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"Primitifs modernes" : transcender son corps

48 ans 17521
Courant né aux Etats-Unis à la fin des années 70, à l'instigation de Fakir MUSAFAR, les "primitifs modernes" prônent une retour dans la société oiccidentale de  
pratiques de rituels et de modifications corporelles d'autres époques et d'autres cultures (indiennes, africaines...).

Sept pratiques sont recensées et pratiquées par le créateur des "primitifs modernes" : la contorsion (étirement du corps), la constriction (compression du corps), la déprivation (restriction de mouvement, isolement dans des cases), encombrement (suspension de poids sur diverses parties du corps visant à l'allongement), la pénétration (le piercing, planches à clous), la brûlure (la marquage au fer rouge), la suspension (à l'aide de crochets en particulier).

Son livre, sorti à la fin des années 80 "Modern Primitives", a contribué à faire connaitre et a répendre ces pratiques dans le monde occidental de manière exponencielle.

Fakir Musafar déclarait lors d'une interview dans les Inrockuptibles : "Le corps physique n'a pas de limites, sa physiologie, sa taille, sa forme sont modifiables (ce dont les soufis et les Indiens sadhus avaient conscience). (...) Une fois les baguettes retirées, les marques ont disparu en moins de deux heures. (...) Les modifications corporelles que pratiquent d'autres cultures nous apprennent que le corps est modulable, qu'il peut être remodelé, complètement transformé." ...

Ce mouvement vise à réintroduire la notion de réappropriation de son propre corps par le fait de repousser ses limites physiques, le retour au rituel afin de marquer les différentes étapes de la construction de l'individu, et la différenciation de l'autre.

Corps en Kit, numéro de la revue Quasimodo sur les modofications corporelles, par Philippe Liotard...

Site officiel de Fakir Musafar Attention ! Certaines images peuvent être choquantes !

Corps d'identité, article de Philippe Liotard, dans Le courrier de l'Unesco, juillet-aoùt 2001)

Interview d'Ann et Lucas Spira sur le site http://www.laspirale.org magasine en ligne consacré aux mutations et modifs corporelles (entre autre)

A lire également, l'imposante bibliographie (très accessible et passionnante) de l'anthropologue David LeBreton :

Corps et sociétés. Essai d'anthropologie et de sociologie du corps, Paris, Méridiens-Klincksieck, 1985 (épuisé).
Anthropologie du corps et modernité, PUF, 1990 (5e éditions 2001).
La sociologie du corps, Que sais je ?, PUF, 1992 (4e éd. corrigée 2002).
La chair à vif. Usages médicaux et mondains du corps humain, Métailié, 1993.
L'adieu au corps, Métailié, 1999.
Signes d'identité. Tatouages, piercings et autres marques corporelles, Métailié, 2002.


Dernière modif par le 6638j; modifié 5 fois
58 ans cherbourg 1409
ouais ben je ne suis pas moderne, karen...

j'ai du mal avec ces pratiques.

herk :cry:
R
48 ans ...in my mind.... 351
yep ! :D
Je connais (décidemment, chère Karen, que de points communs !)...Le Breton depuis longtemps, et les "modern primitives" via une première partie d'un concert de NIN racontée par des fans (The Downward Spiral Tour, il me semble).

*

La "désacralisation du corps" ne date pas d'aujourd'hui, ni même du XXème siècle. A partir du moment où les premiers medecins ont découpé des cadavres et exposé leurs viscères (au grand dam de l'Eglise catholique) au XVIème siècle, le corps est devenu un "objet", chargé de transporter l'âme, ou une simple machine (La Mettrie).

Avec les progrès de la science, et en particulier de la médecine, le corps s'est "fonctionnalisé", les parties sont devenus "remplaçables". L'ultime étape a peut-être été franchie avec l' I.R.M.…

En parallèle, le "désanchantement du monde" a fait que l'individu s'est trouvé face à lui-même, cherchant de nouvelles manières d'interpreter le monde, surinvestissant le corps, seule chose encore capable d'être "contrôlé" (bodybuilding, régimes, …) et inventant de nouveaux "rites" issus des sociétés tribales : piercing, tatoos, ce qui est flagrant
chez les "Modern Primitives" aux Etats-Unis.

L'expression "Modern Primitive" est revendiquée par le
Fakir depuis 1967. Il déclare à ce propos:" Nous avons employé le terme pour désigner une personne non tribale répondant à des besoins originels et faisant quelque chose avec son corps. ".

Ces "modern primitives" ne rejettent pas la modernité dans son ensemble, se qualifiant même de "technochamanes". Ils remettent en cause l'engourdissement psychique (psychic numb) de notre société ; pour y remédier, ses adeptes exécutent des rituels complètement décontextualisés puis recontextualisés.

(Note : il existe un caractère commercial et souvent lucratif de ces prestations : à Los Angeles le Fakir organise des ateliers de body piercing et de branding)
*
En France, on pourrait évoquer la démarche de Orlan, via la chirurgie esthétique.
D'ailleurs Taschen a publié un livre très pertinent sur notre époque :
http://www.orlan.net/
http://www.taschen.com.../lifestyle/all/facts/02999.htm
1870
Nul pratique d'un autre age !!!
Pourquoi pas se faire couper la verge en deux comme ca se fait dans des tribus !!!
48 ans 17521
tim a écrit:
Nul pratique d'un autre age !!!
Pourquoi pas se faire couper la verge en deux comme ca se fait dans des tribus !!!


ben ça se fait justement... mais personne n'oblige personne, hein ? c'est un choix volontaire...

très constructif, en tout cas, merci Tim... :roll:
58 ans cherbourg 1409
je vais essayer de développer aussi ma réponse.

il m'a semblé comprendre qu'ancestralement, ces pratiques répondaient à des rituels de méditation, dépassement de l'esprit sur le corps, et les personnes qui le pratiquaient étaient arrivées à un stade de réflexion très intense.

mais l'utilisation mercantile de ces pratiques me semble complètement hors sujet par rapport à la quête spirituelle de base.

et je ne parle pas ici du fait que ce n'est pas mon truc de voir des corps percés , contorsionnés, étirés, abimés.

et enfin, chacun est libre de faire ce qu'il veut avec son corps, du moment qu'il ne nuit pas à son prochain.
48 ans 17521
magasa a écrit:
je vais essayer de développer aussi ma réponse.

il m'a semblé comprendre qu'ancestralement, ces pratiques répondaient à des rituels de méditation, dépassement de l'esprit sur le corps, et les personnes qui le pratiquaient étaient arrivées à un stade de réflexion très intense.

mais l'utilisation mercantile de ces pratiques me semble complètement hors sujet par rapport à la quête spirituelle de base.

et je ne parle pas ici du fait que ce n'est pas mon truc de voir des corps percés , contorsionnés, étirés, abimés.

et enfin, chacun est libre de faire ce qu'il veut avec son corps, du moment qu'il ne nuit pas à son prochain.


je comprends ce que tu veux dire, magasa, mais les primitifs modèrnes sont un courant la spiritualité et la recherche des limites de soi et de son corps sont d'une importance primordiale... je ne parle pas de la minette de 15 ans qui veut un papillon sur l'épaule gauche parce que ça sera joli à la plage, ni des ados qui s'automutilent pour exprimer un mal-être...

il s'agit là de personnes qui ont une démarche se ratachant aux pratiques tribales d'initiation, arguant justement le fait que dans notre société occidentale, nous n'avons plus de rites de passage entre l'état d'enface à adolescence, adolescence à âge adulte, de petite fille à femme nubile, puis femme mariée...

le fait est que les limites sont floues pour tout le monde, et ce qui engendre pas mal de soucis à nos ados : le passage à lâge adulte, c'est quand ? quand on a le bac ? quand on atteind la majorité légale ? quand on s'assume finanicèrement ? quand les études sont finies ? quand on quitte le domicile familial ? quand on fonde soi-même une famille ?

des personnes ont éprouvé le besoin de se fixer elles-même des paliers à franchir, exprimés dans la connaissance de sa propre spiritualité, et mise en témoignage par des marques corporelles qui sont une façon d'afficher son évolution aux yeux de la société ou du groupe auquelles elles appartiennent, une façon aussi pour soit-même de fermer la porte, de se dire "je suis passé au niveau supérieur" et de ne pas revenir en arrière...

a*il ne s'agit pas là de considérations esthétiques ou liées aux "contraintes" de la mode... on se place là en dehors du débat "pour ou contre les tatouages parce que c'est beau, c'est pas beau, c'est un suicide social..." ;)

enfin, j'essayais d'en montrer un autre versant, pas forcement le plus connu, mais pas forcement le moins noble...

personnellement c'est une démarche qui me touche dans le sens où oui, je suis percée ( moins qu'à une époque cependant) et je suis (très) tatouée, et que les tatouages m'ont, moi, permi de dépasser mon plus gros soucis existenciel : en me faisant tatouer pour la première fois à l'âge de 23 ans, alors que j'étais encore étudiante, mais plus chez ma mère, en couple mais pas mariée, parfois dans le monde professionnel, parfois non, majeure offiellement mais encore en construction, donc sans savoir comment me positionner au sein de notre société, je suis donc passée, en me faisant tatouer, du statut de "grosse" à celui de "tatouée"... même si aux yeux des gens ça ne changeait rien puisque le tatouage était caché (comme tous les autres qui ont suivi), en tout cas j'ai franchi personnellement une étape, mentalement, qui m'a permi de me révéler et de m'épanouir...

je ne sais pas quand je suis devenue une femme (permières rêgles ? premier rapport ? premier orgasme ? vie de couple ? pacs ?), je ne sais pas quand je suis devenue adulte (18 ans ? fin des études ? premier emploi ? indépendance financière ?), mais je sais que j'ai cessé d'être "grosse" le jour où je suis devenue, de ma propre volonté, "tatouée".... j'ai franchi une étape cruciale pour moi en dépassant les limites de mon corps, en me faisant un magnifique cadeau...

attention, je ne dis pas que la solution pour se sentir bien, c'est de se faire tatouer, attention, j'ai jamais dis ça !!! mais ça a été mon déclic, ma solution, mon cadeau, et mon éveil à ma propre existence...

Dernière modif par le 6637j; modifié 1 fois
58 ans cherbourg 1409
karen c'est intéressant, mais très compliqué. je comprends bien la démarche intellectuelle du truc. revenir aux sources pour mieux se connaître et faire preuve d'une très grande maîtrise de son corps.
je pense à l'instant aux moines boudhistes.
on est un peu dans cette idée aussi.
1870
karen a écrit:
tim a écrit:
Nul pratique d'un autre age !!!
Pourquoi pas se faire couper la verge en deux comme ca se fait dans des tribus !!!


ben ça se fait justement... mais personne n'oblige personne, hein ? c'est un choix volontaire...

très constructif, en tout cas, merci Tim... :roll:


Excuse moi je en suis qu'un pauvre militaire avec pas beaucoup de language car je eme suis arreté tres tot a l'ecole . Encore désolé vraiment :x
41 ans Une bibliothèque j'espère, sinon ma thèse ne finira jamais... 2848
tim a écrit:

Excuse moi je en suis qu'un pauvre militaire avec pas beaucoup de language car je eme suis arreté tres tot a l'ecole . Encore désolé vraiment :x


Pas la peine de répondre comme cela hin... Surtout que cela n'a rien à voir, je ne crois pas avoir lu que Karen critiquait en rien ta culture ou ton métier :roll:

Elle a juste estimé que répondre à son post par un "Nul! Pratique d'un autre âge" sans plus de justification était un peu court et médiocrement constructif.
Je suis d'ailleurs d'accord avec elle. :)
48 ans 17521
tim a écrit:
karen a écrit:
tim a écrit:
Nul pratique d'un autre age !!!
Pourquoi pas se faire couper la verge en deux comme ca se fait dans des tribus !!!


ben ça se fait justement... mais personne n'oblige personne, hein ? c'est un choix volontaire...

très constructif, en tout cas, merci Tim... :roll:


Excuse moi je en suis qu'un pauvre militaire avec pas beaucoup de language car je eme suis arreté tres tot a l'ecole . Encore désolé vraiment :x


oh la la ! :roll: mais enfin... non, tim... c'est pas du tout ce que j'ai voulu dire, tu sais bien... non, j'ai juste été étonnée de ta réponse, parce que de ta part, justement, toi qui as un super tatouage qui te tient tout le dos, je m'attendais pas à ce genre de réponse... :roll: ça m'a étonnée, et je l'ai exprimé d'une manière un peu maladroite, sans doute, excuse-moi si je t'ai blessé... et puis que tu sois militaire, routier, commerçant ou pape, j'en ai rien à faire ! je suis pas du genre à juger les gens sur leur origines, leur métier ou leur "niveau culturel"... m'enfin... :roll:

donc éventuellement, si tu repasses sur ce post, peux-tu m'expliquer ta réaction un peu plus en détail ? je me doute que ce genre de sujet ne fait pas l'unanimité, mais justement c'est ce qui est interessant, pour peu que chacun explique un peu son opinion... non ? :kiss:
1870
J'ai lu ton mp avant de lire ca , alors ma reponse est dans le mp de retour . Voila kissu
41 ans 3935
J'en discutais l'autre jour avec mon rédac chef qui me disait qu'il ne comprenait pas vraiment qu'on perpétue encore les acte tels que le piercing et le tatouage dans nos sociétés modernes, qu'il aimait beaucoup les tatouages rituels des maoris par exemple, mais que chez nous tout cela n'avait plus aucune signification. Je lui expliquait justement ce principe du rite de passage, ce manque de repères dans nos sociétés modernes. Je ne suis pas très renseignée sur le sujet (l'aspect sociologique de la chose j'entends), ça fait quelques temps que je me dis que je devrais me documenter.

Karen, tu cite Luka Spira, j'aime beaucoup son travail et j'aimerais vraiment réaliser une performance avec lui un jour.

Pour ceux que cela intéresse il y un site très complet (le plus complet sans doute) sur les modifications corporelles, il s'agit de BME (Body Modification Ezine), qui possède entre autres une section "hard" dédiées aux modifications plus poussées, plus extrêmes diront certains: scarification, branding mais aussi suspension, brûlure chimique, amputation et même nullification (retrait de tout ou partie des organes génitaux).
Le site possède aussi une section réservée aux membres actifs, accessible également moyennant finances (pas grand chose), j'y suis depuis des années et j'ai l'occasion de rencontrer, même si cela ne reste que virtuel, beaucoup de gens imprégnés de cette culture (contre culture, sous culture, à définir...). C'est une communauté très riche, très active, tous recherchent plus ou moins la même chose, tous pourcuivent le même but: se réaproprier leur corps et revendiquer le droit d'en disposer, et donc de le modifier, comme bon leur semble. Je vous donne l'adresse, certains membres acceptent les visiteurs externes (ce n'est pas mon cas): IAM
B I U