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Remplir....mais jusqu'à où ? Et pourquoi ? Oui, pourquoi ?

S
50 ans 7
Bonsoir à vous toutes,
Je suis très content de prendre enfin sur moi pour vous écrire alors que je suis venu plusieurs fois depuis un moment maintenant, vous lire, et  
effrayé, repartir. Effrayé de lire chez chacune de vous les mêmes choses que je pouvrais vivre, les mêmes détresses, surtout, les mêmes questions sans réponse, les mêmes angoisses mais aussi les mêmes désirs de parvenir à dépasser...Mais aussi inquiet : c'est très individualiste, j'en suis désolé, mais c'est vrai, on se site est-ce que vous lire ne va pas m'enfoncer un peu plus dans tout ça alors que je devrai essayer de tout oublier...est-ce que si j'écris, je ne vais pas aussi à mon tour décourager d'autres...mais voilà, enfin !
C'est tout simple, en fait, sauf que j'ai l'impression que beaucoup de vos souffrances ne sont pas celle d'hommes, et c'est ça aussi peut-être une grande différence ? Je ne sais pas...juste 6 mois, pas plus, à peine 6 mois il y a 11 ans exactement maintenant, et tout à basculé brutalement dans l'anorerie dure, radicale, de 65 à 42 puis 37 kg, limite envoûtante et déclic d'alors face à la mort, toute proche. Et depuis, une remontée en hoquet, en chaos, entre prise et déprise, 42, 45, 48, 50....55, 57 ! Et de nouveau, 53, 52, 51, et ça remonte...55. Promis, ça ne bouge plus. Après l'anonerie, les crises de reprise, la boulimie bien sûr puisque c'est elle. et un vrai enfer. Prendre, garder, non rejeter. Et si jamais je mourrai ? Alors reprendre ! Et non, rejeter.
J'avais terrriblement honte de dire tout ça, forcément, chez une femme, une fille, ça se comprend, mais alors, chez un homme.... Pourquoi alors, pourquoi depuis 1 an maintenant et bientôt plus, je me suis mis à "ne plus garder" alors qu'avant je ne le faisais jamais, préférant faire suivre des restrictions de trop grosses prises ? Maintenant, c'est le remplissage, infini, qui ne s'arrête pas, sans faim, mais avec juste de la peur, de la peur et de l'angoisse, tout se brouille, s'agite à toute vitesse et la bouche qui mache, mache, rumine, ça calme 3 secondes et ça rend triste toute l'après-midi. Je sais que le travail ultra-stressant et les implications démesurées jouent certainement un grand rôle, mais pourquoi alors, ces crises dans les moments où, justement, ces tensions s'arrêtent ?
Ce qui est différent, c'est que je ne prend jamais des "choses lourdes". Toujours les mêmes trucs, identifiques, complètement fous : 4, 5, 6 pack de 12 yaouth à 0%, 1, 2, 3, 5, 6 boites de harricot vert, qu'on est mal, que tout cela part mal. Pas dangereux pour la santé ? oh que si : on dit que les trucs lourds et gras ça met en danger le coeur, mais les trucs qui sont pas gras aussi : le coeur fatigue, on le sent très bien, un corps saturé d'eau, saturé de protéines, et de trucs à nettoyer, ça passe mal.
Et le plus dur, c'est que depuis 10 ans le seul moyen d'y échapper, la seule issue désespérée, ça a été de faire du sport, tous les jours, tous les jours, jamais un jour sans le refaire sinon crise ! 1h de course, 1h30 de vélo, et le classique remplissage/vidage en bout de journée...mais jusqu'à où ? Et pourquoi ? Sans plaisir, une vraie machine, implacable. Mais quand donc ces angoisses vont-elle partir ? Quand donc ce remplissage va-t-il s'arrêter et comment ? La peur de reprendre du poids, la peur d'en perdre....ce corps en trop qu'on ne supporte pas, ce corps qui n'est plus lâ qui fait peur de mourir....
Alors on attend et on essaie d'oublier. On mange. Ou on court.
Mais il y a sûrement, une solution, et à vous lire, j'en suis tout heureux parce qu'on sent d'abord qu'il y a un truc qu'on doit garder absolumment, le courage et l'idée qu'on peut arriver à apaiser, peut-être pas à "en sortir", mais à calmer la brutalité de tout ça. Et ça c'est déjà un vrai bonheur, même s'il est tout petit, il est très puissant,
Je voudrai bien essayer de revenir écrire mais je ne sais pas si j'y arriverai. Je voudrai juste vous dire que je vous lit et que vraiment, je partage avec vous ce que vous vivez, même si je le dis pas, je vous le promets ! ;)
S
53 ans suisse 993
Bonjour et bienvenue sur ce site: si je suis ton témoignage cela fait plus de 10 ans que tu souffres de tcas? as tu déjà consulté quelqu'un ou as tu repris du poids seul aprsè ta phase d'anorexie. Les crises de boulimies avec vomissements que tu décris et ton usage des activités sportives sont des symtômes inquiétants vus de l'extérieurs.

Je ne suis pas dans ce cas de figure mais je t'encourage à consulter un professionnel qui pourrait t'aider, via le site du GROS ou les associations telles qu'aide aux anorexiques et boulimiques etc.

Tu mets ta santé en danger et tu souffres de cette situation, partager c'est bien mais consulter me semble oncoutournable si cela fait tant d'années que tu vis avec ces soucis.
S
50 ans 7
Bonjour Sirelle,
Je te remercie beaucoup pour cette réponse, en fait, oui, ça fait plus de 10 ans que je suis dans les TCA, mais seulement un an/ un an et demi que ça se passe avec des bv.
Oui, j'ai repris du poids (cette expression, je suis désolé, mais est complètement à proscrire, je vous dis juste en dessous pourquoi) par moi-même, tout complètement seul depuis 10 ans, parce qu'en fait, ça marchait assez bien. Sauf, sauf...cette dernière année. Je pense que c'est un mauvais passage du à un changement de situation et aussi de sur-stress, mais voilà... le sport, est le seul moyen que j'ai eu à la fois de me reconstituer et de fuir angoisse et regards sociaux...

Pourquoi le "prise de poids" c'est à proscrire ? Parce qu'en fait, ce truc du poids c'est non seulement pas le problème, mais en plus ça fait mal, à ceux qui sont dans les TCA, parce que souvent c'est tout sauf un problème de "poids". Je sais que dans ma tête, je n'ai jamais "repris du poids", j'ai retrouvé un corps, par le sport, des muscles etc., une manière aussi de me repérer dans l'espace, j'avais perdu l'équillibre, je souffrai de tous les petits chocs terriblement. "Construire du corps", pour moi, c'est tout ça, c'est beaucoup plus qu'une pt1 de balance avec X kg dessus (harcèlement des médecins chez qui j'ai fait et je fait parfois des visites médic.). Un corps, c'est tout un système, un équillibre, et surtout pas qu'un chiffre. C'est affreux, ce chiffre, c'est à la fois ce qui nous obsède, nous fait souffrir, tout en sachant que ce n'est pourtant pas du tout ce qui nous pose problème,
Et j'ai l'impression que c'est la même chose pour les gens qui sont "très gros", j'ai horreur d'entendre cette expression, qui est tellement brutale, je trouve? Dire à quelqu'un qu'il est "gros" (ou grosse) c'est résumer en un mot choc un regard tellement exigu, obtu...quel domage...
Autour de moi, soit j'avais les gens du corps médical qui ne parlaient qu'en termes de "prise de poids", soit il y en avaient d'autres, beaucoup plus subtil qui disaient "super, tu as la pêche !" et en disant ça, c'était pour moi la vraie réalité. Tout comme quand ça allait pas on me disait pas "tu dois avoir perdu du poids, méfie toi !" on me disait "tiens, alors toi, tu est de plus en plus style-cycliste !" alors je m'alertais....
Je sais pas si je vais bien m'expliquer en disant ça... :(
S
53 ans suisse 993
je ne comprends pas tout ce qui est de ton rapport au corps. je n'ai jamais vomi après un repas et je n'ai jamais eu un comportement anorexique. Donc je te lis mais c'est vrai que j'ai du mal à comprendre. C'est pour cela aussi que je disais c'est bien de venir parler ici, mais en aucun cas ca ne remplace une aide professionnelle de quelu'un d'extérieur. la dangerosité de ta situation tu ne la vois peut être plus à force, mais vomir, la boulimie et l'anorexie ce sont des maladies Mortelles, mortelles.

Il y a cette sensation de maitrise absolue, accenutée par le sport peut être? l'illusion de vivre en bonne santé, l'impression sur les 10 dernières années d'aller mieux malgré tout.

Mais de l'extérieur personnellement ton témoignage est assez inquiétant. le titre de ton post "remplir...jusqu'à ou? pourquoi?".......chacun aura ses raisons personnelles qui méritent quand même un accompagnement à mon avis. J'espère ne pas être dans le jugement en disant cela et ne choquer personne.
S
50 ans 7
sirelle a écrit:
je ne comprends pas tout ce qui est de ton rapport au corps. je n'ai jamais vomi après un repas et je n'ai jamais eu un comportement anorexique. Donc je te lis mais c'est vrai que j'ai du mal à comprendre. C'est pour cela aussi que je disais c'est bien de venir parler ici, mais en aucun cas ca ne remplace une aide professionnelle de quelu'un d'extérieur. la dangerosité de ta situation tu ne la vois peut être plus à force, mais vomir, la boulimie et l'anorexie ce sont des maladies Mortelles, mortelles.

Il y a cette sensation de maitrise absolue, accenutée par le sport peut être? l'illusion de vivre en bonne santé, l'impression sur les 10 dernières années d'aller mieux malgré tout.

Mais de l'extérieur personnellement ton témoignage est assez inquiétant. le titre de ton post "remplir...jusqu'à ou? pourquoi?".......chacun aura ses raisons personnelles qui méritent quand même un accompagnement à mon avis. J'espère ne pas être dans le jugement en disant cela et ne choquer personne.


Non sirelle, non.

Non d'abord sur le fait que ce soit une maladie mortelle, ce n'est pas vrai. C'est un peu un mythe effrayant qu'on entend beaucoup dire, mais les choses sont beaucoup plus complexes que ça : les boulimiques, on sait aussi très bien faire gaffe, on se rend compte aussi que certains manque sont soit disant dangereux et en fait, sont juste un peu affaiblissants. Et puis, on parviens toujours à rétablir un équillibre par rapport à des trucs qui nous manqueraient (carences...). Le danger qui fait peur à tout le monde c'est les symptômes que tout le monde reprend sur les dangers des boulimies : rupture de l'oesophage, perte des dents etc. etc. n'importe quoi ! La pire de la pire des choses que j'ai eu, avec pourtant des boulimies très violentes et massives, ça a été deux fois où j'ai pris de l'aspirine (1gr), que j'ai pris ce jour-là des aliments assez acides, et que je suis en plus allé courir juste après. Ce jour-là a été le pire, deux fois ça m'est arrivé, parce que j'ai eu un oedème gastrique et que ça ca fait toujours un peu peur alors que finalement, ceux qui prennent de l'alcool connaissent aussi ça de leur côté. Mais j'ai eu vraiment peur. Autrement, les conséquences, elles sont faibles, elles sont surtout sur le porte-monnaie, ça oui, c'est absude totalement, parce qu'à peine on prend, ça ressort, et c'est vraiment le truc le plus absurde, et on arrive pas pourtant à faire autrement et à s'arrêter.
Donc les dangers, ils sont pas si forts que ça sinon, ça ferait longtemps que je serai déjà décédé. Pour les hyperphages, ça doit pas être pareil. Même chose pour l'anorexie. Lorsque j'étais à 37kg, j'ai eu peur, et j'ai senti la mort me frôler, vraiment. Le moment où le coeur devient tout petit et bat par tous petits hoquets. on ne respire plus, on halète, tout doucement, 3-4 fois par minutes et pas plus. Et là, tout à coup, on sent que c'est une question de jours, d'heures, de minutes. Le seul vrai danger, c'est tirer sur le coeur. Par la boulimie parce qu'on oblige le coeur à "traiter" beaucoup trop de nourriture, par l'anorerie, parce qu'il finit par s'arrêter.

Non aussi sur le mythe de la maîtrise. On ne maîtrise rien du tout ! Si tu savais ce qu'un anorerique et un boulimique sont malheureux ! On dit beaucoup ça, la "maîtrise", mais c'est pas du tout dans ces termes que ça se pose ! La course, le sport, ce n'est pas la maîtrise, c'est la FUITE, c'est la seule ISSUE : comment faire pour que "elle", la pulsion violente, ne nous rattape pas ? Vite, fuyons, bougeons, mais tout sauf cette vague énorme qui rapplique et qui va nous tuer ! Voilà exactement ce qui se passe dans la tête ! Et c'est là où on en sort pas, parce que sans arrêt on se dit "mais jusqu'à quand elle va coutinuer cette course folle, jusqu'à quand cette pulsion va-t-elle me poursuivre et parfois, m'écraser (hé oui, c'est pire qu'une capitulation la boulimie, c'est on se fait écraser par la nourritude qui prend sa revanche).
Je n'ai jamais eu l'impression d'aller mieux, mais de mieux accepter cette pulsion violente, et sa brutalité. Je n'ai jamais été dans l'illusion de vivre en bonne santé, je voudrai au contraire enfin, pouvoir être libéré de cette course folle. M'arrêter de faire du sport en me disant que si j'arrête, je ne serai pas écrasé par "la Bête", mais qu'il ne se passera rien. Or, quand j'arrête, il se passe toujours quelque chose : l'angoisse revient, dur, sèche, implacable, et derrière elle son cortège de la boulimie. J'aimerai vraiment être en paix, enfin, mais je suis traqué. Traqué par cette Bête, la nourriture, hélas, tout simplement. Quand va-t-elle me laisser tranquille ? Peut-être jamais...?
Tu ne juge ni ne choque ! Et même si tu jugeais, ça ne me gènerait pas. Mais tu vois, je vois mal ce qu'un accompagnement changerai. Pour moi, ce n'est pas un accompagnement qui changera quelque chose, c'est plutôt admetter que quelque chose me harcèlera toute ma vie, et apprendre au fur et à mesure non pas à l'accepter, mais à vivre avec mieux, en modérant la brutalité de ça.
Et, sur le rapport au corps, il est tristement tout simple, hélas, exactemetn comme le sont la plupart des anorexiques. Peu m'importe les regards j'y suis complètement indifférents. Par contre, lorsque je sens ces "bout de chairs" revenir, reprendre possession de moi, c'est affreux, et je supporte plus. Ils font intrusion ? Dehors ! Le problème du rapport au corps, c'est justement que je n'arrive pas à l'accepter tout court, au point de préférer l'arracher pan par pan. C'est inexplicable. C'est totalement irrationnel. Je ne le supporte pas et il me rend fou lorsqu'il revient. Je me sent mal, violé, et j'en peux plus, il faut absolumment qu'il parte. Et lorsqu'il est parti...mince ! J'en ai à nouveau besoin et je le recherche ! Et ainsi de suite....
B I U