce que je veux être, mais au fond que ou qui suis-je ? Pourquoi je souffre de TCA, et plus précisément d’anorexie-boulimie ? Qu’est-ce que cela signifie ? Est-ce seulement parce à des périodes je n’arrive plus à m’accepter, à accepter mon corps ? Ce corps dans lequel je vis, ou plutôt dans lequel je tente de survivre ?… Pourquoi est-ce que me torture à ce point l’esprit ? Toutes ces questions, sans réponses… Oui, elles me passent souvent par la tête. J’ai pas mal d’occasions de me livrer à des réflexions en tout genre. Mon esprit s’évade, et toutes choses le traversent. Comme ce soir, où j’avais au départ l’unique intention de parler de la fac. Et j’en viens à parler de mes TCA , de mon corps… Justement, parfois, j’ai l’impression de n’être qu’un corps, un corps qui se meut dans l’anonymat le plus complet, qui erre… Un corps dans lequel je me sens emprisonnée, et en décalage… Je crie intérieurement mon mal-être et par le biais de l’anorexie, mais personne n’entend mon appel… Mais est-ce que je veux vraiment que quelqu’un l’entende ? Pourquoi est-ce que je me sens si mal, et si différente ? Pourquoi cette rage au fond de moi, et contre qui ? Contre moi, contre ce monde impitoyable qui m’entoure, contre cet amour paternel qui m’étouffe… Oui, c’est ça, j’étouffe, je suffoque… J’ai besoin d’air… J’ai envie de m’envoler de cette cage dorée dans laquelle je suis enfermée depuis 18 ans… Mon corps, c’est moi qui le contrôle, il est sous mon emprise. Mais non, je me voile la face : c’est ce démon à l’intérieur qui a désormais pris le relais… Je ne contrôle plus, je subis… Et j’en ai marre, j’ai tellement mal à la tête, dans laquelle se livre une guerre perpétuelle, quotidienne… Combien de temps cela va-t-il durer ? Suis-je folle ? ….Alors pourquoi ces voix dans ma tête ? D’où viennent-elles ? Elles ont peut-être toujours existé, mais avant je ne les entendais pas, ou alors elles sont le fruit de mon imagination… Et pourquoi la nourriture comme cible ?… Maigrir, maigrir, oui… mais ce n’est pas que cela… Le mal être. Mais quel est ce mal être : je le sens, c’est une boule à l’intérieur, qui me monte à la gorge, je me sens mal, oui mal, tout tourne, tout devient flou, et je suis perdue… Les larmes coulent, et une fois de plus, je ne sais même pas pourquoi… Ca me tombe dessus, et il n’y a rien à faire, je ne peux pas lutter, je suis si lasse ! Trois ans que dure ce calvaire ! Pourtant tout est dans ma tête, oui… C’est bien moi qui suis à l’origine de tout ça… Alors je dois bien être en mesure de tout stopper. Mais je ne peux pas (ou bien je ne veux pas ?), je n’y arrive pas… Et ma lente destruction se poursuit… Il faut que je me resaisisse : bon sang, la vie ne vaut-elle pas la peine d’être vécue ?! Les études, les amis, l’amour, le travail, la famille… Tout ça, mais ce n’est qu’éphémère, alors à quoi cela sert ? Toute une vie pour construire un semblant de bonheur, en sachant qu’au final la mort nous attend, elle nous tend les bras… Et en attendant, tout le monde cherche à être heureux, ce satané bonheur, cette quête acharnée qui en fait baver plus d’un (dans les deux sens du terme)… Dans cette société infecte, qui grouille d’hypocrites, qui véhicule des stéréotypes, des soi-disant normes… Alors, elle est belle la vie dans ce monde ?! Du coup, l’individualisme se développe, l’égoïsme, le chacun-pour-soi… « Société » ?!!! Quel terme galvaudé !… Et moi je suis là, je ne sais même pas pourquoi… Pourquoi suis-je née ? A quoi cela sert-il ? Je ne sais plus, l’ai-je jamais su ? J’ai dû oublier…Et mes parents, ma famille… Qui me croient heureuse ! Le comble ! Non, le pire c’est qu’ils croient me connaître, or c’est loin d’être le cas… Ces personnes ne sont pas dans ma tête, ces personnes qui n’ont toujours eu d’yeux que pour ces foutus résultats scolaires… « Vous avez vu ma fille comme elle est douée, sérieuse… ? » « Oh là là, qu’elle chance vous avez ! » C’est bien ma veine oui !… Travailler, travailler, ça été si bien ancré dans ma tête… J’ai vraiment l’impression de n’être qu’un objet, un objet entre des mains, un objet qu’on montre, comme une vulgaire bête de cirque… Et moi je suis prise au milieu de tout cela, je reste paralysée… Je n’ai plus de forces… La seule chose que j’ose croire vraie, et qui fait que je m’accroche tant bien que mal, c’est cette amitié qui m’a été donné, en la personne de Delphine… C’est quelqu’un qui a connu beaucoup de moments difficiles dans sa vie, un peu comme moi. Non, moi je me sens ridicule avec mes petits problèmes, mes états d’âmes, dont j’ai la sensation d’en être la seule et unique à l’origine… Bref. Là apparaît le paradoxe : moi qui rejette la vie, qui me questionne sur son sens, je me mets à penser au futur, et pour l’instant le futur proche c’est la fac, avec Delphine. Un monde qui j’imagine génial. Mais je me fais des illusions c’est sûr. Pourquoi cela serait-il si bien, et différent ? La fac, qu’y a -t-il donc de si exceptionnel ? Non, que ces questions cessent ! Il faut que j’y crois, c’est possible. C’est peut-être le chemin, la sortie de secours, ma voie… Mais non, qu’est-ce que je dis ? Je tombe dans le piège : tout ceci n’est qu’un mirage créé de toute pièce par la société elle-même, cette société qui m’a imposée un de ses nombreux modèles à suivre : avoir un corps qui rentre dans la norme. Mais à quoi bon perdre quelques kilos ? Ressembler à tout le monde, c’est donc ce que je veux ? Moi qui dit être différente, j’ai belle mine… Je suis minable, oui ! Je vais tomber dans la superficialité à force de me regarder sous toutes les coutures dans ces miroirs sans pitié. Ces miroirs qui reflètent pourtant ce que je suis, non ? Du moins qui reflète un corps qui m’appartient, un corps qui est comme il est, avec ses qualités et ses défauts… Alors pourquoi m’acharner à le faire rentrer dans ce moule si étroit ? Je critique la société, et je fais ce qu’elle me dicte… Pourtant, à travers l’anorexie, c’est bien moi qui fait un choix : je rejette le fait de vivre aux crochets de la nourriture… Tous ces gens qui mangent, goulûment… Ca en est écœurant… Il faut vivre pour manger, ou bien manger pour vivre ? Ca aussi j’ai oublié… Et pourtant, moi qui ne voulais plus donner d’importance à la nourriture comme tous ces gens qui ne pensent qu’à ça à longueur de journée, elle a désormais pris la première place, elle est au cœur de ma vie quotidienne… Même si je ne mange pas, je pense à la nourriture, nooon ! Je n’y ai pas droit, n’y songe même pas !… Je ne veux pas faire comme tous ces autres qui mangent, qui mangent… Mais pourquoi m’arrive-t-il de me jeter sur cette nourriture ? De perdre le contrôle ? Je ne suis même pas capable d’obéir à mes propres règles ! Je me mets à manger, n’importe quoi, d’un seul coup, en grande quantité… Pour combler sans doute ce vide à l’intérieur de moi, au sein de ma vie… Oui, mais ça aussi ce n’est qu’éphémère, cette sensation d’être « remplie », …remplacée alors par le goût amer de la culpabilité… Avoir cédé à un petit plaisir qui n’est qu’une illusion, après rien n’a changé… Si, il y a les grammes qui s’additionnent à nouveau en sens inverse sur la balance. A cause d’un moment de faiblesse. Je m’enfonce dans cette spirale infernale… Chaque jour un peu plus profondément… Je commence à croire qu’il n’y a vraiment pas de sortie : je suis enfermée, prisonnière, prise au piège, à mon propre piège… Je ne sais plus où donner de la tête, quelle voix dois-je écoutée ? Que dois-je faire ? Finalement, où tout cela m’a-t-il menée ? Au bout de trois ans, je ne sais toujours pas qui je suis… Si ce n’est que je me suis perdue en chemin. Où ça ? Dans la complexité de mon propre esprit. Pourtant je suis bien quelqu’un, non ? Et je suis unique. N’ai-je pas une personnalité ? Tout ce que je sais c’est qu’en ce moment et depuis un certain temps, je suis une fille un peu paumée… Je ne sais plus qui je suis, pourquoi je suis là, ce que je dois faire. Mais enfin c’est évident : VIVRE, il faut vivre, TU dois vivre !!! C’est comme ça, il ne faut pas se poser de questions… C’est tout moi ça, chercher midi à quatorze heures !… Mais comment vivre quand on a perdu sa confiance ? A-t-elle existé chez moi ? Je me le demande ou alors j’ai oublié ce que c’était (décidément, j’ai oublié beaucoup de choses). Je n’ai que 18 ans, j’ai encore tant de choses à découvrir, et à apprendre de la vie ! Mais non, je fais celle qui est blasée. Pourquoi ? Je ne sais pas… Ces choses nouvelles, elles ne semblent pas s’offrir à moi. Voyons, il faut que je sois patiente, ça va venir ! Pourquoi cette hâte de tout découvrir, à quoi cela m’avancera par la suite ?… Or pour découvrir ces choses, m’ouvrir au monde, il faut que je sorte de mon abri d’anorexique, que j’enlève cette carapace qui s’est épaissie pour me protéger… Il faut que j’accepte l’éventualité de souffrir. De toute manière, est-ce que je ne souffre pas déjà ? Ca ne peut pas être pire…
Ca sera long, c’est bien la seule chose dont je suis sûre. Voir un psy ne m’aiderait-il pas ? Non, je ne veux pas être enfermée dans un de ces horribles centres qui vous soumettent à leur atroce et barbare chantage… Je suis déjà enfermée à l’intérieur de mon propre corps, à l’intérieur duquel je frappe, je cogne comme une malade pour sortir… Alors ma thérapie, je l’ai peut-être trouvée : c’est peut-être l’écriture… J’ai l’impression que cela me fait du bien, je crache mon venin, je me purge… Je fais sortir ces idées qui envahissent, qui encombrent mon esprit, qui prennent trop de place. Elles se bousculent pour sortir, j’ai tellement de choses à écrire ! C’est un travail titanesque qui demande du temps, de la méthode. De la méthode ? Pour l’instant, ça me paraît plutôt désordonné tout ça ! Tout est en vrac, emmêlé… Plein de paradoxes, de contradictions très certainement… Que je ne peux même pas m’expliquer… Mais il faut que j’écrive, l’analyse viendra après. Tu parles ! Je mets ma main à couper que je ne le ferai plus : depuis quelque temps, je ne finis pas ce que j’entreprends alors qu’avant c’était un de mes principes… Je ne sais vraiment plus qui je suis, c’est grave.
40 ans 4422
Merci de partager ces pensées intimes avec nous.
Garde courage et persévere !
Gros bisous
38 ans Pau (64) 56
Merci pour ta réponse et ton soutien coffexe! :)
B I U