Marrant, mais ça me fait comme un pincement au coeur. Parce que ça prononce comme une complicité dans l'échange, mais qui du même mouvement se refuse.
C'est compliqué la séduction entre homme et femme. On joue toujours un peu les mêmes scènes, les mêmes rôles, et c'est d'ailleurs pour ça que ton texte est drôle (et tendre, même, dirais-je) pofacile : parce qu'il nous parle, il évoque des situations dans lesquelles, toujours, on se laisse prendre d'une manière ou d'une autre (en jouant le jeu, où bien en s'amusant à le refuser, ce qui n'est qu'une autre manière de le jouer).
Bref, cela m'évoque une de mes "passantes" à la Brassens (je crois que c'est sabishoo qui avait lancé un sujet "de ces petites rencontres qui redonnent le sourire" (ça devait être à peu de chose près le titre).
Là, bien sûr, à la manière dont les rôles de genre nous y assignent, c'est lui qui prends l'initiative, elle qui la refuse.
Bon, je vais en parler, d'une de mes "passantes" juste pour dire en quoi ça me gène, juste en quoi ça me fait sourire, et ça me laisse un peu rêveur... mais avec un doute paradoxal, confiant, et dans un grisant sentiment d'inachevé, à la fois frustrant et merveilleux :
Un jour, dans un musée, j'observais une sculpture, dont un détail m'intriguait (peu importe lequel d'ailleurs). J'ai été supris par un rire à la fois amusé et complice, derrière moi, que je sentais m'être adressé. J'avai suscité le regard d'un jeune femme, préposée à la surveillance des oeuvres. Un rire qui disait à la fois, alors que je ne savait encore d'où il venait "Il l'a vu, ce détail, cette intrigue, il ne sait la résoudre", mais ce même rire riait de la détenir, la réponse, tout en s'offrant à l'offrir.
Bref, je me suis retourné, j'ai fait quelques pas, en direction de la jeune femme, et nous nous sommes mis à parler de l'artiste qui exposait, des détails qu'il offrait au visiteur, curieux, de ces sens non remarquables que seul un regard interloqué, piégé, peut découvrir. Bien sûr, cela arrive d'échanger des complicités avec des inconnus, mais il circulait au delà de ce propos à la fois de l'assurance et de la gène. Bref, une émotion qui n'était pas que celle du sujet dont nous discutions.
J'en suis arrivé à rougir, troublé, à chercher mes mots. A l'envers de toute les conventions, et par jeu d'une complicité qui se prononce en se déniant (mais c'est parfois, justement, par jeu, en se déniant qu'elle se prononce), elle m'a caressé le bras au pretexte que le velours de ma veste ressemblait au sien, puis m'a parlé, amusée et confiante, mais à l'envers de ce qu'il se passait là, de cet instant aérien qui n'en finissait plus de passer et d'être insupportablement délicieux tant il portait d'électricité frissonante, elle m'a parlé comme en rupture, disais-je, de la drague ouverte et lourde à laquelle elle avait affaire, quand des types qui tiennent le bavoir, à renfort de grandes et lourdes enjambées, lui laissent un numéro de téléphone.
Bref, les pieds dans le plat. Ah? ... Au final, je ne lui ai pas laissé de numéro de téléphone. C'était probablement ce qu'elle me demandait... cette fois-çi... (de le lui laisser... ou pas?... ;) )
J'en garde un souvenir tendre et merveilleux, il ne s'est rien passé de plus. Mais, parfois, le jeu des conventions, des rôles, des intentions, qui se donnent, se refusent, se contournent et se cherchent dans un éclat de rire, et bien, je lui concède volontiers un regard tendre. :roll: