Natachapy, j'ai lu les 4 pages et je t'envoie déjà tout mon soutien.
Je ne vais parler que de mon expérience car j'ai été confronté à l'ASE mais pas en tant que parent... en tant qu'enfant.
J'avais 12 ans, et j'ai été placé par l'ASE dans une famille d'accueil. Mon père buvait depuis des années et il a frappait ma mère qui a finit à l'hôpital à plusieurs reprises. Ma mère avait un long passif de dépressive (dont plusieurs tentatives de suicide)
Je ne sais pas si un signalement a été fait ou si mes parents ont fait appel eux même à l'ASE (je ne l'ai jamais su et je ne leur ai pas demandé).
Un éducateur nous a suivi (j'ai un frère qui avait 17 ans à l'époque) pendant plusieurs mois et un placement a été décidé pour moi et mon frère est parti en foyer de jeune travailleur.
Mon père a arrêté de boire lorsqu'il a été confronté à sa solitude et ça l'a fait réagir. Il s'est fait soigné.
Ma mère a suivi une psychothérapie également.
ça a été dur pour eux de se soigner, d'être privé de leur enfant et pour moi également mais ce placement a duré 5 mois.
Ce dont je me rappelle c'est que j'ai vu une pédopsychiatre plusieurs fois pour vérifier comment j'allais et comment je vivais tout ça.
Si j'étais prête à revenir à la maison dans l'éventualité où mes parents iraient mieux.
Et quand tout a été réuni, je suis revenue chez mes parents.
Pourquoi je te raconte ça ? pour te dire que ça ne se finit par forcément mal quand l'ASE s'en mêle. Je comprends que tu le vis comme une injustice et que toi tu as besoin de tes enfants.
Mais l'ASE n'est pas là pour te détruire ou te faire du mal, simplement, ils ne sont pas là pour les parents mais pour les enfants.
J'en ai aussi voulu à l'ASE car ils sont venus me chercher la veille de mes 13 ans ! J'ai dû fêter mon anniversaire dans une famille inconnue avec des étrangers. Je l'ai très mal vécu et j'ai trouvé ça injuste. Ils auraient pu me laisser une journée de plus avec mes parents, je ne comprenais pas leur décision.
C'est mon homme qui récemment m'a dit "mais ils ont jugé que la situation, que tes parents étaient un danger pour toi et donc, un jour de plus c'était un risque qu'il t'arrive quelque chose de grave"
Je le comprends aujourd'hui avec le recul. Et ils avaient raison, aussi difficile que ce soit à admettre, c'était dangereux pour moi physiquement (mon père ne m'a jamais frappé mais avait déjà menacé mon frère plusieurs fois devant moi. Qui sait ce qui ce serait passé plus tard quand mon frère serait parti vivre ailleurs ?) et psychologiquement (voir ma mère se faire taper dessus est encore un souvenir douloureux qui même si je m'en suis bien sortie aurait pu avoir plus de répercussions sur mon estime de moi et sur ma personnalité).
Donc oui, ils ont eu raison de me placer. Je ne dis que c'est quelque chose qu'on vit avec le sourire. C'est une période de mon enfance que je déteste mais elle a été nécessaire pour mes parents.
Mon père dit lui même que si nous n'étions pas parti, peut être qu'il n'aurait pas eu le déclic pour se soigner...
Je n'aurai jamais demandé à être placé de moi même, j'aime mes parents et en tant qu'enfant, il ne m'aurait pas été possible de voir que c'était nécessaire et vital pour mon bien. Mes parents non plus.
je m'arrête là mais j'espère que mon histoire t'aidera.
Ce que je veux dire, c'est que je ne jugerai pas ta situation car c'est toujours plus compliqué que la partie immergée de l'iceberg.
Mais qu'avant de pouvoir prendre soin de ses enfants, il faut d'abord être bien avec soi pour leur offrir le meilleur.
Je t'envoie tout mon courage pour affronter cette période difficile.