J'ai pris RV avec mon médecin, homéopathe, pour lui en parler. C'est dur, déjà, de regarder la réalité en face. Dès que, comme en ce moment, il maîtrise sa consommation, je me reprends à espérer, à me dire que j'exagère.
Je ne le lâcherai pas pour que lui aussi reconsulte.
Je ne veux pas le quitter. Ma mère disait à mon père : je vais partir, les filles sous le bras. Toute mon enfance je me suis attendue à ce que mes parents divorcent.
Il n'est pas question pour moi de lâcher l'autre s'il va mal. A la stricte condition bien sûr qu'il ne s'en prenne jamais aux enfants. Mon père alcoolisé était violent, pas lui. Mais sans sa dose je vois bien qu'il devient irascible, et qu'il voit le monde en rose après.
Je suis hyperphagique. La dépendance je connais. Je me suis aussi souvent dit qu'au moins mon addiction ne détruisait personne d'autre que moi...
Merci à vous. Le dire ici était pour moi une étape importante. Admettre qu'il y a, que nous avons, un problème. Je ne me fais pas d'illusion : on n'est pas par hasard conjoint(e) d'une personne alccolique.
Le plus dur, c'est que je sais qu'il me faut travailer sur moi, au lieu de vouloir pour lui, comme j'ai tant vu ma mère le faire.
Mon père aussi s'est arrêté de boire quand il s'est su condamné. Trop tard. Il en avait gardé une immense tristesse. Il disait que sans alcool la vie était sans reliefs. Avec le recul je me dis que j'étais trop jeune. Et protéger mes enfants c'est aussi veiller à ce qu'ils ne deviennent pas nos confidents.
Quelqu'un m'a dit un jour : mieux vaut un père alcoolique que pas de père du tout. Ma seule certitude c'est qu'il nous aime. Même si ça ne suffit pas à combler ce qui manque.
Putain que c'est compliqué !