sirelle a écrit:je ne comprends pas tout ce qui est de ton rapport au corps. je n'ai jamais vomi après un repas et je n'ai jamais eu un comportement anorexique. Donc je te lis mais c'est vrai que j'ai du mal à comprendre. C'est pour cela aussi que je disais c'est bien de venir parler ici, mais en aucun cas ca ne remplace une aide professionnelle de quelu'un d'extérieur. la dangerosité de ta situation tu ne la vois peut être plus à force, mais vomir, la boulimie et l'anorexie ce sont des maladies Mortelles, mortelles.
Il y a cette sensation de maitrise absolue, accenutée par le sport peut être? l'illusion de vivre en bonne santé, l'impression sur les 10 dernières années d'aller mieux malgré tout.
Mais de l'extérieur personnellement ton témoignage est assez inquiétant. le titre de ton post "remplir...jusqu'à ou? pourquoi?".......chacun aura ses raisons personnelles qui méritent quand même un accompagnement à mon avis. J'espère ne pas être dans le jugement en disant cela et ne choquer personne.
Non sirelle, non.
Non d'abord sur le fait que ce soit une maladie mortelle, ce n'est pas vrai. C'est un peu un mythe effrayant qu'on entend beaucoup dire, mais les choses sont beaucoup plus complexes que ça : les boulimiques, on sait aussi très bien faire gaffe, on se rend compte aussi que certains manque sont soit disant dangereux et en fait, sont juste un peu affaiblissants. Et puis, on parviens toujours à rétablir un équillibre par rapport à des trucs qui nous manqueraient (carences...). Le danger qui fait peur à tout le monde c'est les symptômes que tout le monde reprend sur les dangers des boulimies : rupture de l'oesophage, perte des dents etc. etc. n'importe quoi ! La pire de la pire des choses que j'ai eu, avec pourtant des boulimies très violentes et massives, ça a été deux fois où j'ai pris de l'aspirine (1gr), que j'ai pris ce jour-là des aliments assez acides, et que je suis en plus allé courir juste après. Ce jour-là a été le pire, deux fois ça m'est arrivé, parce que j'ai eu un oedème gastrique et que ça ca fait toujours un peu peur alors que finalement, ceux qui prennent de l'alcool connaissent aussi ça de leur côté. Mais j'ai eu vraiment peur. Autrement, les conséquences, elles sont faibles, elles sont surtout sur le porte-monnaie, ça oui, c'est absude totalement, parce qu'à peine on prend, ça ressort, et c'est vraiment le truc le plus absurde, et on arrive pas pourtant à faire autrement et à s'arrêter.
Donc les dangers, ils sont pas si forts que ça sinon, ça ferait longtemps que je serai déjà décédé. Pour les hyperphages, ça doit pas être pareil. Même chose pour l'anorexie. Lorsque j'étais à 37kg, j'ai eu peur, et j'ai senti la mort me frôler, vraiment. Le moment où le coeur devient tout petit et bat par tous petits hoquets. on ne respire plus, on halète, tout doucement, 3-4 fois par minutes et pas plus. Et là, tout à coup, on sent que c'est une question de jours, d'heures, de minutes. Le seul vrai danger, c'est tirer sur le coeur. Par la boulimie parce qu'on oblige le coeur à "traiter" beaucoup trop de nourriture, par l'anorerie, parce qu'il finit par s'arrêter.
Non aussi sur le mythe de la maîtrise. On ne maîtrise rien du tout ! Si tu savais ce qu'un anorerique et un boulimique sont malheureux ! On dit beaucoup ça, la "maîtrise", mais c'est pas du tout dans ces termes que ça se pose ! La course, le sport, ce n'est pas la maîtrise, c'est la FUITE, c'est la seule ISSUE : comment faire pour que "elle", la pulsion violente, ne nous rattape pas ? Vite, fuyons, bougeons, mais tout sauf cette vague énorme qui rapplique et qui va nous tuer ! Voilà exactement ce qui se passe dans la tête ! Et c'est là où on en sort pas, parce que sans arrêt on se dit "mais jusqu'à quand elle va coutinuer cette course folle, jusqu'à quand cette pulsion va-t-elle me poursuivre et parfois, m'écraser (hé oui, c'est pire qu'une capitulation la boulimie, c'est on se fait écraser par la nourritude qui prend sa revanche).
Je n'ai jamais eu l'impression d'aller mieux, mais de mieux accepter cette pulsion violente, et sa brutalité. Je n'ai jamais été dans l'illusion de vivre en bonne santé, je voudrai au contraire enfin, pouvoir être libéré de cette course folle. M'arrêter de faire du sport en me disant que si j'arrête, je ne serai pas écrasé par "la Bête", mais qu'il ne se passera rien. Or, quand j'arrête, il se passe toujours quelque chose : l'angoisse revient, dur, sèche, implacable, et derrière elle son cortège de la boulimie. J'aimerai vraiment être en paix, enfin, mais je suis traqué. Traqué par cette Bête, la nourriture, hélas, tout simplement. Quand va-t-elle me laisser tranquille ? Peut-être jamais...?
Tu ne juge ni ne choque ! Et même si tu jugeais, ça ne me gènerait pas. Mais tu vois, je vois mal ce qu'un accompagnement changerai. Pour moi, ce n'est pas un accompagnement qui changera quelque chose, c'est plutôt admetter que quelque chose me harcèlera toute ma vie, et apprendre au fur et à mesure non pas à l'accepter, mais à vivre avec mieux, en modérant la brutalité de ça.
Et, sur le rapport au corps, il est tristement tout simple, hélas, exactemetn comme le sont la plupart des anorexiques. Peu m'importe les regards j'y suis complètement indifférents. Par contre, lorsque je sens ces "bout de chairs" revenir, reprendre possession de moi, c'est affreux, et je supporte plus. Ils font intrusion ? Dehors ! Le problème du rapport au corps, c'est justement que je n'arrive pas à l'accepter tout court, au point de préférer l'arracher pan par pan. C'est inexplicable. C'est totalement irrationnel. Je ne le supporte pas et il me rend fou lorsqu'il revient. Je me sent mal, violé, et j'en peux plus, il faut absolumment qu'il parte. Et lorsqu'il est parti...mince ! J'en ai à nouveau besoin et je le recherche ! Et ainsi de suite....